Notre icône punkissime

Benoît Mouchart a fait un travail de fourmi pour ce livre qui recense tout l’œuvre de Brigitte Fontaine. Comme l’a dit Valerie Le Houx de Télérama : « Punk avant l’heure, pourfendeuse du patriarcat avant #MeToo, marraine d’une scène internationale, Brigitte Fontaine reste la plus subversive des artistes français. » Brigitte Fontaine, le livre, n’est pas la bio de Brigitte mais la dissection tendre et hyper précise de tous les disques, tous les arrangements, toutes les scènes, toutes les rencontres artistiques, tous les écrits, livres, romans, poésies et théâtre, chansons pour d’autres que l’artiste prolifique a commis depuis les années 60. Il a retrouvé des archives enfouies un peu partout car Brigitte Fontaine n’a pas suivi une autoroute, préférant les chemins de traverse les plus improbables. En fait, l’auteur a réalisé avec T. Bartel un documentaire sur elle, Brigitte Fontaine, reflets et crudités, ce qui lui a permis de la rencontrer il y a déjà quelques temps et de poursuivre avec elle une relation privilégiée sous le signe du champagne, ce qui explique les très nombreux verbatims, soit d’elle-même, soit d’Areski mais aussi de Jacques Higelin (disparu il y a deux ans), -M-, Jean-Claude Vannier et nombreux intervenants musiciens anglo-saxons. Ce travail me rappelle d’ailleurs le Gainsbook où sont décortiqués tous les travaux de Serge. C’est la même démarche, commentaires de l’intéressée en plus.
Pourquoi Brigitte, ce ludion effervescent un peu foufou n’est-elle pas plus populaire dans notre pays ? Parce que justement. Sa liberté de ton, son insoumission aux règles du showbiz, ses saillies lors des séances promo qu’elle abhorre et qui donnent d’elle une image d’ingérable. Ceux qui l’aiment au contraire, l’aiment pour cela, pour son talent non conformiste, son inspiration qui vole bien plus haut que les autres, son lexique plein de trésors inusités, son sens de la perfection, la sûreté de ses choix musicaux etc… Areski, son premier musicien, son alter ego, son accompagnateur bourré de génie, son mec, n’est pas pour rien dans l’œuvre de Brigitte Fontaine. Mais sachez quand même qu’elle a mis un temps fou à percer, qu’elle a préféré bouffer de la vache enragée que de faire n’importe quoi qui ne lui ressemblait pas, qu’elle a décliné de belles offres de majors, et que si ses albums sont unanimement appréciés des revues de presse, ses clips vus des centaines de milliers de fois, et les salles où elle passe bourrées à chaque fois, la plupart des radios se refusent à passer ses disques. Pourquoi ? Elle est trop crue ? On la dit folle ? On manque d’un peu d’audace ? Va savoir…
ALORS QU’au Japon, par exemple, c’est une vedette, les disquaires ont tous en stock ses disques qui sont classés dans les bacs… Brigitte Fontaine. Elle n’en est pas revenue lorsqu’elle a vu ça.
Dans ce livre sont amplement cités des extraits de ses œuvres, c’est superbe, c’est scotchant, c’est incroyable la poésie qu’ils dégagent. Actuellement, à plus de 80 ans, souffrant de fracture de vertèbres pour lesquelles elle a passé six mois à l’hosto et dont la souffrance ne s’atténuera jamais, elle a sorti encore un album, son 25 ou 30ème ! Et ne parlons pas des nombreux concerts où elle improvise avec toutes sortes de créateurs, des nombreux ouvrages, histoires et poésies parus et des pièces de théâtre écrites et jouées par elle. Car au début, elle voulait jouer la comédie.
Brigitte, fontaine de poésie, geyser d’émotions et d’éclats de rire, déluge de punchlines assassines, aime bien ajouter des petites touches rigolotes aux histoires trop tragiques. C’est une femme qui rit beaucoup malgré son fond douloureux. Mais comme elle dit « l’humour n’est pas la politesse du désespoir. Le désespoir n’a aucune politesse. Il est très grossier et il fait chier tout le monde. » Brigitte Fontaine, punk un jour, punk toujours.
Ici, interview de Benoît Mouchard avec Brigitte à Saint Louis en l’Ile. Et un deuxième qui explique aussi son parcours.
Et pour rire, interviewée par Raphaël Mizrahi.

Brigitte Fontaine par Benoît Mouchard, 2020 aux éditions Castor. 380 pages.

Texte © dominique cozette

Les Fessebouqueries #498


Entre « La salooooope !!! » et « le lâcher de salopes », il y a un monde (d’après ?) que l’humour va avoir peine à franchir depuis que Guy-liguili-Bedos a pris ses RTT en camarde. Pourtant, rien ici non rien n’a changé comme chantait Jojo en Camargue, c’est le même monde en plus tapé quand même, les flics, les affaires, la pollution, les charrettes, les polémiques  mais bon dieu, qu’est-ce qu’on le kiffe ! A nous les terrasses et les parcs ! Lâcher de lions, de bêtes en ruts, de frustrés du p’tit noir  et de la chope hors de prix, du larbin revêche, des gambettes qui allument, du binge drinking à gogo, de la teuf à mourir etc… Ne manquez pas l’extra bonus ci-après sur Rara-Ou-oute, le doc aux longs tifs blancs, il vaut son pesant de chlochloètes ! Bon week-end, friends, qui allez foutre le bordel partout. Oui, oui, je vous vois !
– GB : “L’inverse de l’humour, ce n’est pas le sérieux, c’est la soumission.” (Guy Bedos)
– NR : Un lâcher de salopes, une déchirure anale et trois histoires de pets, et te voilà candidat à la Présidentielle. Fin de la blague…
– MK : Le slip de Jean-Marie Bigard : jaune devant, Macron derrière.
– SN : Jean-Marie Bigard intègre le conseil scientifique de l’Élysée.
– ER : Nous vivons tout de même dans un pays où il est conseillé de plutôt consulter un comique populiste qu’un prix Nobel d’économie (et française de surcroît)
– MK : Le monde d’après sera celui d’avant augmenté du Covid qu’on va nous faire payer très cher
– PR : On sent bien l’énervement des partisans de la vente absolument. Faut consommer. Faut que ça tourne et que ça dépote. Fais tourner. Donne moi l’argent tout de suite maintenant. Achète la camelote. Fais chauffer la CB. Faut que l’argent fluxe, comme le sang dans les tuyaux. Que ça gicle avant l’embolie.
– MK : Gestes barrière : la branlette peut reprendre, mais sans se toucher
– ES : Contre la pollution aux masques et gants jetables, il faudrait installer partout de nouveaux Covid-ordures.
– NP : Cher Cyril Hanaounaa, Camélia Jordan a joué dans onze films, elle a reçu le César du meilleur espoir féminin en 2018… Et toi tu as fait quoi ? À part chanter avec les frères Bogdanoff et verser des nouilles dans le slip de Mathieu Delormeau ?
– OM : Et dire que dans les livres d’Histoire de nos petits-enfants on pourra lire : « En mai 2020, la majorité gouvernementale s’affirme idéologiquement plus proche de Jean-Marie Bigard que de Camélia Jordana »…
– OVH : Pour protéger Camelia Jordana de toute violence policière, je propose une cagnotte Leetchi aux fins de lui offrir un Babyliss.
– VT : Je suis très sceptique moi aussi sur l’article de The Lancet. Comment une revue sans page Horoscope à la fin pourrait-elle être de qualité ? Je me le demande !
– AL : On est invités chez des amies de mon mec. On doit apporter un truc : végé, sans gluten, sans lactose, sans sucre, sans soja, sans alcool. Véridique. Je crois que je vais apporter une bouteille d’eau.
– TC : C’est paradoxal, maintenant je n’accepte plus que les appels masqués.
– PMC : Condamné pour harcèlement sexuel, le député Stéphane Trompille n’est pas exclu du groupe LREM. A partir de 15 condamnations pour harcèlement sexuel, tu as un blâme, et à partir de 30 blâmes tu peux être suspendu du groupe pour 24h.
– ES : Après ses coups de fil à Bigard, de Villiers et Zemmour, j’espère que Macron trouvera une place en réac !
– DA : —  Bon donc l’ambiance dans la salle était glaciale, y’avait plus que du pop-corn salé bizarre, le scénario était aussi chiant que la version de ma jeunesse et le son était franchement pourri.  —  Ah t’étais au cinéma ? —  Bah non ils sont toujours fermés, là je reviens de la messe.
– MK : Je viens de comprendre l’économie mixte : l’Etat paye et l’entreprise licencie.
– JT : Donne un bout de tissu à un homme, il fabriquera des masques chaque jour. Donne-lui des masques jetables, il les balancera par terre dans la rue comme un gros fdp.
– SF : Faire la queue à IKEA et croiser 1000 personnes, pas de problème. Dîner en couple au restaurant, interdit.
– AR : 2020, l’année où ma poubelle sera plus sortie que moi.
– HM : Agnès Buzyn is the New Manuel Valls.
– NP : Aujourd’hui ma fille est retournée à la maternelle pour la première fois depuis le début du confinement. J’ai pleuré pendant 30 minutes. De joie.
– CL :  Un chasseur a été condamné à un an de prison avec sursis pour avoir tué une femme.
 Il avait confondu le cerf avec une femme qui se trouvait tranquillement dans son jardin. 
Il faut dire que les cerfs ont l’habitude un peu débile de se poser dans un transat alors que c’est la saison de la chasse.
– JNP :  Aujourd’hui j’ai vu une femme dont les oreilles tatouées supportaient un masque, des lunettes de soleil, des écouteurs. et des boucles d’oreille. Les oreilles sont maintenant officiellement des sacs à main.
– CEMT : — En fait Donald, quand je t’ai dit d’arrêter Twitter pour te mettre enfin au boulot, je voulais pas dire arrêter TOUT Twitter par décret, juste fermer ton compte !  —  Oh…
– SDM : Ça y’est, j’ai battu le record du mec qui tape hydroxychloroquine avec un doigt le plus rapidement possible sur clavier Samsung mobile. Étude réalisée en double aveugle avec un groupe de doigts témoins.
– BR : LREM est plus efficace pour interdire la chloroquine que le glyphosate
– JPT : Trump, Johnson, Bolsonaro, Bigard… La France rejoint le concert des grandes nations.
– OVH : Ah ben, non, pas Guy Bedos ! juste après Dabadie, c’est une blague.
– MK : Ex-PS, le LaRem Collomb s’unit avec LR. Si dieu lui prête vie, il finira au FN !
– JPT : La vieillesse est un naufrage – et on a rarement un orchestre à bord.
– HM : J’ai tellement de boutons sur le front que le fantôme de Bruno Carette vient de me traiter de vermine communiste.
– PR : Lits : 0.  Masques : 0. Tests : 0.  Total : 100 milliards d’euros
– RR : Partez en vacances ! Achetez des voitures ! Manger bio ! Dépensez votre épargne ! Allez au restaurant ! Apparemment on préfère la nation dépensante à la nation pensante…
– NMB : L’avenir appartient à ceux qui zigzaguent dans le couloir deux heures avant le réveil avec les yeux à moitié ouverts pour aller remplir de croquettes la gamelle du chat.
– LCA : Si ça s’trouve Guy Bedos a fait exprès de mourir le même jour que Claude Goasguen, juste pour faire chier la droite une dernière fois.
– RP : Avant le confinement, l’industrie en Inde était en plein développement et soudain, bang ! La dèche !
– SF : Guy Bedos est parti. Les cons sont toujours là. Je suis choquée
– NP : Le bonheur c’est simple comme une copine qui retourne au bureau, une fille qui retourne à l’école et toi qui reste seul à la maison à travailler en écoutant de la surf music à fond.
– DE :  Je rentre de balade et suis fier de constater que ma ville est exemplaire en matière de prévention et protection de ses habitants : tous les trottoirs et espaces verts portent des masques.
– PD : Les violences policières, il est quand même nettement moins risqué de les commettre que de les dénoncer.
– EM : Suite à son excès de vitesse, Jean-Jacques Bourdin sera remplacé par Laurence Ferrari.
– NMB : J’espère que l’application STOP-COVID sera plus efficace contre le virus que l’autocollant STOP-PUB.
– JPT : C’est quoi cette manie des Noirs américains de glisser leur gorge sous le genou de policiers blancs ?
– RR : Je ne me rappelle même plus à qui j’ai fait la bise pour la dernière fois…
– A1 : Allez venez : on se prend un café, on se met autour d’une table et, calmement, on se met d’accord sur l’emploi de “rouvrir” ou de “réouvrir”.
– DA : Tout le monde a l’air tendu depuis le déconfinement. Étant contre toute forme de violence, je propose qu’on se gifle tous en pleine rue avec des saumons frais histoire de passer à autre chose dans la bonne humeur et en respectant les gestes barrière.
– JB : Le monde d’après va avoir un peu de retard, il est coincé dans les embouteillages sur le périph, et vous prie de bien vouloir l’excuser.

BONUS :
– JB : Vous connaissez ces films américains dans lesquels le père de famille se lève de bon matin, va faire un footing de 20 kilomètres tranquillement sur les bords de l’Hudson River, revient prendre une douche, prépare des pancakes au sirop d’érable avec des fraises fraîches pour ses enfants et sa femme, les réveille avec bonheur à l’aide d’une petite bataille d’oreillers, revêt un costume gris anthracite ajusté, boit un café serré en regardant la ville à ses pieds, embrasse sa famille et part travailler avant 8h afin d’éviter les embouteillages. Et bien ce matin, cet homme, c’était moi, mais j’avais un peu la flemme pour le bon matin, le footing, les pancakes, la bataille d’oreiller et tout le reste alors je me suis rendormi.

SUPER BONUS RAOULT:
– ES : Le professeur Raoult, il a un nom de saucisse allemande mais la vérité, c’est un vrai Marseillais comme on les aime. Le mec il a soigné 20 potes, il a récuré le nez à 3 clodos, et il a dit « fermez tous bien vos gueules, j’arrive ». D’abord, il est allé voir ses patients et il leur a dit « oh je vais te soigner mais j’te préviens ce que je vais te donner c’est paaaaaas illégaaaaal mais c’est pas non plus autoriséééé, t’es un bonhoooomme ou t’es pas un bonhoooooomme ? » Le mec en face, il a pété un câble, il lui a dit « j’suis un fada moi, tu me donne ta chloroquine, je la fume, avec tes antibios, ta mère et un verre de pastis ». Dix minutes après, le mec il avait plus mal à la gorge, il toussait plus et il chantait a tue tête « Paris Paris on t’enculeuuuuuuh »
Rémission totale.
Bon, mais le mec, attention, il a fait le truc sérieux tu vois, il a soigné comme ça vingt potes d’enfance, dans son hôpital à lui, il a demandé à ses collèguuues de la fac de médecine de faire les analyses et c’est Jean Claude Gaudin Himself qui a homologué le truc. Plus sérieux c’est pas possible.
Et après ça, il monte à Paris, il débarque chez BFM, il va voir la nana avec le prénom de cheval de course et il lui dit « La Covid, je lui ai niqué sa mère ». Là, t’as Appoline qui craque son slip. Il rajoute « la tête de ma mère, c’est plié » et il dit « maintenant, vous me cassez plus les couilles, je rentre chez moi, je vais soigner Marseille et vous vous vous démerdez, bande de cons vous m’avez saoulé ».
Là, t’as toutes les cagoles qui s’entassent faire la queue devant son hôpital, pour se faire dépister, avec le soutif sur la ganache en guise de masque. Et c’est la fête au coton tige ! une soirée, mon poto, jamais vu ça! finalement tout se tasse, le mec il retourne faire la recherche à la française, il cherche un peu, il trouve pas beaucoup, personne lui casse les couilles. Y a même Manu qui vient lui faire coucou, tout le monde se fait la bise et on en parle plus.
Franchement, si c’est pas la classe.

RAPPEL : Je collecte au long de la semaine les posts FB et les twitts d’actu qui m’ont fait rire. Les deux lettres sont les initiales des auteurs, ou les 2 premières lettres de leur pseudo. Illustration d’après photo web © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site et mon blog. Merci d’avance.

Un livre plein de science et de fiction

La Fracture est un épais roman, le cinquième livre de Nina Allan, dont une grosse bonne partie commence de façon classique : une jeune fille de 17 ans, Julie, disparaît. On est près de Manchester, en 1994. C’est sa soeur Serena, plus jeune de trois ans, qui nous raconte leur enfance leur entente / mésentente et qui parle beaucoup d’elle-même, ses amitiés bizarres avec un homme adulte dont la seule passion est la carpe koï aux couleurs incroyables qu’il collectionne dans son bassin. Des voyous vont les tuer et l’homme va se suicider. Serena et Julie décident qu’il est un alien. Tous les gens bizarres et inclassables sont des aliens. Serena raconte par le détail une somme d’événements qui leur sont arrivés avec, bien souvent, des descriptions techniques d’objets, d’animaux, et de comportements. Ce collectionneur de koï n’en est qu’un miscule exemple.
Les parents des filles se séparent car depuis la disparition, le père est devenu trop différent, collectant tout ce qu’il peut trouver sur les disparitions, les enquêtes, enquêtant lui-même, persuadé que leur fille est vivante. Il s’en rend malade et mourra de désespoir. La mère est une personne plutôt froide qui continue sa vie, comme si de rien n’était. Serena quant à elle, ne pourra jamais se fixer sur un projet ou un amour. Pour elle, tout peut disparaître du jour au lendemain sans sommation, sans raison. Bien que très intelligente, elle ne fera pas d’études et vivra de boulots sans intérêts. Elle aura quand même eu une histoire marquante avec un certain Johnny mais elle refusa de le suivre au Kuala Lumpur où sa carrière l’envoyait. Elle y pense souvent.
Puis un jour, Julie l’appelle au téléphone. C’est curieux, elle ne sait pas si elle doit s’en réjouir ou lui en vouloir. Julie ne lui raconte pas d’emblée ce qui lui est arrivé, pourquoi elle ne s’est pas manifestée plus tôt. Elle attend que Serena lui fasse confiance et l’assure de son affection pour lui révéler ce qu’elle a vécu. Une histoire à dormir debout sur une exoplanète où elle a tissé des liens. Elle en a rapporté un bijou dont la texture ne semble pas terrestre. On va en apprendre beaucoup sur cette période, comment on vit, ce qui est bien ou difficile… On va découvrir aussi la surprenante réaction de leur mère. Julie a mémorisé énormément d’éléments de sa vie d’ailleurs qui, au fond, se tiennent bien entre eux. On pourrait y adhérer. L’auteure parsème cette deuxième partie d’extraits de presse, de journaux intimes, de récits, de témoignages, de fiches techniques d’animaux inconnus, autant de pièces à conviction. Mais rien à faire, Serena ne mord pas. Pas complètement. Elle est comme moi, cartésienne, cherchant une explication plausible à tout ça, une preuve.
C’est sûr qu’on appréciera grandement ce roman si l’on est fan de science fiction, n’empêche qu’il est très prenant et la qualité de son écriture et de ses personnages nous procure un réel plaisir.

La Fracture de Nina Allan, 2017. 2019 aux éditions Tristram. Traduit de l’anglais par Bernard Sigaud. 410 pages.

Texte © dominique cozette

Les Fessebouqueries #497

Cette semaine, que s’est-il donc passé de si palpitant ? Le général Cluster a décidé que nous irions aux urnes planqués derrière nos masques à gaz buccaux, les joggers ont mis fin à leur exercice sur attestation, de Villiers va pouvoir rouvrir ( arrêtez de dire réouvrir, mais vous pouvez dire réouverture, oui, ça rappelle un peu la logique implacable du gouvernement) donc rouvrir son Puy du Dingue, ah pardon, je confonds avec un pognon de Fou, les plages sont actives car être allongé c’est trop propageant, de prestigieuses médailles  seront remises aux premières lignes et aux sans grades alors qu’Air France recevra juste de la banale oseille, le truc habituel, quoi, comme ce week-end entamé, promesse de barbeuque et petit rosé je vous dis ksa.
– MK : Donc on peut bouffer le corps du Christ à l’église mais pas un steak au resto…
– RC : C’est marrant, je poste des blagues sur Twitter, on me les vole pour les mettre sur Facebook et faire 1000 fois plus de like, et sur Instagram on me demande si je les ai plagiées… Le fabuleux cycle des fils de putes.
– FCM : Bon que pensez-vous si au lieu de donner les dividendes aux actionnaires on leur donnait des médailles …
– BR : Si j’ai bien compris, on perd 2 milliards d’euros par jour parce qu’on a économisé 10 millions d’euros sur des masques en 2017 et que l’État est incapable de mettre en route des tests fiables.
– OB : Une pensée pour tous les soignants qui vont devoir payer leur loyer avec une médaille.
– RR : J’ai le plaisir de vous annoncer que, contrairement au PIB de la France qui s’est effondré, mon Poids Intérieur Brut a augmenté.
– AR : Je ne comprends pas pourquoi l’Etat offre une aide de 7 milliards d’euros à Air France alors qu’il suffirait d’applaudir tous les soirs à 20 h. Ça a hyper bien marché pour le personnel soignant, non ?
– EP : À Bordeaux, ils ont le choix entre l’héritier de Juppé, un disciple de Macron, une pastèque de Jadot et… Poutou. Ce n’est plus une élection, c’est une invitation au suicide.
– ML : « Cluster » je ne supporte plus ce mot…ils ne peuvent pas parler en français Un nouveau « foyer » ce n’est pas difficile dire non?
– ES : De l’hydroxychloroquine en préventif : Trump a enfin fait son coming-Raoult !
– RC : Je suis dans le RER B et y’a un mec qui a fait tomber son masque par terre, qui l’a ramassé et qui l’a remis normal. J’ai l’impression d’avoir vu un gars capturer le Covid comme si c’était un Pokémon.
– JPT : Le Conseil d’État ordonne l’ouverture immédiate des lieux de culte. Quelqu’un peut-il me rappeler comment a démarré la pandémie dans le Grand-Est ?
– YP : Donald Trump prendrait de l’hydroxychloroquine. Nous lui souhaitons une prompte aggravation des effets secondaires.
– JH : Le gouvernement offre 7 milliards à Air France : Air France annonce un plan de licenciement. Le gouvernement offre 5 milliards à Renault : Renault envisage de fermer 4 sites en France. Par contre rétablir l’ISF c’est de la « démagogie » et rendre les masques gratuits « inutile ».
– MK : Précisons qu’en français, un « cluster » c’est un « réseau ». Par exemple, on ne dit pas : « Un cluster d’abrutis à la tête de l’Etat ». En ce cas on parle d’un réseau, voire d’un gouvernement. C’est compris ?
– AR : Les trois espèces vivantes les plus rapides au monde : — les Ninjas  — les guépards  — les seniors lorsqu’on annonce l’ouverture d’une caisse supplémentaire au supermarché.
– CC : Il fait une chaleur ici, j’ai l’impression d’être dans la poche du peignoir de DSK
– PI : Comment est-on passé de « il n’y a pas assez de masques » à « SVP ne jetez pas vos masques par terre » en 1 mois ? Réponse 1 : la société de consommation. Réponse 2 : les gens sont des gros débiles. Réponse 3 : les deux. Réponse 3 = correct.
– LB : Arrêtez de laisser la priorité aux piétons merde, c’est carrément pas écologique, vous savez combien ça coûte en emprunte carbone de relancer une tonne cinq à 100 km/h tout les 500 mètres ?
– LB : D’ailleurs, c’est « empreinte » carbone. Mais nous les gros con en gros 4×4, les règles d’orthographe c’est comme le code de la route, on se torche le cul avec.
– LY : Le déconfinement, il a fait disparaitre des joggeurs encore plus vite que Jonathann Daval.
– ES : Est-ce que Michel pique au lit ? (Pardon, c’est la fatigue)
– FB : C’est une blague, ces élections… à l’heure où on paye nos impôts par internet , on vote à The Voice par internet , … c’est quoi le truc ancestral d’aller faire la queue pour toucher un rideau dégueu dans une mairie bondée ??
– MA : Les pangolins transgéniqués qui nous dirigent ont décidé que c’était moins dangereux d’aller voter aux municipales que de poser ses fesses dans le sable ou sur la pelouse d’un parc. Masque obligatoire pour «miniser» les risques, dit Castaner. Misère…
–  CEMT : —  Monsieur le premier ministre, pourquoi votre barbe blanchit ?  —  C’est pas le sujet, pardon. —  Ok, alors pourquoi vous avez dit qu’on n’avait pas besoin de masques en mars ? —  Alors c’est une dépigmentation très rare qu’on appelle vitiligo…
– OB : Ce matin sur une plage, ma sœur garde sa petite fille qui fait des pâtés de sable. Au bout de 45 minutes debout, elle finit par s’asseoir. La police accourt pour lui intimer l’ordre de se relever ! L’épidémie de stupidité administrative n’est pas près de se terminer.
– NP : Si vous voulez une bonne adresse pour choper le coronavirus dans le 93 : à coté de chez moi il y a un salon à ongles où défile une bonne centaine de filles par jour, dont aucune n’a de masque, et dont la clim rejette l’air intérieur pile sur un arrêt de bus.
– VO : On les voit direct ceux qui ont des dents creuses, ils portent le masque sous le menton.
– CU : Aujourd’hui mon fils de 8 ans m’a demandé « Papa est-ce que parfois tu entends des voix? » Je suis resté un peu perplexe car j’ai pas d’enfants.
– MA : Second tour le 28 juin : scandale sanitaire. Second tour en janvier 2021 : scandale démocratique. C’est bon, l’opposition est prête. Où sont les micros ?
– NP : Sortir dans la rue sans précautions parce que l’épidémie tue moins c’est un peu comme sortir de la tranchée en plein jour en 1917 parce que « ça fait longtemps que la mitrailleuse d’en face n’a tué personne, si ça se trouve ils sont partis ».
– AN : Les hommes : ont littéralement des poils autour de la bouche. Les hommes aussi : je ne peux pas te faire un cuni si tu t’épiles pas.
– CEMT : « Et par mesure de sécurité sanitaire, seuls les bulletins LREM seront disponibles dans les bureaux de vote. »
– LY : Macron, il échange des SMS avec Philippe de Villiers, il passe 45 minutes au téléphone avec Eric Zemmour. A ce rythme, en 2022, c’est Marine Le Pen qui va appeler à voter contre lui pour faire barrage à l’extrême droite.
– LG : « il faut bien travailler au lycée pour que ton dossier finisse à la poubelle sur parcoursup »
– EB : On va pas se mentir, avec le masque chirurgical on se rend bien compte qu’on pue de la gueule.
– OB : Paris, cette ville incroyable où tu dois choisir entre acheter un kilo de cerises et payer ton loyer.
– NMB : Si on enlève l’épisode Covid, la crise économique à venir, les grèves contre la réforme des retraites et les soucis du quotidien, ça fait de 2020 une année assez ensoleillée quand même.
– DA : Force à tous les gens atteints d’une maladie des nerfs ! J’ai ressorti mon ventilateur que j’ai renommé Isabelle Huppert parce qu’il me refroidit illico, et je vais vivre avec lui une relation passionnée à moins d’un mètre jusqu’en septembre.
– CEMT : Les Français pendant les semaines de confinement : « On veut des masques, donnez-nous des masques, Macron des masques ! » Les Français, une semaine après le déconfinement : « Non, finalement, on porte pas de masques, ça nous va pas. »
– DSF : « Les élections municipales auront lieu dans des conditions de parfaite sécurité puisque nous faisons tout pour qu’elles aient lieu sans électeurs » .
– AR : Je voudrais rencontrer une fois dans ma vie un mec qui se battra pour moi de toutes ses forces, de toute son âme, avec ses tripes, juste pour ne pas me perdre. Un peu comme, récemment, ce vendeur de chez Télécom lorsque je lui ai annoncé que je voulais résilier mon abonnement.
– NP : Fermer les parcs mais remettre les gens dans le métro, interdire les festivals de musique mais rouvrir le Puy du Fou… Je commence à me demander si la stratégie du gouvernement ce n’est pas de prendre des décisions tellement stupides que le virus ne saura jamais où aller nous attendre.
– MK : Pas de festivals cet été mais réouverture du Puy-du-Fou. C’est fou, hein ?
– RC : J’imagine que ceux qui portent leur masque sur le menton mettent aussi leur préservatif sur les couilles.
– PR : Et c’est là que l’on se rend compte que tout le monde s’en fout du deuxième tour des municipales. Et toi, tu as réservé pour les vacances ?

RAPPEL : Je collecte au long de la semaine les posts FB et les twitts d’actu qui m’ont fait rire. Les deux lettres sont les initiales des auteurs, ou les 2 premières lettres de leur pseudo. Illustration d’après photo web © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site et mon blog. Merci d’avance.

Les Fessebouqueries #496

L’apéro !!! L’apéro !!! L’apéro!!! En fait, y a que ça de vrai, à condition que le verre ne  soit pas à moitié covid, car sinon, panpan cucul, non, je ne parle pas de notre incorrigible et lubrique VGE mais d’une menace de reconfinement dard-dard — VGE, sors de ce texte ! — donc gaffe au retour du maton, du papelard à remplir, tout ça. Heureusement, dans le besoin, on reconnaît toujours ses amis du gouvernement, la preuve : les médailles ! Quoi de plus chic, de plus indispensable, de plus précieux qu’une superbe médaille fichée sur le beau sein d’une soignante qui aura tout fait pour la mériter ? Cessons de ressasser nos soucis, tchin tchin et bon week-end hydro-alcoolique, dear friends !
– HD : Six Français sur 10 ne font plus confiance au gouvernement et les quatre autres sont en réanimation.
– KM  : « Le succès du déconfinement dépend de notre intelligence collective » —  Qu’est-ce qu’il dit ? —  Il dit qu’on va tous mourir.
– MK : Euh, s’il nous reste des stocks de farine, riz, pâtes et PQ, on peut rester confinés ?
– RO : Les gens qui roulent seuls en voiture avec un masque, ils dorment aussi seuls avec un préservatif ?
– RdB : En y réfléchissant, si au lieu du port du masque on avait imposé celui du sombrero, on aurait assuré à ce déconfinement la distanciation physique, la protection contre la pluie et un petit air festif.
– PI : Première règle : Ne jamais sous-estimer la capacité d’un français à se foutre du risque sanitaire quand il s’agit d’apéro avec des amis après deux mois d’isolement.
– CA : Donc ce matin, on peut prendre le RER B pour aller travailler mais les parcs sont fermés. On peut s’entasser sur la ligne 13 mais pas aller au cinéma. Le plaisir, la joie de vivre ne sont pas au programme du gouvernement… Infantilisés dans le confinement, nous voici maintenant punis.
– CEMT : Maintenant qu’on a vu les gens se ruer chez Zara le premier jour du déconfinement, je crois qu’on peut dire que le monde d’après n’est pas pour demain.
– PA : En fait, c’était « les masques gratuits sont inutiles ». En revanche, les masques payants sont indispensables. LREM décryptée.
– OM : Attention aux jugements hâtifs : les images de la ligne 13 bondée ce matin étaient liées à un retard. Or comme tout le monde le sait, ce genre d’incident n’arrive que très rarement dans le métro
– JL : Bon, OK, ce mardi, on remet les enfants à l’école. Mais est-ce qu’on est obligé d’aller les rechercher ?
– OVH : Ce matin dans les kiosques, Le Parisien offrait un masque jetable. J’attends avec impatience la sortie de Pif Gadget.
– CC : Mon père a profité de ces deux mois pour refaire le sol de la maison, la peinture, ma chambre, la déco… Heureusement qu’il n’est pas chirurgien, à l’heure qu’il est, il serait en train de refaire sa femme.
– JL : Dire qu’on mangeait le gâteau après que quelqu’un avait soufflé dessus !
– CC : Ce moment gênant où tu te rends compte que tu es plus séduisant avec un masque que sans.
– HD : Ce qui est drôle, c’est que les gens pensent qu’ils seront déconfinés à partir du 11 mai, non, on vous rouvre juste le chemin pour aller produire des richesses pour un patron et déposer votre gosse à l’école pour le surveiller en attendant la fin du travail fourni.
– KM : Le masque en tissu que j’ai acheté est tellement immense pour ma petite tête que je me demande si on m’a pas refourgué le slip de Gros Dégueulasse.
– OV : Je me demande combien d’entre vous sont en train de refaire leur CV parce qu’ils se sont aperçus qu’en fait ils détestaient leur travail et qu’ils ne supportent pas l’idée d’y retourner.
– MK : Déchéance sexuelle, Giscard en fin de vit
– HD : Thème et proverbe du jour : Si en mai tu fais la queue chez Zara, en juin tu feras la queue en réa…
– CL : L’Académie française ayant proposé de traduire « follower » par « acolyte des illustres », un ami a proposé de remplacer « troll » par « farfadet de la dialectique ». Je propose un concours de pastiches, dans lequel chacun traduirait un mot du langage web/jeune de cette manière.
– OB : Si ça se trouve, ça fait deux mois que Xavier Dupont de Ligonnès va à Shopi au calme avec un masque.
– NMB : N’empêche, c’est beaucoup plus facile de repérer les lèche-culs au boulot depuis qu’ils portent un masque.
– SA : Ne comptez pas trop sur le bouche à oreille en ce moment.
– PI : Ok le déclin de notre civilisation c’est triste mais as-tu essayé le port du masque toute la journée avec le nez qui coule ?
– SF : Au train où avance Mediapart, dans 3 jours ils nous sortent des photos de Laetitia Avia en train de bouffer du homard en compagnie de Jérôme Cahuzac
– ACM : Échographie du 3ème trimestre : “vous allez avoir une belle petite fille, belle comme sa mère et intelligente comme son père, comme ça elle aura le meilleur des deux”. A deux doigts de lui fourrer son échographie dans la gorge.
– JM : —  Il nous faut plus de moyens !! —  Que diriez-vous d’une médaille ? —  Non je pensais plutôt à des masques — C’est con, elle est super belle — Et des respirateurs ! —  Et si je mets deux MEDAILLES ?
– CC : Visiblement le masque sert aussi de petite laine au double menton pendant les saints de glace.
– RR : Je viens de voir une pub pour partir en vacances à Nevers. Rien ne nous aura été épargné.
– PB : Dans ma déclaration d’impôts, personnes à charge, j’ai écrit : 2 millions d’illégaux, 6 millions de chômeurs, 80000 taulards, 571 députés, 348 sénateurs, la commission de l’UE. Le fisc a retourné ma déclaration jugée inacceptable A quoi j’ai répondu : j’ai oublié quelqu’un ??
– NP : Si vous trouvez que le confinement est dur à vivre, rappelez vous que quand ce sera fini, on va avoir un film avec Frank Dubosc sur le confinement, un film avec Christian Clavier sur le confinement et un film avec Dany Boon sur le confinement.
– RR : Le meilleur endroit pour se mettre au vert dans les grandes villes reste le cimetière.
– DS : Jetez vos putains de masques dans une putain de poubelle !
– RT : Laëtitia Avia qui rédige une loi contre la haine, c’est un peu comme si Benjamin Griveaux écrivait un éloge de la pudeur.
– GB : Demander aux plus modestes de travailler davantage ou de donner des RTT, c’est du bon sens. Demander aux plus aisés un effort financier c’est de la démagogie.
– CEMT : Situation au 14 mai : Vous pouvez organiser une fête avec 150 personnes chez vous mais vous ne pouvez pas vous asseoir à deux sur une pelouse à Paris. Franz Kafka valide.
– PI : J’imagine la déception de Bruno  le Maire quand il a vu que la fête de l’Huma ne pouvait pas se tenir.
– OB : Niveau de déprime d’aujourd’hui : Entre Baudelaire et Benjamin Biolay.
– RC : Ça se passe comment pour les impôts cette année ? On est toujours prélevé à la source ou on peut juste payer en applaudissant le gouvernement à la fenêtre ?
– JT : Si ça se trouve les gens qui ne portent pas de masques dans les lieux publics sont les mêmes que ceux qui portent un slip sur les plages nudistes.
– CC : Les gens qui s’insurgent à cause des masques payants alors qu’ils sont nécessaires découvrent une sensation que beaucoup de femmes connaissent : le syndrôme de la serviette hygiénique.

RAPPEL : Je collecte au long de la semaine les posts FB et les twitts d’actu qui m’ont fait rire. Les deux lettres sont les initiales des auteurs, ou les 2 premières lettres de leur pseudo. Illustration d’après photo web © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site et mon blog. Merci d’avance.

La panthère des ventes !

Je crois que la Panthère des neiges de Sylvain Tesson est le livre le plus vendu dernièrement. C’est un très beau livre, il faut dire, Tesson n’ayant pas sa pareille pour décrire un lieu, un sentiment, un être, avec un art de dentelière consommé. Son défi, cette fois, n’est pas de courir partout mais de rester à l’affût, des heures, des jours durant par un froid glacial pour tenter de voir, que dis-je, d’apercevoir cette mythique panthère qui tend hélas à disparaître, la faute à qui ? A la race humaine que fustige largement l’écrivain épris de nature, de silence, d’animaux.  « Hier, l’homme apparut, champignon à foyer multiple. Son cortex lui donna une disposition inédite : porter au plus haut degré la capacité à détruire ce qui n’était pas lui-même tout en se lamentant d’en être capable. A la douleur, s’ajoutait la lucidité. L’horreur parfaite. »
Tesson, fasciné par l’animal, ne peut s’empêcher de le rapprocher  d’une femme qu’il aima follement, amour qu’elle rompit parce qu’il refusait de rester près d’elle, de la nature et de ses animaux. Ce qui renforce sa réflexion. « Thermomètre à — 20°C. Nous autres, les hommes, étions condamnés à ne faire que passer en ces endroits. La majeure partie de la surface de la Terre n’était pas ouverte à notre race. Faiblement adaptés, spécialisés en rien, nous avions notre cortex pour arme fatale. Elle nous autorisait à tout. Nous pouvions faire plier le monde à notre intelligence et vivre dans le milieu naturel de notre choix. Notre raison palliait notre débilité. Notre malheur résidait dans la difficulté de choisir où demeurer. » Voulant toujours plus, l’homme développa cet esprit d’aventure, de recherche de toutes les satisfactions, les endroits où aller, alors que l’animal se cantonnait au milieu où il était né, son biotope, et devait s’y adapter. Evidemment, la panthère des neiges était tout le contraire de l’homme.
Il s’était donc embarqué avec un photographe animalier réputé pour sa rigueur et son sens esthétique, Vincent Munier, accompagné par Marie, sa fiancée cinéaste, et Léo, son aide de camp philosophe, tous trois rodés à l’exercice de l’affût.
Encore une petite contre nous : « L’homme était apparu il y a quelques millions d’années sur la Terre. Il avait débarqué sans invitation, une fois la table dressée, les forêts déployées et les bêtes divagantes. La révolution néolithique, comme toute révolution, avait sonné la Terreur. L’homme s’était proclamé chef du politburo du vivant, s’était propulsé au somment de l’échelle et avait imaginé une flopée de dogmes pour légitimer sa domination. Tous développaient la même cause : lui-même. « L’homme est la gueule de bois de Dieu ! » disais-je. »
En page 123 est imprimée une image prise lors de cette aventure, un faucon posé sur des rochers. Bien net, bien visible. Ce n’est que plus tard que le photographe découvrit que la panthère y posait aussi, le regard dirigé vers l’objectif et, comme dans les livres magiques, une fois qu’on l’avait repérée, on ne pouvait plus ne pas la voir.
C’est cela, la panthère des neige, invisible mais voyant tout.

la Panthère des neiges de Sylvain Tesson. 2019 aux éditions Gallimard. 170 pages. 18€.

Texte © dominique cozette

Un livre pétillant de grâce et d'humour

Oh, que je me suis régalée avec le dernier opus d’Anna Rozen, Loin des querelles du monde ! Nous sommes en présence de Germain, un écrivain célèbre, germanopratin vaguement atrabilaire, fantastique machine à cash pour son agent et éditeur. Après de nombreux succès, il  ressent l’envie d’écrire un livre différent, pas commercial, expérimental, qui ne se vendra peut-être pas. Son agent lui fait confiance car il sait que ce livre, comme tous les autres, sera un best-seller.
Mais il n’y a pas que ça. Notre  quinquagénaire en a assez de ce monde connecté, du tout-tout-de-suite, les GAFA, les livreurs de tout et autres facilitateurs de vie pour les nantis qui n’ont même plus besoin de s’inquiéter des aléas divers de l’existence (pluie, froid)  puisqu’ils sont protégés de tout et que leur téléphone contient leur vie, leurs dossiers, les réponses à leurs quêtes. Il en a assez aussi du dilettantisme de son neveu Joseph que sa sœur, son ennemie depuis qu’elle est née et lui a volé une part d’amour de ses parents, lui a fourgué, un jeune hirsute et vegan qui, comble, amène une petite amie pas très cool dans l’appartement. La sœur donc qui a déserté pour s’occuper de chèvres à laine dans les Cévennes, attirée d’abord par un plasticien magnifique, rencontré dans une galerie parisienne.
Germain décide de rompre avec ce monde inepte et sans matérialité. Foin du web, il balance ordinateur et smartphone, se remet à écrire à la plume sur des cahiers, à se contenter de son téléphone fixe et d’exiger parfois qu’on lui envoie une lettre ou une carte pour prendre rendez-vous. Sa vie sexuelle néanmoins se poursuit au fil de rencontres affriolantes organisées par un couple d’intellos qui concoctent des dîners chics et fins, mais il n’a toujours pas oublié son grand amour, sa première femme dont il renifle parfois les parfums conservés dans des fioles.
Peu à peu son univers va se racornir. Son neveu parle de retrouver son père en Inde, ses conquêtes ne reviennent pas facilement vers lui si peu joignable, son agent tombe malade, bref, le monde tourne et lui dérive sur son bout de banquise. Même son consolateur attitré, Toulouse-Lautrec, auquel il rend visite en cas de déprime, a laissé son tableau préféré, les Almées avec qui il discutait, partir vers une exposition extérieure à Orsay. Mais il écrit, coûte que coûte…
La succulence de ce livre dont l’argument est mince tient dans la façon qu’Anna décrit les caractères, drôle, narquoise, précise, inattendue, faite de tous petits détails, précieux condiments qui donnent une sacrée saveur à ses anecdotes. Les questions qu’ils se posent sont celles qui nous tourneboulent secrètement, des petits trucs qu’on n’évoque même pas tellement c’est minuscule. Minuscule comme le sel, indispensable donc pour rehausseur les sensations gustatives.
Le plus drôle, c’est ce que le roman de Germain aura pour titre : « Plus rien ne sera comme avant », comme si Anna avait eu vent de notre pandémie, des mois avant.
Une délicieuse lecture sous la très belle couverture d’une peinture de Charles Berberian.

Loin des querelles du monde par Anna Rozen, 2020 aux éditions le Dilettante. 256 pages. 17,50 €

Texte © dominique cozette

Les Fessebouqueries #495

C’est pas tout de ne pas savoir ce qui va se passer dans la vie d’après, il faut apprendre à discerner les bons et mauvais gestes, les gestes barrières qui clignotent quand le train arrive, les gestes qui distancient les pots de colle, les gestes qui tripotent les masques pour les rendre inutiles, les gestes qui caressent dans le sens du poil des intermittents, les gestes saugrenus  d’un président qui se lâche, les gestes abracadabrantesques demandés aux bambins des écoles, les gestes déplacés sur personnes déconfites… sinon, hé bien, sinon je n’aurai qu’un geste à faire, regardez l’image. Alors, bon dernier week-end finement con et, en sortant ce lundi, évitez de faire comme le bouchon de champagne qui explose en éclaboussant tout le monde !
– AR : je me suis demandé si j’allais ressortir mon vélo  et puis je me suis dit :  « si c’est pour être encore assise, non merci ! »
– NP : J’en vois déjà qui se relâchent au niveau de la distanciation physique. Du coup je vais vous donner un truc très simple pour savoir quelle est la bonne distance : si je peux te mettre une baffe c’est que tu es trop prêt.
– AG : Si on m’avais dit qu’en 2020 je m’hydraterais le dos des oreilles pour prévenir l’irritation des ficelles et qu’il y aurait dans mon entrée une poubelle à masques, franchement je serais resté en 2019.
– FP : On est censé déconfiner dans huit jours et je n’ai toujours pas fait de pain ni terminé Proust. J’ai honte.
– JNP : Je suis sorti un moment pour m’acheter du pain. Un petit enfant m’a vu avec mon masque et m’a dit : Papa !
– HD : L’économie s’effondre alors que nous ne consommons pas, que nous ne travaillons pas, alors c’est qui qui a le pouvoir ??? On pourrait peut être en tirer des leçons ??
– PR : Et maintenant, spécialement pour vous, en direct live, le spectacle tant attendu : “Le masque et la ligne 13″. Grand moment…
– PI : Ce confinement on dirait une série comme How I Met Your Mother. Au début c’est marrant, rapidement tu t’emmerdes, puis tu languis la fin, et puis finalement quand ça se termine t’as envie de te revoir les premières saisons.
– YP : J’ai essayé le cunnilingus avec un masque : ça change le goût.
– XX : Ah que c’est chouette, les cris des enfants dans le jardin des voisins ! Quand t’as retrouvé ton lance-pierres.
– CC : les gélules auto-bronzantes, ces dragibus du confinement
– P7 : Je viens de finir la lecture du protocole sanitaire définitif. Quelqu’un peut me dire ce que vont pouvoir faire les élèves (surtout en maternelle) à part se laver les mains toute la journée?
– JGP : Mon mari a débarqué avec une rose du jardin « qui sent super bon, vazy sens aussi » en plein cours avec mes terminales.
– PI : Selon notre modèle économique, les masques sont trop chers. Mais personne ne vous a demandé d’être pauvres.
– CC : Coronavirus : les intermittents du spectacle bénéficieront d’un dispositif de protection pendant les vacances, assure Franck Riester. De plus, écrivains, dessinateurs et scénaristes recevront, par la poste, tous les samedis, deux Kinder Bueno, un distributeur Pez et un cahier à spirales pour tenir leur journal intime qui sera publié, dès la fin de l’été, dans une nouvelle collection à la con qui devrait voir le jour en septembre aux éditions du Mocassin à Glande.
– NP : Quand toutes les marques vont commencer à nous filer des masques en tissu, on va en avoir 200 à la maison. Mais c’est pas grave, on les stockera avec les 350 tote bags de ces mêmes marques qu’on a gardés parce que « ça peut toujours servir »
– AS : Comme les hommes sont plus vulnérables face au Covid-19, a t-on envisagé de laisser les femmes et les enfants sortir d’abord du confinement ? Elles pourraient diriger le pays quelques semaines et on verrait, pendant que les hommes restent à la maison, cuisinent et applaudissent.
– JPT : Le maire d’Auriac nous a offert un masque lavable, paraît-il, 80 fois. 80 fois ? Mais putain, elle va durer combien de temps, cette pandémie ?
– DC : N’empêche que Sibeth Ndiaye avait raison, les gens ne savent pas se servir du masque.
– ADN : Madame, faut pas mettre le masque sous le nez. — « Mais comment vous respirez vous ? ».  Décourageant
– OB : Je sais que c’est pas politiquement correct et ça n’enlève rien à mon admiration pour tous les soignants mais j’en ai trop marre d’applaudir à 20h, j’ai l’impression d’être un chien de Pavlov. Je suis pas la seule hein ?
– MW : Ils étaient obligés de se mettre un masque noir pour aller visiter des gamins de CP ? Franchement…
– CX : Résumé de la crise : – Il y a 2 mois on croyait que les masques étaient inutiles et maintenant on sait qu’ils peuvent sauver des vies. – Il y a 2 mois on croyait que le gouvernement pouvait sauver des vies et maintenant on sait qu’il est inutile.
– OVH : Lu : Il y a tellement de toubibs à la télé que quand on appelle le 15, on tombe sur le standard de BFM.
– JPT : Lundi, je compte réaliser mon fantasme : entrer masqué dans une banque.
– MK : Les reconfinis : « Si vous n’êtes pas sages, vous serez reconfinés ! »
– CC : selon ma montre connectée, je perds plus de calories en changeant une housse de couette avec un chat sur le matelas qu’en cinquante minutes de course à pied
– PM : Vu qu’ils interdisent les plages et pas le métropolitain, propose qu’on prenne le métro en maillot de bain..
– OB : Un prof de guitare qui se dévoue pour apprendre à mon voisin plus de 2 accords svp ?
– DA : La meuf à qui j’ai refusé poliment de prêter mon briquet dans la rue par respect des gestes barrière & qui m’a traité de fils de pute en traçant sa route, me laisse un avant-goût délicieux du monde d’après
– PI : Le bracelet électronique qui te balance une décharge quand t’as dépassé les 100km c’est pas compliqué mais personne n’a de bonnes idées totalitaires dans ce pays.
– SDM : La reconnaissance vocale de mon téléphone écrit « j’ai manger des frite », mais elle sait parfaitement écrire Igor et Grichka Bogdanov…Coïncidence ?
– VI : Mamie, 102 ans, a donc passé sans encombre sa deuxième pandémie après la grippe espagnole. Elle a fêté ça aujourd’hui en buvant un verre de vin à la paille.
– AG :  Donc j’ai fait mon petit calcul : – dès lundi, on fait portnawak. – reprise d’épidémie constatée dans 17 jours (ce qui nous amène fin mai) – le gouvernement hésite et tortille du cul pendant deux semaines. On sera donc reconfinés mi-juin, pour l’été. Gardez ce tweet au chaud.
– CX : Sur Instagram tout le monde est mannequin, sur Twitter tout le monde est journaliste, sur Facebook tout le monde est philosophe et sur TikTok tout le monde est con.
– CC : Le 11 mai approche : à écouter les appréhensions mêlées de joie et d’excitation , les choix vestimentaires, capillaires, cosmétiques, les conversations pour savoir si ça va faire mal après ou si ça va être la fête, si rien ne sera plus comme avant ou non, j’ose préciser qu’il s’agit d’un déconfinement, pas d’un dépucelage savamment préparé à l’arrière d’une Fiat Punto pendant le loto des pompiers dans la saveur particulière du parfum Scorpio.

RAPPEL : Je collecte au long de la semaine les posts FB et les twitts d’actu qui m’ont fait rire. Les deux lettres sont les initiales des auteurs, ou les 2 premières lettres de leur pseudo. Illustration d’après photo web © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site et mon blog. Merci d’avance.

Le Diable à Westease.

Paru en 1947, le Diable à Westease est un polar de Vita Sackville-West, romancière, poétesse, historienne. Il paraît qu’elle adorait Agatha Christie et c’est peut-être pour cela qu’elle s’amusa à écrire ce polar d’une facture très classique. Un jeune homme qui vient de finir sa carrière d’aviateur en temps de guerre, cherche un coin tranquille où s’installer définitivement. Le village de Westease, avec ses accès difficilement carrossables (il roule en Jaguar), lui paraît l’endroit idéal, tranquille, sans commerces pour touristes car pas de tourisme ici et un pub où les gens sont d’un abord agréable. La campagne alentour est magnifique et, par chance, une maison est en vente. Parfait. Là, il fait des rencontres, celle d’un peintre habile qui le met mal à l’aise, d’emblée, sans raison objective et qui sera l’un des personnages importants de l’histoire. Un vieux numismate très érudit, bienveillant, ouvert mais ne bougeant pratiquement pas de son vaste bureau où sont rassemblés ses trésors, servi par une femme simple. Un pasteur accorte, aimé de tous, affublé d’une femme malade acariâtre qui passe son temps dans sa chambre, et leur fille, très belle jeune femme franche, directe, qui circule sur son cheval.
Roger, ce jeune homme, est écrivain, solitaire et mène une vie sobre. Il s’est acheté un chien et ne semble pas prêt à écrire un nouveau roman. Mais un beau matin, on lui annonce que le pasteur a été assassiné. Et de manière très originale, sans souffrance cependant. Bien sûr, il est plein de compassion pour sa fille, Mary, dont il n’est pas amoureux. Pour elle, il va s’associer de façon officieuse au commissaire de police venu de Bristol pour mener une enquête difficile. Mais que trouvent-ils ? Pratiquement rien. Les indices laissés par l’assassin ne les éclairent pas, et personne ne souhaite de mal au saint homme.
Un petit roman délicieusement suranné mais dont on a très envie de connaître la fin.

Le Diable à Westease de Vita Sackville-West, 1947. Traduit de l’Anglais par Micha Venaille. Aux Éditions Autrement, 205 p., 16 €.

© dominique cozette

Neuf parfaits étrangers

De Liane Moriarty, j’avais beaucoup aimé deux romans antérieurs, Secret du mari et Petits secrets, grands mensonges. Des romans psychologiques où tout commence toujours dans la joie et la bonne humeur avant que se fissure la cuirasse de ces belles vies et que les machinations les plus viles aillent bon train. J’ai trouvé ton dernier livre au Monoprix pendant le confinement, et c’est assez rare qu’il y ait une très bonne littérature dans ce magasin. Mais il y en a.
Les Neuf parfaits étrangers vont se connaître dans un centre de remise en forme idéal, un sublime endroit perdu au cœur de l’Australie. Y viennent pour des raisons diverses une écrivaine seule, la cinquantaine, rejetée par son éditeur pour son dernier ouvrage en même temps que plaquée par un bel escroc aux femmes seules et riches. Un très jeune couple en Lamborghini, lui simple et amoureux de sa… voiture et de sa jeune femme malgré toutes les opérations plastiques qu’elle a subies pour être encore plus belle, ce qu’il déplore. Un type baraqué, un peu rond,  pas très sympa de prime abord, que la romancière associe à un serial killer, ronchon. Une autre femme seule, mère de quatre filles, que le mari a quittée pour une jolie et charmante jeune femme avec laquelle il fait un voyage de trois semaine en Europe, avec les filles. Un très beau mâle, conscient de son attractivité, sorte de super héros qui aime faire chasse aux vilains maris  pour venger leurs victimes. Et une famille composée d’un couple d’une quarantaine d’années et de leur fille qui va fêter ses vingt ans au centre et ceux de son jumeau suicidé il y a quelques temps.
Cette cure de renouveau et de pureté est fondée sur un règlement drastique. Interdit d’emporter des boissons ou de la nourriture, les livres ne sont pas conseillés et il n’y a pas de télé. Mobiles et écrans divers sont confisqués et la cure commence par plusieurs jours de silence total. Il est évidemment impossible de communiquer avec  l’extérieur. Le régime alimentaire est très strict et commence, comme le silence, par un long jeûne. Le corps est massé, assoupli, oint, etc. On y apprend à méditer, à prendre sur soi, à sortir ses failles. Mais il y aura des « activités » beaucoup plus stressantes et inattendues.
La maîtresse des lieux est une sublime femme très grande, très belle, qui a fui la Russie et dont la passion, semble-t-il, est d’offrir une transformation totale à chacun, à l’issue de ces dix jours. Mais qui est-elle ? Une perverse ? Une folle ? Une thérapeute réellement sincère ? En tout cas, rien ne peut l’atteindre ni assouplir sa discipline.
C’est un pavé assez passionnant car Liane s’y entend pour composer des portraits de personnages dont en a envie de savoir ce qu’il leur est arrivé. Elle s’y connaît aussi en ressort psychologique et en coups de théâtre, si on peut dire. Chaque chapitre s’arrête au bord de la falaise et c’est difficile de résister à la curiosité.
Malgré tout, il y a un passage assez longuet où le récit, comme les neuf curistes, ne sait se maîtriser. En fait, ce n’est pas très grave car ce qu’il se passe est bizarre, incroyable, je pourrais même dire non crédible. Mais nous sommes dans une fiction. L’histoire poursuivra son chemin un peu mieux balisé pour que, finalement, on se dise que c’est un très bon roman.

Neuf parfaits étrangers de Liane Moriarty, 2018. Traduit par Béatrice Taupeau. 2020 aux éditions Albin Michel. 510 pages, 22,90 €.

Texte © dominique cozette

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