Dope, crack, speed, beuh, substances, came, meumeu bref, toutes les drogues

Cécile Guilbert, journaliste des profondeurs investigatrices, s’est emparée à bras le corps de l’univers des drogues, toutes les drogues, dans son pavé (plus de 1400 pages) Ecrits stupéfiants sous-titré Drogues & littérature d’Homère à Will Self.  Et des écrivains et poètes, qu’on peut mettre parfois au féminin, qui ont tâté de la chose et l’ont décrite, il y en eut ! Elle en a recencé 220, avec plus de trois cents textes dont elle a retranscrit les morceaux choisis. C’est un fantastique voyage dans le temps et l’espace et leur imaginaire. De l’Inde védique à notre époque avec ses drogues de synthèse, Cécile Guilbert évoque les pharmacopées antiques et moyen-âgeuses, l’opiophagie britannique, le cannabis romantique, l’opiomanie coloniale, la morphine et les éthéromanes, les junkies et la révolution psychédélique du siècle dernier jusqu’aux actuels psycho-stimulants et autres innombrables inventions chimiques.
Elle a catégorisé les quatre grandes familles de drogues : Euphorica (opium, morphine, héroïne), Phantastica (cannabis, plantes divinatoires, peyotl et mescaline, champignons hallucinogènes, LSD), Inebriantia (éther, solvants), Excitantia (cocaïne et crack, amphétamines, ecstasy, GHB). Chaque drogue y est décrite minutieusement, d’un point de vue médical souvent, avec les expérimentations d’utilisateurs plus ou moins connus, puis accompagnée des extraits de textes ou de poèmes s’y rapportant.
Ce livre est une encyclopédie unique qui n’existe en aucune autre langue. Une entreprise titanesque.
On y apprend beaucoup de choses. Sartre, pour ne donner qu’un exemple : il prenait de l’Orthédrine et du Maxiton (noms commerciaux de la benzédrine), de la Corydrane (pour écrire de longs ouvrages), plus le reste : deux paquets de Boyard maïs, de nombreuses pipes de tabac brun, plus d’un litre d’alcool (vin, bière, alcools blancs, whisky…) sans compter les cafés, thés et graisses animales de son alimentation. Sartre avait dit à Yves Salgues (qui s’adonne à la Préludine pour écrire ses ouvrages de 2000 pages) que son texte sur Saint Genet, comédien et martyr (1952) était passé de l’état de préface à celui de pavé grâce à la Corydrane.
Dans ce livre, on retrouve avec plaisir tous nos chers écrivains américains, aussi bien de la Beat Génération, Buko, que les plus proches de nous comme Tom Wolfe, Breat Easton Ellis. Des Français aussi, de nos grands classiques à nos écrivains familiers, qui sont nombreux !
Le livre s’ouvre sur un assez long prologue biographique de l’autrice. Elle y a tâté, bien sûr mais en a souffert des méfaits par la mort de proches. Il s’achève sur une quarantaine de pages bibliographiques, soit des centaines d’ouvrages dont de très nombreux en anglais non traduits, puis par un index détaillé. Une bible, quoi.
Passionnant, foisonnant, distrayant. A lire en petites tranches car les récits planants lus à la suite peuvent devenir lassants.

Ecrits stupéfiants sous-titré Drogues & littérature d’Homère à Will Self de Cécile Guilbert. 2019 aux éditions Bouquins de Robert Laffont. 1440 pages. 32 €

Texte © dominique cozette (aidée de la quatrième de couv.)

A la demande d'un tiers

A la demande d’un tiers est le premier livre de Mathilde Forget par ailleurs autrice-compositrice et interprète. Ce titre renvoie à la demande qu’un hôpital psychiatrique lui fait pour interdire à sa soeur, souffrant de troubles mentaux dangereux, de sortir. A côté des souvenirs avec celle-ci, l’héroïne égrene des saynètes, des anecdotes non dénuées d’humour de tout ce qu’elles ont vécu, notamment le suicide de leur mère qui s’est jetée du haut d’un donjon. Elle a beau mener une enquête serrée auprès, notamment, de divers médecins, elle n’obtiendra jamais de bonne réponse : ils ont tous un point de vue différent sur cette femme.
La perte de sa mère l’entraîne à s’intéresser à des orphelins comme elle, Bambi par exemple, qui l’obsède et qu’elle déteste. mais aussi sur les serial killers qui renvoient souvent à la figure maternelle. Elle étudiera les écrits de celui qui fait autorité en la matière, un Français dont la compagne fut assassinée par un tueur américain. Elle est fascinée également par les requins, va les visiter dans les endroits où c’est possible, sachant qu’ils se laissent mourir en captivité.
Ce qui est original dans ce roman loin d’être tragico-larmoyant, c’est l’impression de légèreté, de bondissement de sujet en sujet, c’est très varié, dont on sent qu’elle les a étudiés en profondeur avant de les livrer au récit, même si (je crois) ils n’apportent pas tous grand chose, comme c’est le cas des fissures des poutres apparentes, le pourquoi de la chose d’un point de vue technique. Elle cite un passage du Traité de la charpenterie (1837) d’Armand-Rose Emy. Elle nous parle du syndrome du coeur brisé, appelé takotsubo, découvert dans les années 80 par des médecins japonais. Elle raconte aussi l’histoire du château où est morte sa mère, va interroger sa grand-mère qui n’a rien d’autre à lui confier que les lettres de sa fille, la mère de l’héroïne donc, lui a écrites, pleines de détails futiles sur les vêtements et les hommes. Sa mère qui jouaient les mêmes airs de piano tous les soirs pour bercer le sommeil de ses filles.
Et puis, elle essaie de se remettre de la séparation de « la fille avec qui elle voulait vieillir » mais avec qui elle n’a pas fait grand chose, ayant elle-même provoqué le départ de peur de souffrir trop dans le cas inverse. Mais qu’elle rappellera peut-être.
Ce livre est comme un puzzle impressionniste et étrange, composé de petits morceaux d’elle et de sa sœur et de sa mère, de Bambi et du requin. Très joli petit livre.

A la demande d’un tiers de Mathilde Forget, 2019 aux éditions Grasset. 160 p. 16 €

Texte © dominique cozette

La dernière fois que j'ai vu Adèle

La dernière fois que j’ai vu Adèle d’Astrid Eliard, 29 ans, raconte l’histoire d’une jeune fille, fermée, taciturne, qui s’évapore. Elle a laissé sa chambre en ordre, ce qu’elle ne faisait jamais, avec une chanson qui tourne en boucle pour laisser croire qu’elle est encore là. Mais elle n’a pas emporté son corset qui soutient sa colonne vertébrale en vrac. Elle le déteste comme elle se déteste. Adèle est partie. Elle a seize ans. Sa mère appelle le père, son ex, dont elle est séparée. Ils mettent au point un plan de recherches parmi et vont déposer une requête à la gendarmerie. Ils ont aussi un garçon, un peu plus jeune qu’Adèle, qui reste zen pour tente de réconforter sa mère à mesure que le manque et l’angoisse s’épaississent. Les recherches ne donnent rien du côté des collègues de classe, elle n’avait pas vraiment d’amis. Secrète et discrète, elle ne laissait rien paraître.
Quelques jours plus tard, un attentat a lieu au Forum des Halles qui fait des dizaines de victimes. L’un des terroristes est abattu. Bien qu’il n’ y ait que peu de chance qu’elle s’y trouve, la mère s’enfonce de plus en plus dans la panique. Elle dont le métier est de remettre debout des familles rongées par des maux d’ados, ne tient pas le choc. Elle sombre inéluctablement. Jusqu’à ce qu’elle voie, aux actus, la photo d’une jeune fille en hijab, la petite amie du terroriste, recherchée par toutes les polices, Hasna Bellaouar. Mais elle a reconnu Adèle. Dès lors, elle tente tout pour la retrouver, passe sont temps sur Internet, intègre une asso où se retrouvent les parents d’enfants partis faire le jihad. Là, elle rencontre la mère d’une ado qui a fui à Raqqa, comme sa fille et qui a un bébé. Mais le fil entre cette mère et sa fille fugitive a été tellement difficile à créer, il est tellement ténu, tellement soumis à des interdictions dont « parler de ça » qu’elle se refuse à lui demander si elle connaît Adèle. Elle lui apprend seulement que la plupart des filles réfugiées à Dacca sont mariées, parfois plusieurs fois, peuvent avoir un enfant, sont enfermées toutes ensemble dans une grande bâtisse avec pour seule mission de tenir la maison mais ne sont jamais envoyées sur le terrain de la guerre.
La mère d’Adèle est d’autant plus désespérée qu’elle est harcelée par les journalistes, les courriers malveillants, les menaces car, dans la plupart des cas,  journalistes, policiers, public, les gens en général, mettent en cause la mère, en premier, surtout quand le père est parti. D’où son enfermement forcé, son obstination à ne voir personne. Sauf sa propre mère, hospitalisée pour cause d’Alzheimer, sa mère à qui elle peut déverser ses chagrins sans crainte de jugement car elle ne sait même plus qui est Adèle.
Une histoire qui interroge douloureusement sur nos propres enfants qu’on ne connaît en fait pas du tout.

La dernière fois que j’ai vu Adèle d’Astrid Eliard. 2019 au Mercure de France. 220 pages, 18,80 €.

Texte © dominique cozette

Les Fessebouqueries #480

Bon, alors, c’est quoi, ce bordel universel ? La macronie qui envahit la chiraquie ? En pleine retraite des grèves ? Et ces crachats dans une gorge profonde ? Et ce coronavirus qui n’a pas de passeport français mais que Buzyn laisse passer ? Et ce Trump qui refuse de se faire avorter ? Et ce Bernard Arnault qui ne sait plus où donner de la pièce jaune ? Et cette Ségolène qui va s’inscrire au Grand Marathon de vinvin ? Et ces anti-PMA qui ne veulent pas que leur mère s’appelle Robert ?  Et … et… quoi donc ? Non, rien, ça suffit pour cette semaine ! En plus qu’il fait froid. Allez, bon week-end à vous, chères et chers fessebouquophiles !
– OK : Macron qui nous fait un remake de Chirac à Jérusalem, c’est un peu Bruel qui reprend du Bowie.
– RR : Les retrouvailles avec le métro c’est un peu comme les retrouvailles après une dispute : tu lui en veux mais tu lui pardonnes de peur que ça déraille de nouveau.
– FT : C’est quand même fascinant, le principe des vases communicants: plus les 0,1% sont riches, et plus les 99,9% sont pauvres! Ben ça alors!
– ML : Après la disparition de l’observatoire de la pauvreté, de l’observatoire des violences policières, le gouvernement invente la disparition des résultats électoraux.
– RR : Détendez-vous… tout le monde sait que le coronavirus contournera la France tranquillou tranquillette…
– CEMT : Puisque deux postes se libèrent dans la famille royale britannique, j’en profite pour signaler que je suis disponible et que j’ai toutes les qualifications requises puisque je sais très bien faire coucou avec la main.
– FT : Ce 18 janvier 2020, Bernard Arnault est devenu l’homme le plus riche du monde avec 117 milliards de $. Contre 76 milliards en mars 2019. Continuez bien à vous serrez la ceinture, citoyens. Vous allez tous bosser quelques années de plus pour qu’il ne paie pas d’impôts.
– NP : Laissez moi le formuler autrement : si Bernard Arnault dépense 10 000 euros par jour pendant 230 ans il aura dépensé… 1% de sa fortune.
– OM : Ok, on en chie un peu mais serrez les dents, bientôt vous pourrez voter pour Ségolène Royal.
– FT : Je ne sais pas si vous voyez bien à quel niveau de folie furieuse on en est arrivé. Quand tu es policier, maintenant, après s’être mis à trois pour casser la gueule à un citoyen et l’envoyer à l’hosto, tu portes plainte parce qu’il n’était pas content.
– GP : Va falloir qu’ils travaillent un peu leur scénario les flics : un mec qui porte un masque, crache du sang (donc déjà bien blessé) au point que sang et crachat traversent son masque et entrent dans la gorge d’un flic avec casque intégral mais bouche ouverte, ça sent le mytho, le coup du sida transmissible.
–  OM : Le manifestant frappé au sol sera jugé pour violences sur policiers.  Ça lui apprendra à ce connard à saigner sur les matraques des CRS…
– BD : En France, il n’y a rien de plus inquiétant qu’un ministre « qui se veut rassurant »… (SRAS)
– RR : Les anti-PMA, c’est comme les pro-PMU, ils ne peuvent pas se passer d’étalons.
– OK : Macron a attrapé le coronavirus au Moyen-Orient. Depuis il dit des trucs délirants en se prenant pour Jacques Chirac.
– CSMT : Si Emmanuel Macron veut vraiment ressembler à Jacques Chirac, il lui reste à dissoudre l’Assemblée, perdre les législatives et gouverner avec Jospin, c’est jouable.
– RR : Existe-t-il une violence légitime ? Vous avez 4 heurts.
– JE : « J’ai décidé d’abaisser mon niveau d’anglais pour me rapprocher des Français, je ne veux plus apparaitre comme méprisant. » (Macron).
– DP : Pas mal le remake de « you want me to go back to my plane, do you? » par le petit Macron. Maintenant essaye ça, petit: « J’ai décidé de dissoudre l’Assemblée Nationale »…
– GB : -« Président, la situation intérieure est catastrophique. Généralement les présidents redorent leur image via l’international. Regardez Chirac ». … — « Evry baudi nau ze rulz ».
– RR : L’intervention de Macron me rassure sur la qualité de mon accentuation.
– MS : C’est quoi cet accent ? Il a été banquier d’affaires à Saint-Pourçain-sur-Sioule ?
– JEB : Pourquoi les hôpitaux de Strasbourg ont installé des chambres stériles pour les prochains malades du coronavirus alors qu’ils ont le gewurztraminer ?
– DC : Chères amies, alarmons-nous du fait que le président de la plus grande puissance mondiale va défiler contre l’avortement. Trump nous attrape par la chatte et nous punit par l’utérus.
– OM : On se fout de la gueule des Chinois mais en attendant, avec leur nouveau virus, ils vont résoudre le problème des retraites sans utiliser un seul gaz lacrymogène.
– LP : Suite à la décision du prince Harry et de son épouse Meghan de renoncer à leur titre d’altesse royale et de cesser de recevoir des fonds publics, ma femme et moi demandons le statut de membres actifs de la famille royale.
– NP : Il a fallu moins d’une demi journée à Trump pour faire reculer Macron sur la taxe GAFA… Du coup je me demande si on ne devrait pas l’inviter à la manif de vendredi.
– RR : Sur France Inter il y a Muriel Pénicaud qui s’exprite, euh, s’exprive, pardon s’exprime.
– JS : Sachez-le avant de manifester : tout policier qui se blesse à la main en tapant sur un manifestant peut porter plainte. La tête du manifestant est dans ce cas considérée comme une arme par destination par les juges.
– NI : Dans tous les aéroport d’Europe, des mesures ont été prise pour isoler les gens potentiellement malades, sauf en France où des affiches ont été jugées suffisantes. Devinez où sont les 2 premiers cas confirmés dans toute l’EUROPE ? Bordeaux et Paris.
– SD : Un cas de coronavirus en France et Roselyne bachelot qui n’est même plus ministre
– GD : Il ne nous reste plus qu’à attendre sereinement l’annonce d’un Grenelle du coronavirus, qui mettra en place un numero d’appel payant d’ici à 6 mois.
– MK : Bernadette Chirac dément : « Non, la Corona-virus n’a pas tué mon mari ! »
– RP : Attention à ne pas stigmatiser le coronavirus qui a sûrement eu une enfance difficile.
– RdB : Une pensée pour Roselyne Bachelot en train de barrer « H1N1 » sur 50 millions de flacons pour écrire « Coronavirus » à la place.
– NP : Après la claque magistrale que le Conseil d’État a mis à la loi sur la réforme des retraites faudra pas qu’ils s’étonnent si Édouard Philippe décide de les obliger à héberger tous les malades du Coronavirus dans leurs bureaux.
– OK : Deux cas de coronavirus en France selon les autorités. Combien selon la CGT ?
– RP : Face à la prolifération du coronavirus, Agnès Buzyn annonce la mise en circulation de magnets à coller sur son frigo.
– RR : 24 janvier : 3ème guerre mondiale évitée / Retour de Ségolène Royal pour les présidentielles / Australie en feu /  Coronavirus / Séisme en Turquie /  Mexit. On risque de s’emmerder grave le reste de l’année
– RP : Quel est le seul pays européen qui connaît des cas confirmés et avérés de coronavirus ? Celui qui met des affiches dans les aéroports au lieu de faire des contrôles ! Merci à notre championne, Agnès Buzyn !
– NI : Je pense que si les affiches dans les aéroports n’ont pas suffi, c’est parce qu’elles étaient écrites en Français. Or, le virus chinois ne sait probablement pas lire le Français.
– JS : Macron a raison : dans une dictature, quand tu manifestes dans la rue pour tes droits, tu prends le risque de te faire arrêter, blesser, mutiler ou tuer par des miliciens masqués et armés agissant en toute impunité. Ce n’est heureusement pas le cas en France.
– NP : En chine en 10 jours tu peux construire un hôpital de 1 000 places. En France en 10 jours (si tu forces un peu) tu peux réussir à faire accrocher le permis de construire. Pas l’obtenir hein, juste faire mettre le panneau sur le site.
– MK : Premier cas de Coronavirus en France : Vite, vite Brigitte, les pièces jaunes !
– PE : L’idée, c’est que tout le monde soit gagnant, avec cette réforme des retraites.  La question, c’est : qui connaît ce Tout le monde et peut me mettre en contact ?

FESSEBOUQUERIES RAPPEL : Je collecte au long de la semaine les posts FB et les twitts d’actu qui m’ont fait rire. Les deux lettres sont les initiales des auteurs, ou les 2 premières lettres de leur pseudo. Illustration d’après photo web © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site ici. Merci d’avance.

Quand t'es dans le désert…

Rose désert est le deuxième roman de Violaine Huisman (fille de) où elle raconte… Violaine dans le désert. Elle ne dit pas, dans les interviews, qu’il s’agit d’elle mais oui, pourtant, sa mère bipolaire, son père, ses lieux d’habitation, etc. Donc Violaine, même pas la trentaine, pour échapper à un violent amour toxique, un mec qu’elle adore mais dont elle pense qu’il ne l’aime pas et qui la baise avec brutalité, qui travaille dans l’édition, comme elle, à New York, donc décide de se rendre à l’invitation de sa soeur qui fête ses trente ans à Marrakech avec faste. Ce sera son point de départ. De là, elle enchaînera sur un périple africain qui la mènera, sans aucune préparation, à Dakar où vit depuis peu, sa foldingue de mère, mariée à un Africain. On aborde le voyage par Nouakchott en  Mauritanie où Violaine, sans aucune réticence,  se laisse guider par un homme plus âgé, Serge, buveur de bière dès le matin, qui va la transbahuter où elle veut. Ce qu’elle veut, c’est aller voir une vieille ville de sable. Entre temps, un soir, elle se laisse embringuer par un splendide mec en Porsche, alors qu’elle est déjà ivre. Il lui fait prendre des substances dans la boîte clandestine où il l’entraîne. Cette fois, elle a peur. Au matin, elle se retrouve dans son lit à l’hôtel, ses affaires bien pliées, dans un état lamentable, ne se souvenant absolument de rien.
A Dakar, la surprise sera forte : le mari de sa mère, déjà, pour lequel elle ressent un véritable choc, puis l’endroit où ils vivent. Mais sa mère est à Paris, pour se soigner. En fait, elle se suicide.
Bref, des mésaventures de toutes sortes entre lesquelles elle raconte ses histoires d’amour d’avant et surtout celle avec lui, le fameux toxique. Il est beaucoup question de sexe dans son vécu. Une fille plutôt instable, qui compte parfois sur son père pour s’en sortir mais son lourd passé, avec cette mère bipolaire fantasque dont elles devaient s’occuper avec sa soeur, depuis toutes petites l’excuse.
Ce roman très bien raconté, sec, emporté, sans concession de l’écrivaine par rapport au personnage qu’elle campe se compose de trois parties : en premier, elle dit je, raconte son voyage en direct, ses réminiscences, ses sensations, ce qui l’a amenée à ça. La deuxième partie relate sa vie, écrite de facçon factuelle à la troisième personne, ses parents, son enfance, une rupture curieuse de style mais qui complète le portrait, qui l’encadre. En trois, le je revient pour boucler le voyage. Ce n’est pas toujours facile de savoir à quelle tranche de sa vie elle en est à cause de nombreux flashes-back, sans être réellement gênant.
Un livre très attachant qui m’a donné envie de lire le premier roman centré sur sa mère.

Rose désert de Violaine Huisman, 2019 aux éditions Gallimard. 236 pages, 19 €

Texte © dominique cozette

Les Fessebouqueries #479

Apparemment, il est plus difficile de faire cesser une grève que de faire passer un chameau dans le chas d’une aiguille. Les retraites, ça turlupine toutes les catégories sociales, même la plus haute, je veux parler de celle de Ghosn qui en appelle aux prudhommes. Et puis Meghan et Harry qui veulent gagner leurs sous eux-mêmes, trouver un emploi, y a qu’à traverser… l’océan. Mais attention de ne pas s’endormir à l’ouvrage, y aura toujours une teigne pour vous faire perdre la place ! En tout cas, l’ex-curé Preynat va la payer cher, sa place de preynateur ! What else ? Hé bien LePen et Fillon le retour à l’actualité, les cauchemars sont toujours récurrents. Quant au président, il a défié le peuple de venir le chercher. Eh bien, quand on vous cherche, on vous trouve… même dans un (amphi)théâtre, m’sieur Macron ! Mais que ceci et cela n’amoche pas votre week-end tout frais soit-il !
– MK : Donc le premier sinistre Philippe retire PROVISOIREMENT de l’AVANT-projet l’âge de Bernard Pivot. Dites, il nous prend pour des cons ou quoi ?
– GP : L’avocat de Carlos Goshn nous parle de haine du riche. personne ne détesterait les riches s’ils étaient plus généreux. Peut- être seraient-ils moins riches s’ils étaient généreux ?
– CC : Les gens qui mangent un kebab/Mc Do dans le compartiment du train, j’imagine que vous acceptez qu’on vienne chier au milieu de votre salon ? AH NON ? VRAIMENT ? BAH VOILÀ PUTAIN C’EST PAS COMPLIQUÉ À COMPRENDRE.
– DT : C’est la fuite chez Renault, après Carlos Goshn c’est au tour de Meghan.
– MH : Avec l’ouverture du procès Preynat la Justice se retrouve le cul entre diocèses.
– VL : Le mec (Fillon) a quitté la politique, ne représente plus rien ni personne, mais on lui donne deux heures d’émission sur le service public parce qu’il est condamné pour avoir détourné de l’argent public, ça devient la spécialité de Léa Salamé.
– MA : Pendant que des millions de gens se battent pour défendre des retraites dignes, Carlos Ghosn pousse l’indécence à son paroxysme en réclamant sa retraite-chapeau. Et si on mettait plutôt un terme à ces privilèges de classe pour financer nos retraites ?
– CC : Pour un mouvement qui s’essouffle, on a quand même des cheminots, des infirmières, des danseurs, des journalistes, des pilotes d’hélicoptère, des avocats, des profs, des gilets jaune, ta mère et Raymond dans la rue depuis plus d’un mois. Ça, il l’aura mise En Marche! la France !
– MK : Harry va-t-il rendre sa Meghan à Ghosn, l’ancien patron de Renault ?
– PA : — Félicitations, et bienvenue à la SNCF !  —  Merci ! Je commence quand ? —  Dès demain.  —  Parfait ! Je serai là après-demain.  —  Vous apprenez vite !
– MG : Si à 50 ans tu n’as pas interviewé Carlos Ghosn (en exclusivité), c’est que tu as raté ta carrière de journaliste.
– JH : On retient que si tu es éboueur et que tu te fais dénoncer par un pelo sur Twitter pour t’être reposé pendant ta pause, t’es viré. Mais que si tu es mis en examen pour prise illégale d’intérêts et que tout les médias en parle, tu peux rester président de l’Assemblée Nationale.
– RA : A quel moment, à quel putain de moment tu prends le type en photo pour le dénoncer à sa hiérarchie !? Je ne sais ce qui est le plus débectant, la fachote de balance ou la saloperie de hiérarchie….?
– OK : J’ai la photo d’un sénateur qui roupille. Ah … si seulement j’étais une ordure, je partagerais cette photo sur Twitter et je le ferais virer.
– JB : Je suis personnellement favorable à l’âge poivrot. Qu’on puisse au moins picoler en retraite.
– OVH : Ségoléne, Meghan et Harry, même combat : crache dans la soupe pas sur les sous.
– GP : 1,87 enfant , on comprend pourquoi certains ne sont pas finis.
– SDM : « L’âge Pivot, c’est quand on perd ses dents de lait. » (Gabriel Matzneff)
– SJ : Je me demande si les mecs qui expliquent qu’on a besoin d’interpeller des femmes dans la rue pour faire des rencontres romantiques essayent aussi de se faire des amis en alpaguant des inconnus dans l’espace public.
– CC : J’aime bien la question « et si l’Etat français récupérait les autoroutes et les rendait gratuites comme vient de le faire l’Espagne ? » dans le JT de France 2.
– NP : Le mec à deux doigts d’inventer le salaire universel : si tu travailles tu touches un salaire, mais évidemment ce n’est pas le même pour Carlos Ghosn et pour un balayeur. Mais c’est disruptif parce que c’est U…NI…VER…SEL.
– CE : DEMAIN DANS LE CANARD Macron découvre enfin l’existence des violences policières : « Désolé, ça ne m’avait pas sauté aux yeux ! »
– MK : Ça y est, on commence à nous vendre un second tour Macron- LePen avant d’avoir fait le premier. Rappelons aux électeurs que, pour éviter ça, il suffit de voter ni pour Macron ni pour LePen au premier tour. C’est pas plus difficile que ça !
– ES : Le problème en France c’est qu’on a le choix entre : —  voter Le Pen —  voter pour faire barrage à Le Pen en faveur d’un président contre lequel on organisera des manifs qui seront réprimées par une police qui vote majoritairement pour Le Pen. Bref on n’est pas dans la merde.
– MK : Marine Le Pen candidate à la présidentielle de 2022. Elle s’entraîne au duel. Elle distingue déjà la SNCF de la RATP.
– RA : Les crétins qui croivent encore que LREM c’est la solution… faudrait peut-être leur dire que le verbe croiver n’existe pas..
– SD : Le président avait dit : venez me chercher, on dirait bien qu’ils arrivent ! (Hier soir aux Bouffes du Nord).
– PA : Discuter avec sa femme, c’est comme se faire arrêter. Tout ce que vous dites sera utilisé contre vous.
– JS : « S’ils veulent un responsable, il est devant vous, qu’ils viennent le chercher »(Macron).  « OK, mais pas ce soir j’ai théâtre ».
– BA : Hier, Marlène Schiappa obligée de fuir une pizzeria sans finir sa quatre-fromages. Aujourd’hui, Manu obligé de fuir un théâtre avant la fin de la pièce. Demain, Castaner obligé de fuir une boîte de nuit avant d’avoir pécho dans les chiottes ?
– JE : Évacuation d’Emmanuel Macron du théâtre des Bouffes du Nord après l’arrivée de manifestants, réaction exclusive du Chef de l’État. « C’est bien la première fois que les Français m’écoutent. Cette fois, ils sont vraiment venus me chercher. »
– JS : Benalla qui donne des leçons de maintien de l’ordre. On attend le tweet de Michel Fourniret sur la qualité du dialogue avec une ado difficile.
– OM : J’ai des vieux magazines et des merdes à balancer, quelqu’un sait si un ministre descend bientôt sur Toulouse ?
– ASG : J’ai 45 ans et apparemment je lis de la littérature pour « jeunes adultes ». Désolée si je préfère les histoires de gens qui traversent des miroirs à celles de vieux mecs blancs qui n’arrivent plus à bander et accusent les arabes et les féministes.
– OK :  Et pendant ce temps-là, tout le monde s’en branle du Paris Dakar.

FESSEBOUQUERIES RAPPEL : Je collecte au long de la semaine les posts FB et les twitts d’actu qui m’ont fait rire. Les deux lettres sont les initiales des auteurs, ou les 2 premières lettres de leur pseudo. Illustration d’après photo web © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site ici. Merci d’avance.

Demander pardon aux femmes ? Et puis quoi encore…

Eva Ensler (es Monologues du vagin), a créé une fondation, le VDay, pour aider les femmes abusées, et vient de sortir Pardon, un livre très dérangeant puisque c’est elle qui tient la plume à la place de son père, mort depuis trente ans, qui demanderait pardon à sa fille pour tout le mal qu’il lui a fait. Eve Ensler dit dans une interview que les hommes ne sont pas formatés pour demander pardon, ce serait trahir tous les hommes que de montrer la faiblesse de l’un d’eux. Comme on le sait, les violences que subissent les enfants sont destructrices à très long terme, enfouies ou non. Voilà des décennies qu’Eve se reconstruit difficilement, qu’elle essaie d’écrire sur son père malfaisant mais qu’elle n’y arrivait pas. Jusqu’à ce qu’elle trouve ce subterfuge. Ainsi, elle s’allège de la douleur d’avoir été niée, chosifiée. Le pardon existera même si c’est elle qui l’a fabriqué.
Son père : un type élevé à la dure, sans tendresse ni de ses parents, ni de sa fratrie. L’illumination a lieu lorsqu’il voit des films américains. Il est bluffé par l’allure de ces hommes élégants, les héros d’Hollywood si séduisants. Il se met à les copier et peu à peu, il devient comme eux : irrésistible. Il sait qu’il est creux, mais au moins, il brille. A cinquante ans, il rencontre une bombe de vingt ans, la mère d’Eve. Ensemble, ils forment un couple chaud glamour, sont de toutes les fêtes new-yorkaises où on les appelle Cary Grant et Doris Day. Puis naît Eve. Alors là, le père est bouleversé : quoi de plus tendre, de plus innocent, de plus vivant que ce petit être qu’il se met à adorer plus que de raison. Il est totalement enflammé par sa passion, comme jamais il ne l’a été. C’est lorsqu’elle a cinq ans, lors d’un jeu taquin qu’elle aimait, qu’il dérape. Et ça ne s’arrêtera plus. Puisque le corps de la petite est si offert, si palpitant, il sera tous les soirs sa source de caresses, son violeur adoré, dans le plus grand des secret. Jusqu’au jour où, après un retour des vacances, elle est tellement occupée avec un garçon à un jeu d’enfants (ils ont dix ans), qu’elle l’ignore. Il est tellement abasourdi de voir comment elle l’a oublié qu’il décide de la soumettre d’une autre façon, de lui montrer qui est le maître. Et démarrent alors les violences physiques, verbales, les humiliations, les punitions, les tentatives de meurtre, tous les sévices possibles et surtout (!) la totale déconstruction de son mental : il l’abêtit, il en fait un petit animal apeuré, nul, qui a perdu toute confiance en elle, qui devient un cancre. Ne parlons pas de sa santé physique. Et chaque fois qu’elle fuira, ou tentera, notamment dans son mariage avec un barman, les rétorsions seront d’une brutalité folle.
Ce qui est dérangeant, c’est de garder en tête que ce n’est pas le père qui écrit pour demander pardon, mais elle. Evidemment, elle se sert de ses souvenirs  mais elle se décrit elle-même de façon très positive : elle est la plus jolie, la plus intelligente, la plus craquante etc… Parfois, on se dit qu’elle attige, mais peut-être pas. On ne sait pas. En tout cas, elle ne nous épargne pas les détails de son enfance, son adolescence et sa jeunesse martyrisées , saccagées. Et sa mère ? Elle s’est pliée aux ordres du mari. Comme souvent.
C’est un livre important mais le fait d’écrire par personne interposée le rend moins touchant. Enfin, c’est mon point de vue. Mais ne le rend pas moins horrible par rapport à ce que peuvent faire subir des adultes à des enfants.

Pardon d’Eve Ensler. 2019 chez Denoël traduit par Héloïse Esquié. 140 pages, 16 €.

Texte © dominique cozette

L'intimité de Kureishi

En prenant Intimité de Hanik Kureishi à la médiathèque, je ne savais pas qu’il était à l’origine du film de Chéreau que j’avais beaucoup apprécié. Je me souvenais néanmoins que l’auteur était aussi celui du scenario de My beautiful laundrette entre autres. Ce livre, du siècle dernier, est mince et commence bille en tête par l’histoire qu’il va dérouler : c’est la dernière soirée qu’il passe chez lui avec sa femme, ses deux petits garçons dorment. Il n’a rien dit à Susan, il s’en ira demain matin, avec un simple sac, loger chez son ami Victor, dans un réduit sans placard. Ce qui explique qu’il va pratiquement tout laisser. Cette dernière nuit, il livre ses sentiments, ses ressentiments plutôt, sur son couple. Il débine sa femme devenue dure, qui ne supporte plus d’être touchée. Il sait très bien que ses garçons vont mal vivre son départ surprise, qu’ils ne le comprendront pas, qu’ils en porteront longtemps les stigmates, qu’il ne les reverra que très rarement. Il subodore que si l’amour l’a déserté, le même phénomène se reproduire avec une autre femme. Il pense alors à Nina, sa maîtresse indomptée avec qui il vit de passionnels moments de sexe, mais qui ne le supporte plus et a disparu. Qui a aussi couché avec Victor mais l’histoire date. Et il se remémore la nuit où sa femme venait juste d’accoucher du premier, il s’est tiré avec une de ses maîtresses en n’embrassant même pas Susan, ce qu’elle lui reprochera longtemps.
Durant cette nuit, il navigue entre l’attitude de ses deux amis, Victor donc qui a lui aussi quitté femme et enfants pour vivre sa vie, c’est à dire baiser des femmes sans s’attacher, aller au café, rester libre : cela lui convient, il ne regrette rien. Et un autre ami, Asif, qui continue à s’accrocher coûte que coûte à son couple même si leur mésentente est visible : mais pour lui, faire durerl e couple une bataille essentielle qu’il faut continuer à livrer, rien ne sert de partir. « Et pense aux enfants », ajoute-t-il.
Désir, absence de désir, Kureishi dissèque les constituants de l’amour, les épuise durant la nuit, tente de se masturber dans une culotte de sa femme, puis décroche une photo de Lennon dédicacée pour l’emporter, n’arrive pas à faire son sac. Sa femme se lève, essaie de le sonder mais il ne lâchera rien.
C’est superbement écrit ou traduit, on a envie de cocher toutes les phrases…
Il paraît que ce livre a été vivement critiqué lors de sa sortie vu qu’il venait de quitter sa femme et ses fils… Ah, les écrivains !

Intimité de Hanik Kureishi (Intimacy) traduit par Brice Matthieussent, 1998. Aux éditions Christian Bourgois, 168 pages, 90 francs (!). Existe en poche.

texte © dominique cozette

 

Si tu meurs, je te tue.

Pour commémorer dignement les attentats de Charlie, j’ai acheté le livre de Chloé Verlhac, la veuve de Tignous (Bernard Verlhac),  joliment intitulé Si tu meurs, je te tue, une phrase qu’elle lui disait pour lui interdire de partir, vu qu’il évoquait cette probabilité de mourir avant elle puisque plus âgé. Tignous, c’était son amoureux, l’homme de sa vie, le père de ses deux gamins de 5 et 10 ans, le père aussi de deux plus grandes filles dont l’une sera toujours aux côté de Chloé dès le début. Le début, c’est que lorsqu’elle se précipite au journal le 7 janvier, évidemment, le quartier est bouclé, elle passe extrêmement difficilement les barrages puis on la bloque, on ne lui dit rien. Et là, elle voit passer tranquillement l’avocat Richard Malka avec Jeannette Bougrad, la compagne présumée de Charb. Elle l’interpelle, mais ils rentrent tous les deux à l’endroit dédié aux proches, mais ne fait rien pour elle. Tout au long de ces prémices atroces, on va la négliger, la laisser en plan, ne rien lui dire. Puis, alors que ça y est, elle sait qu’il est mort, des secours pour les proches s’organisent mais là encore, il faut qu’elle fasse des pieds et des mains avec sa belle-fille pour qu’on les emmène dans la cellule de crise. Tout au long de son deuil, elle va aller de déception en déception. Charlie, le journal, se détourne d’elle. Les assos d’aide aux victimes ne transmettent pas les documents car « c’est un cas compliqué », les assurances pareil. Ensuite, plus tard, elle devra convaincre une psy de la douleur de sa perte. Obscène. Elle ne comprend pas le décalage entre l’énormité de cet événement devenu mondial et le peu de cas que l’on fait d’elle, une des principales victimes de l’attentat. C’est énorme.
Bien sûr, elle est effondrée, mais il y a les petits à protéger, puis tous ces gens qui viennent la voir, les journalistes, les politiques, les amis, les amis d’amis. Heureusement qu’elle est bien entourée. Alors que Hollande, qu’il a reçue à l’Elysée, lui avait fait la promesse de s’occuper de son dossier, il ne fait rien. Et tout est à l’avenant. Mais elle rencontre des gens formidables, qui feront ce qu’il faut pour elle qui veut perpétrer la mémoire de Tignous (impossible de compter sur les nouveaux patrons de Charlie !), notamment la maire de Paris, Hidalgo, et celle de Montreuil qui met une logistique à sa disposition pour lui rendre la vie plus simple. Et surtout Christiane Taubira qui va faire accélérer les choses et deviendra une amie au long cours.
Mais le livre, c’est d’abord une histoire d’amour, de tendres souvenirs, des mots doux, des tranches de Tignous dans ses petites manies, ses habitudes, ses passions, leurs enfants et leur chagrin. Ce livre, c’est pour l’aider à passer à autre chose, non pas s’éloigner de son amour, mais de séparer l’homme qu’elle aimait et aimera toujours de l’artiste dont elle va faire vivre les œuvres, des milliers de dessins, des projets presque aboutis… Son nom a été donné à la salle des Commissions de l’Hôtel de Ville et à un centre d’art contemporain à Montreuil, entre autres. Et Chloé a publié plusieurs livres de Tignous.
C’est un livre du cœur, poignant mais résilient qui nous fait (presque) envier son autrice d’avoir connu cet homme si chouette.
Un très bel interview d’elle dans Madame Figaro, ici.

Si tu meurs, je te tue de Chloé Verlhac aux éditions Plon. 2020. 222 pages, 18 €.

Texte © dominique cozette

Les Fessebouqueries #478

Il y a des fois où on a trop de restes et quelques petits produits frais mais pas assez pour en faire un plat, alors on mitonne un fourzytou, c’est pas mauvais. Cette semaine, on a une queue de Matzneff, des résidus de Trump, un gros déchet de Caca-rente, des débris de pièces jaunes, des bouts de matraques, un noyau d’avocat, un fond de pension de retraites, un surplus de sushi à la libanaise, le tout sur feu vif australien. Ah, flûte, un cheveu dans la soupe ! Celui de Dessange sûrement. Que cela ne vous coupe pas l’appétit pour passer un super week-end !
– JM : Quel monde merveilleux où les escrocs se font exfiltrer pendant que les lanceurs d’alertes croupissent en prison.
– AdN : On se fout des aborigènes qui brûlent en Australie parce qu’ils sont 3% alors pourquoi ici on se fatigue à gueuler contre les régimes « spéciaux » qui sont 3% aussi ?
– JE : L’ACTU DU JOUR : La Ministre des Sports annonce que la France organisera le « championnat du monde de coups de matraque » en 2021.
– CEMT : Le Paris-Dakar en Arabie Saoudite, une idée sympa pour conjuguer mépris de l’environnement et mépris des droits de l’homme, avec un peu de chance ils pourront assister à la décapitation d’un écologiste avant le départ.
– RR : Mon assureur m’a souhaité bonne année mais ça manquait de franchise.
– GB : On se dirige vers une conférence du financement suivi d’un Grenelle sur l’âge pivot à laquelle succèderont une table ronde de la pénibilité et un livre blanc sur la décote couplés à un grand débat sur les régimes spéciaux et l’émission de pin’s sur l’année 1975.
– NP : Hanouna qui accuse Intervilles de faire de la merde c’est un peu comme si Jean-Luc Lahaye accusait Matzneff d’être pédophile…
– OM : On n’est pas foutu de savoir qui a poussé un mec dans la rivière mais on va s’occuper de résoudre la 3ème guerre mondiale…
– GD : Ma foi, il ne manque plus que l’avis d’Alain Finkielkraut sur l’affaire Matzneff pour réussir le Grand Chelem de la moisissure cérébrale contemporaine.
– PR : Ça fait plaisir de voir les actionnaires du CAC40 s’en mettre plein les fouilles. Au moins, on sait où va l’argent. Dans un monde en perte des repères, c’est déjà ça. C’est rassurant.
– CV : On vient d’apprendre la mort du coiffeur Jacques Dessange à l’âge de 94 ans. La police ne serait pas impliquée dans ce décès. On va quand même vérifier.
– ES : Jacques Dessange s’en est allé : vous voulez dire, de manière permanente ?
– PE : Avec les exploits des forces de l’ordre, on est un peu comme dans Les Experts : on apprend du vocabulaire médical à chaque nouvel épisode : Fracture du Larynx, Nécrose cérébrale, Énucléation, Amputation d’extrémité de membre, Fracas maxillo-facial et dentaire, Traumatisme cranio-cérébral  Etc…
– ML : Janvier 2015 : j’ai embrassé un flic. Janvier 2020 : un flic m’a étouffé.
– NP : C’est bizarre ce silence de Trump après les frappes iraniennes… Est ce qu’on imagine deux secondes Roosevelt dire « Je suis crevé ce soir, on verra ça demain matin. » après Pearl Harbor?
– CC : Le préfet de Police rappelle que la présomption d’innocence est une garantie démocratique qui vaut pour tous, y compris pour les policiers. Sauf pour les mecs un peu typés, les gilets jaunes, les manifestants, les livreurs, les… on ne reconnaît plus votre sens de la démocratie « d’un bon œil ».
– OK : J’imagine des extraterrestres qui recherchent ailleurs dans l’univers, une forme de vie intelligente. NOUS SOMMES PEINARDS !
– CEMT : Le mec est en cavale et il a droit à deux heures sur toutes les chaînes info pour se défendre, Xavier Dupont de Ligonnès peut revenir il craint plus rien.
– CB : — « Mais bordel, j’en peux plus de mes avocats, y font chier! » — « Qu’est ce qui se passe? » — « Ben, je veux changer leur régime de retraite, je double leurs cotisations et je nique leur pension de retraite d’un tiers, je comprends pas pourquoi ils font la gueule »
– CC : J’avais raté ça : Ghosn compte faire valoir ses droits en France, il n’aurait jamais démissionné de Renault et de Nissan. En gros le mec compte aller aux Prud’hommes puis réclamer ses droits à la retraite (et ça va pas être 1000 balles hein..).
– DJ : Jusqu’ici, les responsables de Gallimard publiaient un journal qu’ils ne lisaient pas.
– IS : 2020, Brigitte a une vraie idée…. Mendier nos pièces jaunes pour sauver l’hôpital… Elle a mis son tailleur Vuiton, qu’elle a assorti avec des pompes à 5000 et un petit sac à 10 000 puis elle s’est déplacée en personne pour nous expliquer la profondeur de son projet…. « Vous avez les tirelires, vous les remplissez à ras bord et vous les rapportez avant le 14 février ! ».
– SD : S’il vous reste une petite pièce. Quand la charité se fout de l’hôpital
– MK : Solidarité pour l’Australie : le « Slip français » veut réintroduire le kangourou !
– CC : Ce matin, je devais me faire livrer des meubles à dix heures. Par chance, les livreurs sont arrivés avec un peu d’avance, vers midi et demie.
– OM : Je me demande combien de temps Nicolas Sarkozy va résister à la grève des avocats…
– NP : — Mais concrètement ça fera quoi sur nos retraites la réforme ? — Ben on le saura plus tard quand on aura voté la loi. — Donc on doit vous faire confiance ? — Ben oui. Pourquoi ? Vous avez des doutes ?
– ES : J’ai lu un livre qui s’appelle « Développez votre emmental », mais je ne sais plus de quoi ça parle, j’ai des trous.
– MH : Je viens de relire les mémoires de Champollion, le célèbre archéologue, en livre de pioche. L’éditeur a du s’en mettre plein les fouilles.
– CEMT : « D’accord, l’Australie est en train de brûler, mais moi j’ai vu un kangourou au zoo de Vincennes et il allait très bien ! »
– CC : pour échapper aux juges, Sarkozy va se barrer en Hongrie. Dans un vanity-case.
– NP : Bref un vieux con c’est quelqu’un qui trouve que notre époque est pourrie parce qu’on ne peut plus : 1- être raciste ou 2- harceler les femmes ou 3- coucher avec des enfants ou 4- pourrir la planète tranquillement. Et pour les plus graves les 4 en même temps.
– CEMT : Arrêtez de dire du mal des policiers ! Regardez, celui-là essaye d’apprendre une position de yoga compliquée à un journaliste pendant que son collègue piétine son matériel pour qu’il ne se laisse pas distraire.
– CC : Du côté de LVMH, on habille gratuitement madame Macron (conseillée sur son style par Delphine Arnault) qui eut l’heureux bonheur d’enseigner aux 3 fils de Bernard Arnault. On ne reviendra pas sur sa magnifique fondation payée grâce à l’argent public !
– CV : Résumé des épisodes précédents : en un an et demi de mandat, Macron et ses sbires se sont mis à dos : les pauvres, le personnel médical, les cheminots, les pompiers, tout Radio France, l’Opéra de Paris, les chômeurs, les profs, les précaires et j’en oublie. Dans son camp, ne restent que les ultra-riches et les flics. Ah oui, et les trolls aussi.
– TC : Les gars se colettent avec des crocodiles toute l’année mais ils trouvent les dromadaires dangereux
– OM : Donc des Canadiens nous disent que des Iraniens ont abattu un avion ukrainien en voulant se venger des Américains… C’est pas beau la mondialisation ?
– CEMT : Non mais ça va ! Ils s’excusent ! Et puis qui n’a jamais abattu un Boeing 737 et tué 176 personnes par erreur ?
– NP : Maintenant qu’on sait que, contrairement à la légende, les avocats ne sont pas à poil sous leur robe, on demande la même chose avec les infirmières. Pour la science.
– ST : Est-ce qu’en 2020 on peut arrêter les soirées qui débutent à 23h30 et faire un petit 18h-22h pépère svp, on est vieux merci.

FESSEBOUQUERIES RAPPEL : Je collecte au long de la semaine les posts FB et les twitts d’actu qui m’ont fait rire. Les deux lettres sont les initiales des auteurs, ou les 2 premières lettres de leur pseudo. Illustration d’après photo web © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site ici. Merci d’avance.

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