Oui, j’ai couché souvent par politesse, par lâcheté, par flemme

J’ai couché par politesse avec des hommes qui avaient pris la peine de me faire plaisir en m’offrant une belle soirée, un beau cadeau, en étant gentils, galants, attentionnés. Ils avaient fait ça dans ce but, et je le savais implicitement et ils savaient que je le savais, c’était un marché et ne pas en honorer les termes aurait fait de moi une imposteur (tiens, ça n’a pas de féminin !).
J’ai couché par lâcheté aussi, pour ne pas avoir à me battre si la pression devenait trop forte, ou risquer la violence, des coups, des insultes, quelque chose dont je ne serais pas sortie indemne.
J’ai couché bien souvent par flemme car dire non à son partenaire quand on n’en a pas envie est source de débats inépuisables, d’argumentations désagréables auxquelles on ne pense pas par ailleurs. Quand on se refuse à lui, l’homme se sent blessé dans son amour-propre de mâle et il est difficile de suturer cette blessure par des considérations ordinaires et légitimes comme une défaillance  d’hormones. Rejeter la « faute » sur la mécanique interne équivaut à reconnaître l’humiliation machiste de l’infériorité des femmes soumises à « ça ». Alors, il reste la fatigue, le mal de crâne, le mal au bide, les règles mais ça fait tellement cliché !
J’ai couché plus qu’à mon tour par habitude, parce que c’est samedi, parce qu’il fait froid/chaud, parce que les enfants sont en vacances, parce qu’il n’y a rien à la télé, parce qu’on a bu, parce que ça se fait…
Bien sûr, j’ai aussi refusé de coucher. Bien souvent. Plusieurs fois, ça m’a valu de me retrouver dans la nuit à la recherche d’un taxi, faisant du stop puis rentrant avec un livreur de lait. Ça m’a valu aussi quelque luttes physiques assez éprouvantes, des altercations usantes, des menaces pénibles, du mépris aussi. Parfois rien,  et au mieux, de la compréhension.
Vous pouvez me dire : t’avais qu’à pas aller avec tous ces hommes.
Je pourrais vous répondre : c’est d’un seul homme qu’il s’agit, le père de mes enfants, l’homme qui m’a choisie et qui m’aime. Un homme amoureux, jaloux, primaire, possessif et ardent.
Je pourrais ajouter qu’heureusement, la majorité des fois où j’ai couché avec un homme, c’était par pur plaisir.
Mais faut-il croire vraiment tout ce que racontent les femmes ?

Texte et peinture © dominique cozette

C’est pas parce qu’on a rien à dire qu’il faut fermer sa gueule #3

Thème du jour : le Travail, ou les mots pour le dire.
Les Inuits pour parler de neige disposent d’une centaine de mots qui la définissent précisément. C’est très utile, une neige molle, glacée, fraîche etc,  ne se vit pas de la même façon.
Nous, de même, quand nous parlons d’un chien, d’une voiture, d’une fleur, d’une danse, nous utilisons une gamme de vocabulaire étendue.
Par contre et en revanche, nous n’avons qu’un mot, et c’est certainement exprès, pour dire travail. Un mot. Quand on parle de rallonger la durée du travail, immanquablement tu as un cravateux goguenard qui affirme qu’il adooore travailler et qu’il veut bien le faire jusqu’à 80 ans alors de quoi se plaint-on. C’est probablement un genre de travail tout confort, chauffeur , beau bureau climatisé, fauteuil ergonomique, assistantes, matériel haut de gamme,  exécutants divers, salaires élevés, notes de frais ahurissants, avantages en nature, primes diverses, indemnités non imposées, déjeuners de prestige, valorisation sociale et j’en passe.
Contrairement au travailleur (car Monsieur Bien-Sapé n’est pas un travailleur, bizarrement) qui n’en peut plus de serrer des boulons, ou de vidanger de la merde, ou de vider des poulets, ou de pousser des wagonnets et ce, sous le contrôle d’un petit chef frustré/frustrant qui exige de la rentabilité, ne tolère aucune défaillance dans ses journées routinières, notre travailleur donc qui mange à même sa gamelle parce qu’il n’a pas les moyens de se payer un menu-jour  tous les jours, et entre deux et quatre heures de transport insupportable.
Quand j’entends dire que les Français ne travaillent pas assez (c’est une analyse erronée), je me demande :  Qui ne travaille pas assez ? Le type au marteau-piqueur, le producteur de films, l’infirmière, le conseiller ministériel, le journaliste, le marin pêcheur  ? Hein ? Qui ? Des noms !
Vous trouvez normal que dans la langue de Molière (comme on l’appelle) on manque tellement de talent qu’il a été impossible de créer des mots s’appliquant à différentes catégories de travail allant du plus pénible au plus épanouissant, du moins payé au plus rémunérateur, afin que quand on nous annonce qu’il faut que la France se remette au travail, on sache qui est visé  ? Le public, le privé, le manuel, le tertiaire, l’artistique ? Qui ?
Tout ça, c’est politique. On fourre tout dans le même sac, on mélange les torchons et les serviettes et, comme d’habitude, ce sont ceux qui n’ont pas la parole qui se sentent visés. Ceux qui décident du « travail », des « codes du travail », des « lois » du travail, eux, sont au-dessus de tout ça, même s’ils ne foutent rien, qu’ils passent leur temps à faire de la com et à donner des ordres.
Le travail pénible, dur, sale, blessant, épuisant, dangereux, humiliant, c’est comme le harcèlement, qu’il soit sexuel ou pas. Tant qu’il n’aura pas de nom, il n’existera pas, sera indéfendable, ingérable. Restera innommable donc.

Texte et peinture sur tôle © dominique cozette

 

C’est pas parce qu’on a rien à dire qu’il faut fermer sa gueule #2

Sujet : la dette et sa cavalerie.
La dette, la dette, la dette !!! On ne pense plus qu’à ça ! Même en regardant l’excellentissime « elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais … elle cause ! » d’Audiard, j’y ai pensé, à la dette. Et comment ! C’est un peu comme dans le film : plus on a besoin d’argent, plus on en emprunte, plus on en emprunte, plus on en a besoin, plus on en a besoin, plus en emprunte, plus on en emprunte, plus on en a besoin , plus on en a besoin, plus en emprunte, plus on en emprunte, plus on en a besoin,… Oui c’est facile avec les outils Word…

Dans le film, c’est une femme de ménage futée, Annie Girardot dans toute sa splendeur, qui bosse chez trois chelous qui ont chacun un terrible secret. Blier, Le premier, est caissier dans une grosse banque et il pique dans la caisse pour satisfaire à ses envies libidineuses, d’un niveau, chers amis !!! Il en est même obligé de tuer le collègue témoin et de l’enterrer dans son jardin. Mireille Darc, so glamour, s’apprête à être la femme d’un ministre haut placé mais … son passé de pute risque de faite tache. Sim, le dernier, est un cureton ami de louveteaux mais qui se travestit en libellule dans de louches cabarets nocturnes pour amasser du blé. Annie va s’arranger pour que tous trois deviennent à la fois maîtres-chanteurs et victimes, ce qui fait que l’argent de A passe à B puis à C et recommence, la machine s’emballe de plus en pus vite. Jusqu’à ce qu’un accessoiriste un peu bourré (le vin n’était pas oublié sur les tournages d’Audiard) oublie un jour de disposer les faux biftons dans la paquet et que le comédien découvre avec stupeur qu’il s’agit de papier journal. Audiard exploite le filon et lui fait dire : oui, c’est comme ça qu’on paie maintenant ! Répété par chacune des victimes rançonnées. Donc les rectangles de papier journal, devenus monnaies d’échange (comme notre fric virtuel) se mettent à tourner, de plus en plus frénétiquement…

Vraiment un jeu de con. Comme la dette dont on peut espérer qu’elle prendra fin très vite. Quand le Grand Réalisateur du Monde fera dire à l’un de ses piégés en tapant sur la table : j’arrête votre jeu à la con ! M’faites tous chier ! A partir de dorénavant, vous n’aurez plus rien ! Mais ce qui s’appelle rien de rien ! Pas un kopek ! Pas un centime ! Pas un euro ! Que dalle ! Et si vous êtes pas contents, c’est le même prix ! Et vous savez quoi, cher banquier de mes deux : je vous emmerde. Je vous emmerde abondamment, copieusement, exagérément, énormément, sans limites, sans vergogne, sans regret et profondément ! Et encore, je pèse mes mots !

Espérons-le, on ne sait jamais. On a les Economistes Atterrés, on a Roosevelt 2012, on a les Indignés et tous les énervés ordinaires, moi je vous le dit : on ne sait jamais.

Texte et dessin © dominique cozette

C’est pas parce qu’on a rien à dire qu’il faut fermer sa gueule #1

Célèbre phrase d’Audiard, Michel, reprise par l’obscur réalisateur Jacques Besnard pour faire son fil éponyme en 1975 d’une haute teneur intellectuelle et philosophique avec, pour héros, Max et Riton, minables escrocs, et pour vedettes Lhermitte, Jugnot et Clavier (et aussi un certain Bob Asklof, ex-chanteur bellâtre suédois dont j’avais affiché le portrait dans ma chambre en 1963). Très drôle peut-être, je ne sais pas.

Comme vous le subodorez, cette  rubrique sera uniquement dédiée à tous ceux qui estiment que ça mange pas de pain de lire des conneries, surtout celles dont on n’a rien à foutre. Quoique.

Aujourd’hui : la pensée américaine.
Atttttention, la pensée américaine, sujet très sérieux.

C’est dans les films US en VF — que je ne regarde que par erreur, mais aussi dans les interviews et commentaires doublés en français qu’on repère immédiatement qu’elle n’est pas comme la nôtre, la pensée américaine. Car traduite pratiquement mot à mot, elle ne ressemble pas aux valeurs intellectuelles dont on a sucé le lait. L’expression qui m’a fait tilter ce matin se trouve dans une interview d’une lutteuse devenue comédienne : « Quand Soderbergh m’a appelée, je ne savais même pas qui il était. Je ne suis pas une de ces personnes qui restent dans la salle jusqu’au générique de fin ».

Ben moi, je ne suis pas une de ces personnes qui gobent tout dans réfléchir et il se trouve que cette expression et ses variantes (je ne suis pas le genre de types qui défouraillent sans s’excuser, je ne fais pas partie de ces femmes qui avortent toutes les cinq minutes…) est ultra-clivante, voire dichotomisante : dans la vie, il y a deux sortes de gens, ceux qui baisent et ceux qui se font baiser (sous-entendu : devinez où je me place ?). Autres propositions clivantes : voir Google ici.

C’est donc toujours moralisateur, restrictif ou communautariste, la personne qui émet la chose se situant of course dans la bonne catégorie. Donc dire Je ne suis pas une de ces personnes qui restent dans la salle jusqu’au générique de fin sous-entend que ces personnes aïe aë aïe, ce que c’est craignos que de regarder qui a coaché les crapauds du lac, quel stagiaire a véhiculé les comédiens, quelle équipe a réalisé la patine, quelle société de cantine a nourri tout ce monde, quelle assurance la prod a choisi pour couvrir les weather days et quel couturier a fabriqué les hardes de mademoiselle truc. Je m’en tape mais à un point…Qui ça peut intéresser ?

Ça peut vouloir signifier aussi Je ne suis pas une de ces personnes qui restent dans la salle jusqu’au générique de fin parce que moi, vous comprenez bien que j’ai vraiment beaucoup de choses à faire, les enfants, les animaux, les courses, mon entraînement, le temps passe tellement vite que si on commence à mal le gérer, on peut dire adieu au reste…

Ou encore : je ne comprends pas pourquoi des tas de gens regardent les génériques, quelqu’un peut-il m’expliquer (très américain aussi, ça) pourquoi il faudrait attendre la fin de ce déroulant ?

FIN
Un article de Dominique Cozette.
d’après un papier des Inrockuptibles peut-être, faut voir
tapé sur ordinateur Mac Book Pro 15 pouces
blog sur Worpress, mis en place par Factor-i
etc etc
car je ne suis pas ce genre de personne à vous emmerder avec le générique de tout ce qui par quoi ça a été possible et les mercis et les blablas.

Texte et peinture © dominique cozette

La dette, quelle dette ?

Hier, je suis sorti avec ma dernière conquête dans un somptueux restaurant d’un quartier chic de vieux réacs, pour dire comme c’était calme, dont on m’avait affirmé qu’on y dînait gratuitement. C’est pas que je sois radin mais j’aime pas dépenser pour un résultat aléatoire. Un valet gare mon véhicule tandis qu’une sorte de laquais nous installe à une table aux dimensions confortables. Il nous donne la carte : pas de prix sur celle de ma (future ?) prise, et une petite phrase en tête de la mienne : « Ce repas vous est offert votre grand-père ». Ce n’est pas précisé lequel mais j’ai ma petite idée.
Donc, sans vouloir forcément pousser le bouchon, nous choisissons le menu gastronomique en même temps qu’astronomique, arrosé des vins  fins du siècle dernier, sélectionnés par le sommelier.
Nous passons là trois heures merveilleuses.
Au moment de me lever, je suis arrêté dans mon élan par le chef de salle, avec classe certes. Il me dépose un coffret en cuir qui contient … la note. Là, je fronce les sourcils
– mais, je ne comprends pas, je croyais que ma note était réglée par mon grand-père !
– Tout à fait Monsieur (il s’incline. Je me dis ouf). Mais ceci est la note que vous devez régler pour votre petit-fils.

Cette anecdote pour parler de la dette. La fameuse dette ! On nous dit qu’elle sera payée par nos petits-enfants.  Mais comment vont-ils faire, nos pauvres  petits-enfants  ? Hé bien, ils la refileront  à leurs petits-enfants… Ainsi va le monde.

Texte et dessin © dominique cozette

Lippue-tirée ou nature ?

Vu comme tout le monde le palmarès de Cannes et l’émouvante artiste qu’est Emmanuelle Riva dans sa belle vérité de femme qui vieillit.
Quand on voit nos actrices préférées comme Nathalie Baye qui ont sacrifié au rituel de la bouche canardée, on se pose de multiples questions : Est-ce pour avoir l’air plus jeune ? Là, c’est totalement raté tellement le botox est le contraire de la fraîcheur. Est-ce pour être plus belle ? Là, c’est encore totalement raté tant cette bouche sans ourlet gracieux c’est vilain (petit canard). Est-ce pour mieux siffler sur la colline ? Là, c’est toujours totalement raté vu qu’on n’a jamais entendu une paire de strasbourg aplaties produire la moindre musique. Est-ce pour enrichir son chirurgien plastique ? Là, c’est totalement réussi, mais après tout, l’homme de science aux doigts d’or le vaut bien.
Les hommes peuvent rire en se disant, bon, nous ça va, on ne fait pas ça. Le drame des hommes « vieillissants » qui veulent paraître au mieux de leur trentaine insolente vingt ou trente ans après, c’est qu’il n’existe pas (ou très peu au vu de ce que je me lamente de voir chaque jour au poste) de teintures qui font naturel. D’un seul coup, tu vois un type, qui était gentiment  grisonnant, enserré dans un casque noir de jais, ou auburn de folie sans aucune nuance. Cette manie ridicule a gagné les medias et la politique à une vitesse désespérante — je m’interroge sur le côté normal de la chevelure de notre nouveau président — et je ne comprends pas comment la dame ou le compagnon de ces messieurs, leur coach, leur petite soeur, leur meilleur ennemi ne leur dit pas halte à tout. (Ceci sans parler des moumoutes turgescentes et des champs de poireaux.)
Et alors ! devriez-vous me rétorquer,  qu’est-ce que ça peut te faire ?
Ben rien, finalement.C’était pour causer.

Texte et peinture © dominique cozette

Le courrier aussi, c’était chronophage

Foin des rengaines sur la chronophagie de l’écran, des mails, blogs, réseaux sociaux, consoles, wii et autres virtualités ! J’en connais qui ont perdu un  temps fou à écrire des lettres, chercher des mots dans le dico, mordre leur porte-plume, regarder le ciel pour voir si l’inspiration y passait, raturer, recommencer puis chiffonner la page, en faire une boule et viser la corbeille. Des heures ! Et souvent pour ne pas envoyer la lettre. (L’avantage pour certains fut de publier leur correspondance, genre comment rentabiliser une activité stérile et solitaire.)
Ne rien faire d’intelligent, d’utile ou de rentable était aussi chronophage, jadis, quand nous n’avions pas tous ces joujoux. On pouvait passer un temps fou à tricoter d’affreux cache-nezpour ses proches en écoutant la famille Duraton. A faire reluise sa bagnole à la nénette — une des activités dominicales préférées des banlieusards de jadis.  A s’asseoir sur le muret des places publiques pour siffler les rares filles qui passaient par là. A collectionner les timbres, les buvards, les porte-clés. A traîner boulevard Saint Michel pour draguer les étudiant(e)s. A écouter en boucle un 45 tours de Herman Hermit, au hasard « no milk today »,  en se tortillant devant sa glace. A se lamenter des heures durant en fumant des clopes, en pressant ses points noirs ou en coupant ses pointes de cheveux.
Aujourd’hui, il n’y a plus d’interstice pour l’ennui. Hors les activités normales, tout est occupé par quelque chose d’allumé. Les enfants ont le cerveau bourré à craquer de sollicitations permanentes. A peine sur leurs guibolles, ils savent ouvrir l’iphone de leurs parents pour y retrouver leurs apps, cliquer sur la zapette de la télé pour regarder leurs programmes, et manier leurs mini-ordis en plastoc  et tous autres jeux hyper techno achetés à la Grande Récré pour faire de la musique, produire des flashes, des chocs, des étincelles, des sons…
Alors ?
Alors rien. C’est comme ça et si t’es pas content, retourne au vingtième siècle.

Texte et dessin © dominique cozette

Pub Chrome : vos enfants vous tueront un jour…

Cher papa, cher con de papa,
ton intention n’était pas méchante mais simplement tu n’as pas réfléchi.  Toi qui montais sur tes grands chevaux du temps de facebook parce que tu craignais pour ta vie privée, tu n’as pas hésité à tenir mon petit journal sur Internet, photo et tout, dès ma naissance.
Tu vas me dire que cette pub (Chrome ?)* était tellement craquante que … tu as craqué, le résultat est là : je suis fichée (donc fichue) sur tous les listings possibles et imaginables. C’est l’enfer. Ils savent tout de moi depuis toujours, mes goûts, mes aptitudes, mes faiblesses psychologiques, mes pathologies, mes tics, mon éthique, mes styles de vêtements, de films, d’entertainement… Ils ont déjà tracé mon avenir, je sais que je serai en couple de 25 à 41 ans, puis de 58 à 87 ans, âge à partir duquel j’affronterai mon veuvage et ma décrépitude. J’aurai un gosse à 45 ans, seule, je me ferai tout refaire l’année suivante.
Mon intellect me portera vers les études de socio ou d’éthnologie.
Le pire, c’est qu’ils ont déterminé avec une prétendue marge d’erreur de 5% mon partenaire idéal. Mon partenaire idéal existe en 490 786 modèles pratiquement identiques de par le monde. De vrais clones qui me bombardent de leur ondes à longueur de temps pour entrer en contact avec moi.
Très cher con de papa, cette lettre que je dépose sous ta porte pour éviter l’ébruitement, est un adieu. Je pars, je vais tout changer, tout brouiller, je ne peux pas te faire confiance, tu le comprends aisément.
Je vais vivre quelque chose de formidable : l’aventure de ma vie. Avec des rencontres improbables, un itinéraire incompréhensible. J’aurai des compagnons imprévisibles, des amis incohérents et des grossesses irraisonnées.
Je ferai le deuil de mes premières années avec toi (et maman) et irai, à ton insu, te regarder vivre sur tes stupides réseaux. Je t’enverrai peut-être un signe, je ne sais pas. Je t’embrasse néanmoins et te dis bonne route pour la suite de ta vie. Fais-en bon usage et, c’est une supplique, laisse ton dernier bébé en dehors de tout ça…
ta grande fille.

*(Nouvelle pub pour le navigateur de Chrome qui met en scène de nombreux outils de Google dans une histoire d’un père qui écrit et communique avec sa fille par mail depuis sa naissance.L’histoire est bien faite et tout cela pourrait être vrai. « Créez un compte mail sur Gmail pour votre enfant et déposez tous les jours, toutes les semaines ou tous les mois un mail, des photos, des vidéos. » )

Texte et illustration © dominique cozette

J’suis pas ta bonne. Ou alors, tu me paies !

Et la réciproque est vraie, non mais ! Les études le montrent, les statistiques le démontrent et, même si autour de vous ce sont les mecs qui font les courses, la bouffe et qui changent le môme, le quota de couples où règne la parité ménagère est loin d’être atteint, mais alors, très très loin. L’an dernier, on avait calculé qu’au rythme où ça va, il faudrait 400 ans pour que la balance s’équilibre. Et dans 400 ans, ma brav’dame, soit on aura un petit esclave robot, soit nous serons troglodytes tricéphales, victime d’explosions diverses et on n’aura plus rien à récurer ! Et plus rien à cirer non plus.
Alors j’ai pensé à une chose qui n’est pas plus bête qu’une autre : payez votre femme (ou votre mari) au tarif syndical, selon le nombre d’heures travaillées, avec le chèque emploi service. Que des avantages :
– votre femme (mari) est plus riche et son travail à la maison est reconnu.
– elle* accumule des points retraite comme tout employé modèle.
– ses congés payés sont payés par vous. Evidemment, si vous la faites bosser durant cette période, payez-la en heures sup au black. Le mieux, c’est de bosser à sa place et de vous faire rémunérer selon le même protocole.
– si vous lui mettez la main aux fesses, elle ne vous traîne pas au tribunal comme le ferait un autre salarié, elle accepte même de coucher avec vous.
– Quant à vous, vous entrez dans une niche fiscale qui vous autorise à déduire 50% du salaire que vous lui versez sur vos impôts. C’est comme si vous la payiez moitié prix. A qui profite le crime ? A vous deux puisque c’est le contribuable qui raque (je vous rappelle que le contribuable c’est tout le monde puisque le principal impôt est, non pas notre petit impôt sur le revenu comme tout un chacun se plaît à l’imaginer mais la TVA).
En résumé, l’argent du ménage reste l’argent du ménage, même s’il change de mains, et en plus, tu paies moins d’impôts.
Le must, c’est que chacun s’octroie un salaire, la femme pour la garde des enfants, la lessive, les cours d’éducation sentimentale, le mari pour le bricolage, le jardinage, les cours de débrouille en milieu hostile, par exemple.
Ainsi la société française devient-elle exemplaire, le chômage tombe à 2%, le PIB s’accroît considérablement, le moral des ménages monte en flèche, on refait des bébés, la croissance repart à donf, on voit plein de petits plumeaux multicolores s’agiter aux fenêtres avec un grand sourire derrière.
Bref, que du bonheur !

*Mettez au masculin vous-même, et puis quoi ?

Texte et dessin © dominique cozette

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