Les Fessebouqueries #472

Black is black, criait l’actu, cette semaine. Oui, noir c’est noir, répondait Johnny dans l’écho de son caveau ensoleillé sans savoir qu’on ne parlait pas de lui (sauf de sa veuve ayant retrouvé l’amour sur la couv des mag) mais de plein d’autres choses qui fâchent comme Balkany qui perd son avocat, l’Argens qui ruisselle à flots sur ses pauvres (riverains) donnant par là raison à la théorie du prèz, la grosse voix testostéronée de Demorand piégée par la grève, les écoles qui ne trouvent pas de feignants de profs pour faire la classe, Villani dont la candidature asperge un peu de m… le parti au pouvoir, les paysans qui crèvent de crever pour pas un radis bio, et last but not liste comme disent les acheteurs impénitents, le Black Friday qui n’est ni un Black Sabbath, ni un Noir qui aime les frites du jour, mais un mouvement de foule se ruant follement vers des affaires qui puent quand même majoritairement le Grand Moisi. Alors décroisons élégamment nos jambes comme jadis la belle Sharon (dont le cerveau n’était certes pas boudiné par la culotte ) pour jouir d’un week-end décontracté du… Quoi ? Rhoooo….

– GP : Trop d’inégalités dans le régime des retraites. Alignons tout ça sur le modèle des retraites des politiques.
– JPT : Quand ça avantage un riche, c’est un privilège. Quand ça avantage un travailleur, c’est un régime spécial obtenu à la su!te d’une lutte farouche. Franchement, qu’est-ce que vous ne comprenez pas à l’économie sociale en France ?
– CC : À en juger par les râles appuyés venant de la chambre du dessus, difficile de savoir si le monsieur est sur le point de jouir ou s’il vient de se cogner le petit orteil contre la table basse, je vous tiens au courant.
– MK : Hong-Kong : quand on voit le nombre de pékins qui votent contre la Chine…
– EEF : Certains mecs devraient faire gaffe en croisant leurs jambes, ils écrasent leur cerveau.
– RR : En raison de la grève de France Inter et pour échapper aux rafales de pubs d’Europe 1 en ce jour de black friday, j’écoute France Bleu Nord. Merci au grévistes de revenir vite. Cordialement.
– MM : Aujourd’hui au boulot, y’a un rebeu qui s’est fait piquer son vélo. Il me lâche : « Je suis sûr que c’est un coup des gitans, cette sale race là ».  J’étais ému, c’est la première fois que je vois un rebeu aussi bien intégré en France
– NP : Dati, Schiappa, Hidalgo… Deux femmes sur trois seront battues le soir des élections municipales à Paris… Et le gouvernement prétend vouloir lutter contre les violences faites aux femmes….
– RR : L’égalité existera quand les hommes feront leur petite bonne femme de chemin, comme nous notre petit bonhomme.
– MK : Drame conjugal à Levallois : Balkany se sépare de Dupont-Moretti.
– DF : A vendre au bord de l’Argens maison « les pieds dans l’eau »; prévoir petits travaux
– OVH : Chasse à la glu : il faut séparer l’homme du chasseur.
– JB : Moi qui pensais que Michel fournirait un bon alibi…
– CC : —  elle est blonde —  blonde comment ? platine, norvégien, vénitien, paille, cuivré ? —  blonde frite.
– MK : Trump soutenant la démocratie (à Hong-Kong) ça sonne aussi faux que si Macron soutenait la non-violence.
– GD : Je lis ici et là que nombre de postes de professeurs ne trouvent pas preneurs. Triste pays où même les jobs de fainéants à gros salaires n’attirent personne.
– OM : Franchement, si Cédric Villani était autiste, ce serait pas plutôt carrément un énorme atout pour séduire le parisien moyen…?
– NP : Quel est la musique préférée des prêtres pédophiles ? La messe en six mineurs.
– AB : Quand Trump poste un montage où il apparaît en Rocky Stallone musclé, la question n’est plus de savoir s’il est digne de sa fonction mais s’il sera interné en psy ou dans un cirque.
– PG : Si je dis que j’encule le Black Friday, va-t-on dire que c’est le type même du viol raciste et colonialiste d’un blanc sur une personne opprimée ? Bon, mon seul écart en ce « vendredi noir » c’est un white russian ! Vous savez pas ce que c’est ? Allez vous faire enculer, vous ne me méritez pas !
– RR : L’ironie serait de poser un congé sans solde pour profiter du black friday.
– AB : La Macronie, ce pays où l’agriculteur bosse 7 j/7, vend à perte, ne gagne que 400 €/mois et ne peut rembourser ses emprunts.  — C’était déjà comme ça avant.  —  Et ? —  Euh…
– ES : Tout le paradoxe Black Friday résumé dans Libé aujourd’hui : — 4 pages et la une pour en évoquer les calamités —  plus loin, 3 énormes pubs (Fnac, Monoprix, Nespresso) sur 4 ou 5 colonnes.
– DA : – Allô Damian c’est toi ? —  Bah oui Mamy —  C’est toi Damian ? —  Oui Mamy c’est Damian !! — ALLÔÔÔ ?? QUI EST AU BOUT DU FIL ? DAMIAN C’EST TOI ??? —  NAN C’EST EMMANUEL MACRON ! — Ah pardon (elle raccroche).  Ma grand-mère, 99 ans, impératrice du 1er degré.
– RDB : Donc le Black Friday c’est LE jour de l’année où la pub c’est mal et où la surconsommation mène à la destruction de la civilisation, mais les 364 autres jours ça passe et on base même l’indice de moral des ménages sur leur capacité à consommer ? Non mais c’est intéressant.
– JT : Arrêtez de dire que c’était mieux avant, je vous rappelle qu’avant les textos, on était obligé de parler aux gens pour mettre un terme à une relation.
– RR : Prévenez-moi quand on pourra recommencer à faire des emplettes à des prix normaux. Je ne sais plus quoi faire de mon pognon de dingue.
– RP : Macron : « Il me manque un Jack Lang ». Jusque là, je trouve qu’on arrive plutôt à s’en passer
– NI : Vous allez vous habiller comment pour la grève des cheminots, de la RATP, des enseignants, des étudiants, d’EDF, d’Air France, des transports routiers et de la police du 5 décembre ?

FESSEBOUQUERIES RAPPEL : Je collecte au long de la semaine les posts FB et les twitts d’actu qui m’ont fait rire. Les deux lettres sont les initiales des auteurs, ou les 2 premières lettres de leur pseudo. Illustration d’après photo web © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site ici. Merci d’avance.

Délation ou dénonciation ? Nuance !

Chère Brigitte Macron,

Je ne doute pas que vous ayez fait le maximum pour que votre petit protégé, lorsqu’il était votre élève, apprenne au mieux à manier la langue. On ne peut pas dire qu’il n’aura pas joui de votre savoir lors de cours particuliers. Très particuliers. Mais alors, chère Brigitte, comment se fait-il qu’il confonde encore délation et dénonciation ?
Tout récemment, à propos des violences faites aux femmes, il a en effet annoncé qu’il ne voulait pas « que nous tombions dans un quotidien de la délation » alors qu’il était question de dénoncer les soupçons de violence commises sur une femme.
Parfois, c’est bien pratique de parler de délation quand on préfère l’omerta sur certaines questions, car elle renvoie immanquablement à la période tristement célèbre de la « dénonciation » des Juifs. Qui est de la pure délation. C’est pourquoi votre époux aurait dû parler de dénonciation, qui participe d’une bonne intention, contrairement à la délation.
Selon l’institut du salarié :
« La dénonciation consiste à révéler l’existence d’une situation contraire à la morale […] On se met dans ce cas à la place de l’autre, victime pour laquelle on compatit, ou bourreau qu’on exècre. La dénonciation est motivée par le bien-être d’autrui que l’on sait menacé, et auquel on ne peut rester indifférent. Faire cesser cette situation en la révélant nous procurera […] la satisfaction d’avoir bien agi. La dénonciation vise à faire du bien. »
« Les leviers de la délation sont différents. C’est la volonté de nuire, ou de régler ses comptes qui amène le délateur à révéler des faits avérés ou pas […] La dénonciation c’est vouloir du bien, la délation vouloir du mal à l’autre. »
A la décharge de votre cher époux, beaucoup de tribuns, journalistes, politiques, confondent ces deux mots, abolissant de fait leur indéniable antinomie. Certains le font sciemment, se sentant peut-être visés en tant que Membres de la Grande Confrérie des Hommes, notamment lors de l’affaire DSK, ou plus récemment Weinstein.
Votre époux, ancien élève et chouchou, qui est aussi notre président à tous, je ne l’imagine pas vicieux au point de vouloir culpabiliser toutes celles et ceux qui tenteraient d’intervenir dans le noble but de sauver une femme (et des enfants) dans ces  affaire de violences, affaires qui, dorénavant, regardent tout le monde. Ne serait-il alors tout simplement qu’un mauvais élève en français ? Ce qui vous mettrait bien dans l’embarras.
Il serait alors intéressant de lui suggérer d’abuser (encore) de vos compétences pour un meilleur usage des mots car nous savons bien comment une utilisation erronée de la sémantique peut nous induire en erreur. Donc nuire à la compréhension de la chose publique en en détournant les intentions, ce que ne souhaiterait pas notre président.
Je vous remercie, chère Brigitte Macron, de transmettre à qui de droit avec tout le respect que je vous dois.

Texte © dominique cozette

Les couilles sur la table

C’est le nom d’un formidable podcast créé par Victoire Tuaillon qui développe, au fil de ses rencontres avec des chercheurs/euses, la formation de la masculinité. Car on ne naît pas homme, on le devient. Et c’est palpitant de voir comme toute notre culture est empreinte de petites choses qui semblent sans importance mais forment ensemble un système qui pèse sur tout le social, l’intime, le politique, l’humain. Si vous n’avez pas (eu) le temps d’en écouter les presque 50 épisodes, je vous conseille fortement le livre qui vient de sortir : il réunit, résume, synthétise ou reproduit les idées fortes des épisodes de son podcast.
Les Couilles sur la table est passionnant, ses sujets éclairants. On y apprend l’éducation virile pratiquée dans diverses cultures (et souvent il y a longtemps). Comment tout ce qui se fabrique ou se construit est calculé d’après l’homme qui est la mesure-étalon de tout : la main de l’homme pour les écrans des mobiles, l’usage de l’homme (les pipi-rooms où les femmes font toujours la queue), la conduite de l’homme : les accidents moins nombreux mais plus graves pour les femmes parce que les mannequins des crash-tests sont masculins, la santé de l’homme car les médicaments sont créés et testés en fonction du métabolismede  l’homme. Puis on comprend comment l’espace public est masculin, les noms des rues masculins, les coins mal éclairés, les endroits peu accessibles, pourquoi toujours les grands hommes statufiés sont en majesté, vêtus et que les femmes sont en général nues.
On y recense aussi, on connaît un tout petit peu, les privilèges de l’homme au travail, comment tout est fait pour que la femme s’occupe de l’intendance. On réfléchit sur le sujet du viol et des violences que beaucoup d’hommes dénient pour eux-mêmes. L’affaire Weinstein et la domination des puissants. Comment l’homme exploite la femme à la maison, la charge mentale portée par la femme. La culture du viol dont on commence vaguement à parler (le temps de « la soubrette qu’on trousse » lors de l’affaire DSK est passé) et les stéréotypes de la virilité dans la littérature, le cinéma, la poésie.
On y découvre la hiérarchie masculine et ses rivalités pour devenir le plus viril au détriment de la femme et de beaucoup d’hommes qui ne sont pas au sommet. On y donne aussi des idées de solutions pour que les inégalités entre hommes et femmes se réduisent, pour que l’homme considère enfin que la femme ne lui est pas inférieure….
Ce livre foisonne d’enseignements souvent étonnants, on peut même dire qu’il nous dessille tellement nous avons tendance à intérioriser la suprématie de l’homme blanc dominant. Comment résumer une telle somme ? Impossible.
A la fin, Victoire Tuaillon cite les ouvrages les plus importants, ceux qui ont servi pour les rencontres ou qui ont été cités, essais, thèses et fiction. Puis elle énumère, avec pitch, les épisodes du podcast jusqu’au 46ème. Il manque donc les quatre consacrés à une discussion avec Virginie Despentes dont je ne cesse de vous encourager à les écouter.
Je ne peux que vous conseiller ardemment la lecture de ce livre, que vous soyez fille ou gars. Il y a de très jolies illustrations, des couleurs de textes, c’est ludique et très agréable…(je ne répèterai pas que c’est passionnant. Ah si, je l’ai fait ! Au temps pour moi !)

Les Couilles sur la table de Victoire Tuaillon, 2019 chez Binge auto.éditions, dans toutes les librairies. 256 pages, 18 euros.
Pour écouter le podcast c’est ici

Texte © dominique cozette

Les Fessebouqueries #471

Ça se barre de tous les côtes, l’actu, cette semaine ! Au secours, centre d’appel, où dois-je donner de la tête ? Ah flûte, mon centre d’appel est occupé, y a jamais person qui y répond ! Alors, je vous mets tout en vrac, demerden-Sie sich et inch allah les femmes battues, celles bouffées par des chasses à courre ou violées par des artistes, ou qui bossent pour des glouches dans les hostos ! Et les hommes, tiens, ceux qui conduisent des camions trop lourds, des caisses dans les sables qatari, des bateaux-usines qui dévastent les mers, qui ont des relations bizarres avec les électeurs… tout ça est bien négatif, me direz-vous, paraphrasant notre trop cher prèz. C’est pourquoi je créé ce numéro d’urgence : tapez fessebouqueries sur votre bazar, il vous souhaitera un bon week-end ! #Metoo.

– MP : Alors que, les hommes, s’ils avaient leurs règles, y aurait 3 jours de congés par mois prévus dans le Code du travail depuis longtemps.
– CC : le train arrive en retard, les décorations de noël en avance, et la taxe d’habitation à l’heure
tout est en ordre
– MK : Pour la première fois, le président reconnaît « un recours excessif à la force » contre les manifestants. Si, si. Mais ça se passe au Chili, pas en France. Vous imaginez Macron reconnaître qu’il préside à la violence ?
– CC : Je viens de voir le prix d’un aspirateur Dyson j’espère que l’appartement est livré avec l’appareil.
– NP : La lutte contre le mal logement ? Une centrale d’appel. Les femmes battues ? Une centrale d’appel. La précarité étudiante ? Une centrale d’appel. C’est peut-être ça la solution contre la chômage du gouvernement : créer 3 millions de postes dans des centres d’appel.
– EB : En exclusivité, je vais vous dévoiler le plan d’urgence du gouvernement pour l’hôpital : non pas un mais deux numéros d’urgence ! Et un autocollant j’aime l’hôpital offert à tous les soignants. Si avec ça vous chialez encore, les plaques de cuisson à fion sont disponibles.
– GP : Balkany ne sera pas présent au grand meeting des maires de France pour raison de Santé
– OVH :  Bon, alors ce camion dans le Tarn, il était Mirepoix lourd ou Mirepoix léger ?
– GD : In French, we do not say « volonté politique de résoudre un grave problème de société », we say « mise en place d’un numéro d’appel d’urgence » and I think it’s du foutage de tronche dans les grandes largeurs.
– GB :  — « Une femme enceinte de 29 ans meurt en lisière de forêt dévorée par des chiens d’une chasse à courre à laquelle participait l’officier de gendarmerie menant l’enquête » . — « Stephen King ? David Lynch ? John Carpenter ? Umberto Eco? »  — « Non non. France. Dans l’Aisne. Samedi dernier »
– PA : Inquiétant, mais vrai : Sur les 80 milliards d’individus qui ont déjà fréquenté notre terre au cours des siècles, aucun n’a survécu.
– PI : Jour 6 sans électricité. Nous venons de manger un rat à la broche. J’ai récupéré le sel déversé sur les routes pour conserver nos aliments. J’ai trouvé un champignon. Je ne me rappelle plus exactement de la fin dans into the wild.
– RR : J’ai voulu regarder la télé : Cash Investigation sur les impôts, Djihadiste de père en fils sur Arte… En fin de compte je vais lire Cioran, ce sera plus optimiste.
– CHR : 16 octobre : un camion franchit un passage à niveau interdit aux poids lourds. Un TER le percute. On évoque la dangerosité des passages à niveaux. 18 novembre : un camion franchit un pont interdit aux poids lourds. Le pont s’effondre. On évoque la dangerosité des ponts.
– GlC : Les chasseurs français ont tués en France, ces 20 dernières années, plus de victimes que les attentats terroristes. On nous chie une pendule sur l’immigration et les jihadistes…
– NP : Rallye-Pakar en Arabie Saoudite : Les femmes pilotes auront le droit de participer si elles ont un copilote masculin. Et un mot de leur mari. Par contre si elles sont en moto elles devront avoir des roues voilées.
– JPT : Manifestation contre l’augmentation du prix de l’essence en Iran : une centaine de morts. Et encore, ils ont eu de la chance de ne pas se trouver face à des policiers français !
– CV : Un préfet de Paris, hautain, méprisant et supérieur qui s’appelle Lallement, c’est presque trop beau pour être vrai. Et cette si belle âme a vraiment la gueule de l’emploi. Le casting est parfait, mais quel est le titre du film ?
– HD : Pourquoi s’étonner de voir nos gamins nuls en géographie quand on apprend que le Paris Dakar se déroulera en Arabie Saoudite
– AB : Griveaux serait en train de bâtir une « relation charnelle » avec les parisiens. Range ton engin, ce n’est pas en se tripotant la courgette dans un couloir de métro qu’on gagne leur confiance.
– NP : Dicton du jour  : Blanc sur rouge : rien ne bouge. Rouge sur blanc : tout fout le camp. Beaujolais nouveau : la tête dans le lavabo.
– CC : Il faudrait alors aussi séparer le frère du mari, l’ami de l’amant, l’épouse de la maîtresse, la sœur de la meilleure amie, la mère de la grand-mère, il faudrait séparer l’humain – homme ou femme – de l’artiste, couper cet humain en petits morceaux, designer chacun de ces petits morceaux et déclarer s’ils sont bons ou mauvais, sages ou pervers, intéressants ou moyens, sans comprendre que ces morceaux n’existent qu’agencés les uns aux autres, nourris les uns des autres, existant les uns par les autres, les uns pour les autres. Que cette séparation des personnalités est impossible parce que nous ne sommes pas des robots. Ce qu’il y a de plus éclatant et de plus terrible dans l’admiration, c’est qu’elle ne se pose même pas la question : pour elle ne subsiste que la beauté.
– AG : J’en vois pas mal qui doutent concernant l’attaque de la promeneuse par des chiens. N’oublions jamais que quelles que soient vos spéculations, une chose est avérée : la chasse à courre est vraiment un loisir de connards, soutenu au plus haut niveau de l’Etat.
– LE : je serai à la place du compagnon de la femme tuée par les chiens, je crois que j’aurais quelques années de taule pour meurtres avec barbarie , tortures, préméditations et circonstances aggravantes.
– NP : Et dire qu’il existe sûrement un univers parallèle où le cannabis est autorisé et le beaujolais nouveau interdit…
– DS : Donne 1 poisson à un homme, il aura 1 repas. Apprends-lui à pêcher, et il niquera l’océan pour faire du surimi et des trucs panés en carton.
– AB : Quel est ce pays riche, 32ème pour la liberté de la presse où des citoyens ne mangent à leur faim, baissent le chauffage et se font tabasser quand ils protestent ? —  Euh…  —  Indice : le Président a augmenté le budget de son Palais.  —  La France, douce France…
– AA : Le mec dirige le pays et est impressionné par un film. Parce qu’avant, il était pas au courant en fait.
– ACD : Je vous rappelle qu’on vit dans un monde où plutôt que de donner de l’argent aux étudiants en précarité, on préfère mettre l’argent dans un centre d’appels où on expliquera aux jeunes qu’il n’y a pas d’argent.
– OB : La pluie, le froid, une grève qui arrive et une relation charnelle avec Benjamin Griveaux, et on s’étonne que les Parisiens fassent la gueule.
– RR : « François Baroin est beau, avec une voix suave, c’est le fils de Chirac et des Troyens » Entendu sur France Inter à l’instant. Trop de scoops pour un lundi matin.
– RR : La postérité retiendra qu’en ce maussade mois de novembre 2019, personne n’aura vu venir François Baroin et sa petite mèche rebelle sur le devant de la scène politique.
– PE : Mon fils a imiter (sic) ma signature dans son carnet et vu qu’il a foiré celle-ci, il a mis du Tipp-ex et a re signer à côté en disant à sa prof que j’avais raté ma signature. J’ai préféré dire que c’était moi plutôt que d’admettre d’avoir un fils aussi con.
– LC : Les enfants ont un sixième sens. Ils peuvent sentir immédiatement et à distance si on est en train de se reposer.
– PA : Les trois plus grands malheurs dans la vie d’un homme : — La perte de sa femme,  — La perte de son travail, —  Une éraflure sur la carrosserie de sa voiture.
– GD : J’aurais bien voulu dire aussi à cette dame qui était SDF près de la mairie du 18e d’arrêter d’être négative comme le demande notre grand Jupiter, mais elle est décédée ce week-end.
– OM : Il a tort Emmanuel Macron, les Français ne sont pas si négatifs que ça… Par exemple, si tu leur demandes « est-ce que tu es contre la politique d’Emmanuel Macron ? », beaucoup te répondent par l’affirmative.
– CC : On s’en fout un peu du Black Friday, ça ne marche pas avec le fromage

FESSEBOUQUERIES RAPPEL : Je collecte au long de la semaine les posts FB et les twitts d’actu qui m’ont fait rire. Les deux lettres sont les initiales des auteurs, ou les 2 premières lettres de leur pseudo. Illustration d’après photo web © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site ici. Merci d’avance.

L'avortement vu par un homme

 

Qui a peur d’Annie Ernaux est le titre intrigant de ce court texte de Jerôme Deneubourg. Oui, pourquoi Annie Ernaux ? Parce qu’elle a fait le récit d’un avortement qu’elle avait subi en 1963, c’était parfaitement interdit alors, mais elle en a dit qu’elle était fière de l’avoir fait, ce qui pouvait induire qu’elle faisait peur, comme souvent les militantes.
Le narrateur, qui est aussi l’auteur, a rencontré une Argentine venue poursuivre sa recherche à Paris pour une thèse. Ils passent un peu de bon temps ensemble à Paris, elle ne propose pas de prendre de précautions car elle n’est pas dans une période fertile. Puis elle repart dans son pays, pas de pathos amoureux mais une amitié à cultiver. Seulement un jour, elle l’appelle pour lui dire une chose d’importance, sur Skype uniquement, pour qu’il n’y ait pas de traces. Elle lui apprend qu’elle est enceinte, que c’est une catastrophe car en Argentine, un avortement peut coûter au mieux huit ans de prison, au pire la mort. Car aucun médecin n’est autorisé à le pratiquer. Il reste la clandestinité, il faut de l’argent, trouver la filière, surtout faire en sorte que personne de l’entourage ne le sache. Même les parents, ultra cathos, ne le supporteraient pas : c’est une déchéance, un péché mortel.
Alors l’homme rassemble la forte somme et se rend le plus vite possible en Argentine. A partir de là, il livre un récit qui fait peur : la femme tétanisée par la décision à prendre, puis l’opération en elle-même dans un endroit pas très net où on lui ordonne, en cas de problèmes post-opératoires, de ne pas consulter de médecin, de ne se fier qu’aux anti-douleurs que le type, bizarre, lui fournit. Ou d’envoyer un mail à cet endroit.
Et là, ça ne se passe pas bien. La femme est sujette à de violentes douleurs. Elle envoie un mail mais pas de réponse en vue. Elle se bourre d’anti-douleurs, saigne, son ventre gonfle. Son ami, très mal à l’aise, l’aide comme il peut. Comme elle lui a demandé le secret absolu, il se cache pour consulter quelques relations médicales en France, essayer de savoir si quelqu’un peut aider à Buenos Aires…
Cette histoire est terriblement inquiétante, les « opérants » sont des marlous qui profitent de la détresse des femmes, et le narrateur se sent complètement largué par tout ce qui arrive, tout en ayant soin de la rassurer pour ne pas l’inquiéter davantage.
Un mois plus tard, il trouve naturel d’envoyer le récit à Annie Ernaux. Qui lui répond et l’encourage à publier l’histoire.
C’est une histoire vraie, touchante, sans fioritures, rapportée d’une belle écriture classique, un peu à la Ernaux, qui montre, ce n’est pas courant, comment un homme peut réagir à une épreuve qui concerne les femmes dans leur plus profonde intimité.

Qui a peur d’Annie Ernaux de Jerôme Deneubourg, 2019 aux éditions Lunatique. 120 pages, 12 €.

Texte ©dominique cozette

Les Fessebouqueries #470

Ce sont des Fessebouqueries light, cette semaine. J’accuse … personne mais enfin, vous auriez pu faire un effort pour rire un peu plus de tout avec n’importe qui. Ségolène et ses deux pôles qui ressembleraient plus à des pôles-non-emploi, la dope qui coule à flot sur les plages atlantiques avec, cerise sur le narco, les pailles qu’on y a jetées, le pauvre Balkany qu’on est obligé d’entretenir grassement dans notre joyeuse structure d’accueil, Poupou victime d’une crevaison inrustinable, Finkelcrotte victime d’un humour que nul n’a compris et Polanski (ne pas confondre avec les pôles en ski de Sépolène) en proie à son zoom un temps pestif qui apparemment ne sait pas faire le point sur le sujet visé. Les Gilets Jaunes ont enfoncé leurs bonnets pour affronter le froid et les balles, tandis que j’entre dans ma période poireau. Bon week-end à vous !

– MK : Brésil : be-bop a Lula !
– OM : Toutes ces femmes voilées qui consacrent un jour de repos à manifester… Si ça c’est pas un beau symbole d’intégration…
– CC : Le gars me tend une petite tartine de saint nectaire avec une boule de confiture de figue dessus et me dit : tiens, c’est une huître auvergnate.
– MK : Ce n’est pas que les Gilets jaunes n’existent plus, mais le pouvoir a imposé aux médias de ne plus en parler. Sous Macron, comme bientôt sous LePen, la liberté d’expression est une valeur toute relative..
– RV : Recrudescence des activités nautiques sur les plages de l’Atlantique. Ah, les gars de la narine…
– DT :  Suite aux ballots de cocaïne échoués sur les plages de l’Atlantique : on va sûrement mobiliser la Narine Nationale.
– AdN : Je n’aime pas les huîtres mais les spéciales coke me tentent.
– JB : Ce serait la moindre des politesses d’aller larguer des tonnes de bourriches d’huîtres au large des côtes colombiennes.
– PI : Suite au séisme entre les 2 centrales nucléaires, faute de pastilles d’iode, j’ai été tenté d’en manger une du lave-vaisselle. Puis j’ai réfléchi je me suis dit qu’un troisième bras dans le dos serait pas forcément inutile pour me gratter le cul.
– MK : Balkany n’a rassemblé que 10% de sa caution ; il resta donc en zonzon pour 90% !
– RB : Fasciné par tous ces gens qui donnent leur avis sur les événements en Bolivie alors qu’ils ne savent même pas placer ce pays sur une carte de l’Afrique.
– MK : Désormais Pouli dort. Longue et douce nuit, Raymond…
– RV : Décès de Raymond Poulidor. Une pensée pour son épouse, la 2ème dame de France.
– JMP : Il a encore été battu par Anquetil arrivé premier au paradis….. par contre il a quand même battu Merx….
– CC : Raymond Poulidor est mort : l’éternel second a laissé son vélo contre le mur, le casque sur le guidon, la gourde dans son anse, il a retiré les gants, ouvert la fermeture du maillot, rehaussé légèrement la bête à deux roues qui menaçait de tomber, puis il a disparu et le vélo, lui, est toujours là. Quand un grand sportif meurt, il ne nous laisse pas le souvenir de son éclat et de sa force, il nous le transmet. Allez, c’est l’heure de remettre le facteur sur son vélo. Bonne route, Poupou.
– OM : J’ai pas bien compris, c’est nous qui ne savons pas séparer l’homme de l’artiste ou c’est Roman Polanski qui ne sait pas séparer la jeune femme de l’objet sexuel ?
– OB : C’est marrant parce que vous vous moquez d’Isabelle Balkany qui soutient son mari mais Emmanuelle Seigner qui continue à regarder tout le monde de haut en feignant d’ignorer que son mari est un pédophile ça ne choque personne.
– AB : Pédophilie des curetons : les évêques votent le principe d’une « somme forfaitaire » pour les victimes. Un chèque et ils s’en lavent les mains dans le bénitier.
– MK : Qui violera Alain Finkelcroûte passera à la postérité, restera dans les annales
– CV : Imaginez un film sur la vie de Dominique Strauss-Kahn, produit par Harvey Weinstein, réalisé par Roman Polanski, en collaboration avec Luc Besson avec scénario de Woody Allen interprété par Kevin Spacey et sur une musique de Bertrand Cantat.
Avec comme acteurs Tariq Ramadan et Fit qu’une crotte le philosophe académicien
– OM : GROS WARNING : Alain Finkielkraut était au second degré sur l’extrait polémique, il ne faut donc, bien sûr, violer personne. Utile de le préciser !
– RP : Concernant Ségolène Royal, je pense qu’il faut dissocier la femme de l’artiste.
– HY : Rappelons que Royal ne se rend pas aux conférences internationales pour ne pas polluer en se déplaçant.
– AB : – Alain Finkielkraut est un intello invité sur tous les plateaux. — Ah ? — Il est l’auteur du fameux Gnagnagna.
– ADG : Les français, tout en subtilité : « il faut leur couper les couilles aux violeurs et aux pédophiles. » Also : oui mais bon, s’il fait du cinéma c’est pas pareil. Un grand popcorn s’il vous plaît.
– AK : Vous n’avez aucune tolérance, c’est fou. Vous vous en prenez à Polanski juste parce qu’il a violé 12 femmes dont des mineures. C’est pas comme si il avait porté un voile en accompagnant son enfant pour une sortie scolaire.
– OK : C’est vendredi manteau blanc et samedi gilet jaune à Paris

FESSEBOUQUERIES RAPPEL : Je collecte au long de la semaine les posts FB et les twitts d’actu qui m’ont fait rire. Les deux lettres sont les initiales des auteurs, ou les 2 premières lettres de leur pseudo. Illustration d’après photo web © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site ici. Merci d’avance.

Jane bis

Post Scriptum n’est pas du tout un bis repetita du premier tome du journal de Jane b. C’est juste pour faire un bon mot. Car pour moi, ce n’est plus la même Jane, même si, en public, elle reste toujours délicieuse, souriante et « marrante ». Je trouve qu’ici, qui commence en 82, dans la plénitude de la belle mi-trentaine, elle chante le blues. Elle a peur d’être délaissée par Doillon qui se barre tourner loin avec de belles actrices tandis qu’elle donne l’impression de s’emmerder à la maison avec le bébé qu’elle adore, Lou. Doillon manque totalement de romantisme, ne lui dit pas les mots qu’elle attend, ne la rassure pas sur son physique. Elle se sent tellement nulle ! La douleur de la séparation d’avec Serge est aigüe, elle s’en veut de lui faire si mal mais c’est aussi grâce à cela qu’il lui écrit ses plus belles chansons. Même si elle adore l’amour avec Jacques, Serge continue d’emplir son cœur, ça n’est pas facile à vivre, j’imagine, pour les trois. Jane se révèle une femme très peu sûre d’elle, très fragile, qui se prend la tête pour ce qu’elle représente auprès des autres. Se demandant fréquemment si elle est une bonne mère, trouvant que non mais se félicitant de la bonne nature de ses filles.
Autant le premier tome était assez drôle, parfois scandaleux, autant celui-ci nous entraîne dans le spleen qui semble l’habiter. Plus on avance, plus elle apparaît bordélique. Son histoire avec Doillon s’arrête comme elle l’avait prévu : il la plaque pour une autre. Mais elle n’est jamais seule, des tas d’amis gravitent autour d’elle, elle sort beaucoup, boit beaucoup et souvent bien trop, elle le dit. Elle est à la fois une globe-trotteuse acharnée et une moule collée à sa famille, ses filles, ses parents. Puis Serge meurt et son père, en même temps. Elle est dévastée. Le journal s’interrompt quelques mois.
Puis la vie cahotique et artistique reprend avec succès, les tours de chants, la planète à conquérir, les films plus ambitieux, les causes à défendre, toujours. C’est comme ça qu’elle se lie avec Olivier Rolin, une histoire d’amour houleuse pleine de malentendus, elle ira habiter juste en face de chez lui alors que Kate, sa fille, se liera plus longuement avec Jean Rolin, le frère d’Olivier. Il est beaucoup question de ses filles, de leurs problèmes personnels parfois très graves et douloureux, en même temps, il lui est difficile d’être une mère modèle après toutes les frasques qu’elle a faites publiquement.
Et le temps passe dans un tourbillon de dates, d’avion, des trucs qu’elle paume un peu partout, des gens qui l’aident à faire ses tournées, ça semble d’une extrême bohème, tout ça. Les chambre des cliniques envahies par la famille et les ami/es proches lors d’un accouchement, d’une maladie et même d’une agonie, celle de sa mère. Tout le monde vient avec des fleurs, du vin, des douceurs… Elle-même est empêtrée dans un sale cancer qui la plombe gravement, une leucémie qu’elle traîne longtemps, des chimios qui l’épuisent mais elle continue à vouloir se produire, elle y arrive parfois, pas toujours, elle veille sur les filles et leurs petits, sa chienne adorée Dora, infernale, qui mord  et qui pue mais elle s’en fout. Enfin, quand tout semble s’arranger, que la douleur du deuil de sa mère s’adoucit, que sa maladie s’éloigne, que Kate s’installe avec un amoureux in love, que Lou explose avec sa carrière de chanteuse, Kate se suicide. Fin du journal, Jane n’écrira plus.
Des coulisses très encombrées, des tas de personnages, une nuée d’ami/es de toutes sortes, une vie trépidante, tropidente j’ai envie d’écrire, mais tellement remplie. Et comme dit Jane, chaque fois que ça n’allait pas, les tout proches étaient là, ça discutait, ça picolait : c’était très gai.

Post scriptum de Jane Birkin. 2019 aux éditions Fayard. 430 pages, 23 €
Pour voir mon article sur le premier tome : ici

Texte © dominique cozette

Depuis son état sauvage jusqu'à aujourd'hui, la passionnante histoire de la France

J’aurais plutôt appelé ça : formation de la France depuis 20 000 ans, mais on ne m’a pas demandé. En tout cas, ce (petit) livre de Stéphane Durand, 20 000 ans ou la grande histoire de la nature est formidable, hyper passionnant, on y apprend une foultitude de choses sur la France depuis 20 000 ans, donc avant nous, les saccageurs, comment ça marche la nature, les plantes, les animaux, comment certains des animaux, gros ou minus, refont la géographie d’un lieu, changent le cours de l’eau (saviez-vous que la Seine passait du côté de Montmartre, jadis ?) etc. Pour dire qu’il parle de choses qu’il connaît, il y a 45 pages de références (pas des notes, juste des références) à la fin.
Très facile à lire car constitué de courts paragraphes rédigés comme autant de saynètes vivantes qui nous montrent l’utilité du castor dans la création de marais donc l’accroissement de la biodiversité, en particulier l’arrivée en France des chevaux sauvages et des aurochs, comment les blaireaux, les renards dispersent très loin des graines de plantes,comment le geai peut à lui tout seul créer des forêt en transportant 5000 glands par an, les cachant ici et là pour que ça dure toute l’année… Puis la mer, comment les harengs envahissaient la mer et sauvaient des milliers de vies les périodes de disette ou de jeûne, comment est apparue la surpêche au milieu du 16ème siècle car d’un coup, il fallait faire du fric et non plus se nourrir. Un jour, Louis XIV s’amusa avec un trident à tuer 14 thons, car ils grouillaient eux aussi, comment les riches chasseurs ont dégommé tous les macareux moines de Bretagne, même pas pour les manger, juste pour tuer (comme c’est étrange), comment les chapeaux des coquettes ont largement participé à la mort de millions d’oiseaux… Et tout cela s’imbrique dans la construction géographique de la France, les barrages qui détruisent plus qu’ils ne construisent, les forêts exploitées à mort puis replantées sans aucune diversité, trop proprement pour encourager la diversité. Il faut lire l’utilité énorme et méconnue des troncs d’arbres depuis leur chute sur le sol jusqu’à leur voyage dans la mer, en passant par les rivières. Il faut savoir surtout comment le fait de vouloir domestiquer la nature nous prive de ses ultra-nombreux bienfaits qu’on commence vaguement à déplorer. Mais rien n’est perdu…
Un point de vue plus professionnel que le mien : « Ce livre évoque avec émotion un monde perdu : la France. Une terre qui a connu il y a vingt millénaires les mammouths et les rennes innombrables, les lions et les ours des cavernes… Toute une mégafaune disparue, sous l’effet d’un réchauffement aggravé, peut-être, par la surchasse pratiquée par nos ancêtres. Alors que les mammifères géants disparaissaient, les forêts occupaient l’espace. Il y a dix millénaires, le tiers du futur territoire national est couvert de marécages. Les castors refaçonnent les paysages, les aurochs prospèrent dans les prairies humides, et des milliards de poissons, jusqu’à des esturgeons géants, animent les flots. Les saumons remontent les rivières et meurent en masse près des sources pour frayer, leurs cadavres apportant en altitude quantité d’azote et de phosphore, fertilisants, que les torrents redistribuent en aval. Puis arrivent les agriculteurs, en provenance de l’Est. Les vaches absorbent les aurochs par hybridation, la forêt recule sous le feu et la hache, le castor s’évapore. Au Moyen Âge, les moulins et les barrages brisent les cycles des eaux. C’en est fini des saumons, qui se voient interdire les sources où ils pondaient. Les humains se procurent désormais les poissons dans les mers, qui semblent alors inépuisables. En 1620, au large de Marseille, le roi Louis XIII s’amuse à pêcher au trident, en une seule journée, 25 thons rouges, une espèce aujourd’hui au bord de l’extinction.De nos jours, la nature agonise. L’agriculture industrielle l’a brutalement remplacée pour redistribuer azote et phosphore. Les marécages ont été asséchés, les forêts ne sont plus que monoculture d’arbres. Tous ces milieux présentent une biodiversité réduite, quand ils étaient autrefois les plus efficaces des puits de carbone. Alors que les menaces environnementales deviennent évidentes, nos connaissances en histoire environnementale nous permettent d’entrevoir les défuntes richesses des biotopes. »
Ce livre est passionnant, je vais entamer le prochain, dernier paru du même auteur, et vous dirai.

20 000 ans ou la grande histoire de la nature de Stéphane Durand. 2018 aux éditions Acte Sud. 250 pages, 22 euros.

Texte © dominique cozette hybridé quelque peu par le site scienceshumaines.com.  (Ce qui est entre guillemets)

Les Fessebouqueries #469

Cette semaine, rien de bien agréable sauf le multimédiatique Philippe Katerine toujours réjouissant ! Que je sache, ce n’est pas lui qui a tué Marie Laforêt, pas lui qui a supprimé l’Observatoire de la Pauvreté ou privatisé la FDJ, pas lui qui a augmenté démesurément le salaire des patrons du Caca-rente, pas lui qui réclame une caution magique pour se sortir de prison, pas lui qui accuse et est accusé de viol…bon, bien sûr,  pas lui non plus qui a couronné Dubois et Tesson ou abattu le mur de Berlin, mais il est le seul qui reste classe avec un poireau sur la tête. Le seul ! Sur ce, bon WE prolongé à vous, n’oubliez pas votre crème solaire !

– DA : Je suis arrivé à Paris depuis moins de deux heures que je me retrouve déjà attablé devant un verre de Chardonnay bio en grignotant des chips d’algues dans le 17e. À deux doigts de dire du bien d’Anne Hidalgo avant de partir en trottinette pour un vernissage. Je me déteste.
– PI : Je fais partie de ces gens qui pensent que tout irait bien mieux si le monde était dirigé par Philippe Katerine.
– RV : Décès de Marie Laforêt. La fille aux yeux dort.
– JPT : J’aimerais saluer le décès de Marie Laforêt avec cette réplique face au corps de son mari qui vient de s’électrocuter en pissant sur un câble électrique mis à nu : « Pour une fois qu’il faisait des étincelles avec sa bite ! » Elle avait la classe nécessaire pour dire quelque chose comme ça.
– CV : On dira ce qu’on voudra de Macron et de ses ministres, mais franchement, faire disparaître l’Observatoire de la pauvreté au moment de l’entrée en rigueur de la réforme de l’assurance chômage, c’est une riche idée.
– MK : On dit que Marie Laforêt se méfiait de Maxime Le Forestier…
– CV : Ces jours-ci, Marie Laforêt est morte et Jean-Paul Dubois a obtenu le Goncourt. Ce soir, je vais donc regarder un film avec Natalie Wood, histoire de justifier mon jeu de mots pourri.
– MK : Incarcéré pour hernie fiscale, Balkany bientôt libéré pour fraude discale
– PR : Balkany a des problèmes de « santé ». Quel rigolo celui-là.
– RV : Prix Goncourt. Pour Amélie No Tombe c’est mort.
– NV : Observatoire National de la Pauvreté et de l’exclusion sociale ? Supprimé. Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail ? Supprimé (pardon, « fusionné »). Puisqu’on vous dit que dans ce gouvernement, on n’adore pas trop la pénibilité et qu’on va la supprimer. Dont acte.
– PE : Laforet a fait l’actu hier. Dubois la fait aujourd’hui. Pour demain, c’est très serré entre Patrick Buisson et Jean-Luc Lahaye.
– ES : Marie Laforêt, Jean-Paul Dubois… Nombreux sont ceux qui pensent Jacques Dutronc, mais moi je m’inquiète pour Anne Sylvestre.
– GD : Ce qui est formidable avec certains débats télévisés, c’est que n’importe qui peut passer en quelques minutes du statut d’inconnu absolu à connard célèbre.
– OM : Je suis sûr que Bolsonaro est derrière la disparition de Marie Laforêt.
– NP : Je me demande ce que va faire Trump pour l’anniversaire de la chute du mur de Berlin ? Faire croire à ses électeurs que c’est lui qui l’a abattu avec ses petites mains ou alors ne rien dire parce qu’il préfère les murs qu’on construit aux murs qu’on détruit ?
– DT : Le Prix Renaudot 2019 attribué à Sylvain Tesson. On lui doit, entre autres, ce délicieux aphorisme :
« Le mariage est l’intervalle qui sépare une passion élémentaire d’une pension alimentaire ».
– PE : Avec Dubois, sans Soif, et Tesson : cette année, le mot mystère des prix littéraires était « bouteille
– PR : Qu’est ce que vous pensez de fusionner la Française des Jeux avec les fonds de retraite, et inventer une super retraite pour les précaires, tirée au hasard pour quelques-uns ? Le truc innovant, disruptif, sympa, inclusif. Oui, non ?
– CC :  Concernant cette histoire de smic et de divorce : éteignez la télé, débranchez-la, vendez-la, avec l’argent achetez des livres ou un abonnement à la bibliothèque.
– MK : Préparons les nécros ! Macron va médailler Belmondo et Hossein ce vendredi.
– LVS : Quotas immigration, tirer à balles réelles sur des personnes, une femme au smic avec deux enfants ne devrait pas divorcer… Et maintenant un  Balkanython … pour un délinquant. Qu’est-ce qui ne va pas ? Qu’est-ce qui n’a pas marché?
– LS : Le Balkanython aurait déjà récolté 5 kg d’oranges, 2 magazines pour adultes et 12 kg de cornichons.
– HB : Le balkanython : les ripoux parlent aux pourris. Déduction fiscale en sus.
– SA : Du coup, faut-il rebaptiser la ville Levallois-Paiera ?
– DC : Manif anti-islamophobie adoubée par la gauche ??? Je ne comprends plus rien. Je vais me convertir aux adorateurs de saucisses volantes avec le droit de porter des plumes dans le Q !
– GD : Salle d’attente du médecin. Pour info, Michael Jackson sort bientôt son nouvel album.
– PR : Après avoir joué pour devenir riches pendant des années, les Français peuvent finalement s’appauvrir en achetant des titres FDJ. C’est beau.
– GD : Ça ne fait quand même pas grand bruit, ces mesures fascisantes mises en place par le gouvernement. (C’est donc parfaitement effrayant.)
– COP : Pour mon anniversaire je souhaiterais le même lifting que Rachida Dati afin de mettre mes oreilles en valeur… l’idée d’avoir aussi une bouche de goujon me séduit aussi ainsi je pourrais enfin toucher mon nez avec ma lèvre supérieure ou faire ventouse sur mon miroir grossissant pour me mettre du Rimmel.
– NP : Comment savoir si tu es laïc ou raciste ? C’est facile : si toutes les religions t’emmerdent, alors tu es laïc. Mais s’il n’y a qu’une religion qui t’emmerde parce que « les Arabes ils font chier, ils ont qu’à être chrétiens comme tout le monde », alors tu es probablement raciste.
– GD : L’Enfer est peuplé de tous nos voisins de train qui reniflent et/ou mangent des tartines au pâté en plein après-midi.
– HD : J’ai découvert avec madame Graziani les immenses vertus du SMIC, celle de faire durer les mariages !
– NP : Julie Graziani. J’espère pour elle que tout se passe bien dans son couple. Parce qu’avec la perte de son emploi elle n’a plus les moyens de divorcer.
– ES : Inauguration du Beaubourg de Shangaï, contrats agro-alimentaires : Macron vend à la Chine de l’art et du cochon !
– PA : L’homme est le seul animal qui rougisse. C’est d’ailleurs le seul animal qui ait à rougir de quelque chose.
– LC : Mon fils a avalé une mouche en faisant du vélo et c’est sûrement son repas le plus équilibré de la semaine.
– NP : La rémunération des patrons du CAC 40 a encore augmenté de 12%. Apparemment le ruissellement remplit surtout les piscines des yachts privés… Mais je dis ça…
– GD : Des cagnottes pour des politiciens véreux et des prix remis à des personnes qui suggèrent de tirer à balles réelles sur les gens. J’adore 2019.
– DC : On peut écrire : J’accuse, Roman Polanski. Ou : J’accuse Roman Polanski.
– RR : Polanski, ce DRH du cinéma…
– NP : Bonjour Rachida Dati, vous pouvez me rappeler combien de migrants vous avez accueilli dans le 7e arrondissement afin de soulager les habitants du quartier de Chapelle ? Merci d’avance.
– GD : Il doit exister un mot finnois qui résume « le tracas de ne pas réussir à finir un livre alors qu’il ne reste que quelques pages, empêchant ainsi de commencer le livre suivant sur la liste et qui attend son tour gentiment depuis des semaines ».

Photo de Philippe Katerine © Jérôme Bonnet pour Télérama.

FESSEBOUQUERIES RAPPEL : Je collecte au long de la semaine les posts FB et les twitts d’actu qui m’ont fait rire. Les deux lettres sont les initiales des auteurs, ou les 2 premières lettres de leur pseudo. Illustration d’après photo web © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site ici. Merci d’avance.

Cadavres exquis et trash

Cadavres exquis, ce titre du roman de Agustina Basterrica est formidable car c’est de ceci qu’il est question : manger de la chair. Pas n’importe laquelle : la chair humaine. Car les animaux, porteurs d’un virus inconnu, contaminent et font crever les hommes, la race humaine : ils ont tous été détruits, presque tous. Pour pallier la pénurie de viande, des armées de scientifiques ont créé une nouvelle race à partir de génomes humains, qui formera la base de la nourriture carnée. Ces êtres, on dit « têtes » comme têtes de bétail, sont élevés dans des fermes très techniques. Certains sont pour la reproduction, d’autres pour les organes, d’autres enfin, pour des recherches à la Mengele.
Ce livre est horrible car il décrit tous les stades de fabrication et d’abattage de cette nourriture. Ce sont des animaux privés de pensée, de paroles (on leur mutile les cordes vocales), de sentiments, ils sont traités comme nous traitons aujourd’hui nos animaux « industriels ». Le héros de l’histoire n’aime pas son métier de contrôleur de la chaîne, il ne goûte pas cette chair, il n’aime plus rien depuis que sa femme adorée est partie. Elle est partie chez sa mère soigner le chagrin d’avoir perdu son bébé qu’elle avait eu tant de mal à avoir. Elle n’est pas prête pour revenir vers lui, ne lui parle même pas. Il en souffre, il est tellement seul.
Un jour, pour le récompenser d’un beau travail, on lui offre une femelle à élever, à revendre ou à consommer. Il est habilité à l’abattre de par son métier. Il la stocke dans son garage, lui donne le minimum pour qu’elle ne crève pas. Mais peu à peu, il va en prendre soin, elle ne va plus le craindre, il va lui apprendre à vivre avec lui. Coucher avec un animal d’élevage est passible de la peine de mort, il le sait, il doit faire très attention.
Ce roman argentin, récompensé par un prestigieux prix, est horrible car il nous met le nez dans notre façon de traiter les animaux, ici extrêmement maltraités. Dur. Ce thème n’est pas sans rappeler le film Soleil vert dont je n’ai qu’un vague souvenir ou les Animaux dénaturés de Vercors où certains tentaient d’exploiter des êtres, chaînons manquants entre les grands singes et l’homme, tandis que leurs défenseurs essayaient de prouver leur nature humaine. (Je le relirais bien, tiens)

Cadavres exquis de Agustina Basterrica, 2017. 2019 aux Editions Flammarion. Traduit de l’espagnol par Margot Nguyen Béraud. 296 p. 19 €.

Texte © dominique cozette

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