Fessebouqueries #224

Il se passe de drôles de choses, des grèves en Allemagne, un virus contagieux qui sévit en librairie mais juste en France, un déneigeur russe qui fait tomber un grand pétrolier, un zizi sexuel qui fait rien que d’embêter les vieilles connes, et puis des choses qu’on se met où je pense, mais où va-t-on ? Où va-t-on, madame Carton ?
– CC : « faut admettre que c’est pas simple d’avoir la science infuse quand t’as pas inventé l’eau chaude »
– FT : Quoi, que lis-je, qu’apprends-je? Les conducteurs allemands réclament une augmentation et veulent moins bosser? Mais je croyais qu’ils étaient parfaits, prêts à travailler 40 heures pour 800 euros par mois? Et que seuls les français étaient capables de se mettre en grève pour une raison aussi futile? Et bien, si même les allemands se mettent à faire grève où va-t-on?
– DC : Mon fils de 3 ans à qui je dois mettre un suppo : C’est quoi, un suppositoire ? Moi : tu vois fils, c’est comme un plug annal, mais ça fond.
– JPT : Le Centre s’apprête à se choisir un nouveau leader, Lagarde ou Morin. Le suspense est à son comble, j’en suis à trois Temesta par jour.
– JPCM  : Je célébre le non-lieu d’Eric Woerth dans la suite Guérini du Kyriad de Marseille.
– EM  : Aujourd’hui, à New York, des policiers attaqués à la hache et un cas d’Ebola, les scénaristes de Hollywood commencent à prendre des notes.
– HDD : Le programme « Pétrole contre nourriture » fonctionne mieux que le programme « Avion contre déneigeuse ».
– JPT : Il y a encore des instituts pour faire des sondages afin de savoir si les Français pensent que François Hollande est un bon président de la République ! Ils ne savent pas quoi foutre de leur argent !
– OV: En 2007 la pétition contre l’exposition « Zizi sexuel » ne recueillait que 800 signatures. En 2014 on en est déjà à plus de 38 000. Et il y a encore des gens pour croire à la théorie de l’évolution…
– DC : Ni trac ni traczir pour Balkany traqué par Tracfin pour ses tractations.
– SP : Quand j’ai entendu sur France Info qu’un tandem dirigerait Total, le sang m’en n’a fait qu’un tour : pragmatique, me suis dit putain, oui, c’est moins dangereux que l’avion !
OV : Donc on peut être fils d’immigré hongrois, avoir eu quatre enfants de trois mariages différents mais trouver que l’immigration est un danger et que le gouvernement veut détruire la famille traditionnelle… OK…
– HD : départ en retraite chez Apple ..une quinquagénaire solde en même temps son compte épargne temps …et pose son congé maternité ……ses collègues lui souhaitent une bonne décongélation d’ovocytes et une bonne complémentaire ..vive le progrès ..vive la république
– EM : Pour rendre hommage au PDG de Total, une marée noire sera organisée demain sur les côtes Bretonnes.
– NP : Les français : ces gens qui veulent que le TGV aille très vite mais aussi qu’il s’arrête dans toutes les petites gares…
– OM :  “Affaire Bygmalion : Jerôme Lavrilleux a claqué la porte de l’UMP.” Première réaction de Bygmalion : « PUTAIN, UNE PORTE À 225.000 € ! »
– EM : – Gérard Filoche doit être exclu de l’UMP ! – Du PS, Monsieur Valls, on est au PS. – Ah ? Mais qu’est ce que je fous là ? – Aucune idée.
– NS : J’ai parfois le désir d’écrire des trucs intelligents. Mais si vous vouliez lire des trucs intelligents vous ne seriez sans doute pas là.
– JC : Après Ebola, les autorités mondiales parlent d’une propagation sans précédente dans l’histoire des virus potentiellement mortels pour l’homme : tous les jours en France, 15 000 personnes sont contaminées par le bouquin de Zemmour. L’ONU projette d’établir un cordon sanitaire autour de la France.
– OM : Et pendant ce temps au Top 50 des morts les plus cons, Cloclo est détrôné par Christophe « j’ai heurté une déneigeuse en avion » De Margerie !
– EM : Je me demande toujours comment ils font, sur les radios commerciales, pour caser deux heures de pub dans une heure de programme.
– CL :  – Allô, Claire ?
 – Oui ? 
- Oui bonjour, c’est l’agence [Biiiiiiiiip] à l’appareil. Je t’appelle parce qu’on a pensé à toi pour un casting TV… 
- Ah oui ? Comme c’est gentil ! 
- …pour une marque de rillettes.
 – Ah.
– OM : Bizarres ceux qui précisent que le conducteur de la déneigeuse qui a tué de Margerie était ivre, alors qu’on savait déjà qu’il était russe.
– DT :  » Pour tromper le temps, utilisez une pendule à leurres. »
– DC : Michel Sapin change son nom. Il s’appelle maintenant Mike Plug A.
– OV : On croit toujours que les USA sont en avance sur nous mais ils en sont encore à attaquer des policiers à la hache alors qu’en France, même dans la Sarthe, ça fait longtemps qu’on ne tue plus les poulets comme ça.
– AK : « Je crois bien que ‎Balkany va être inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCROC »
– DC : Carrez, l’auteur de la loi Carrez,  ne savait pas que la loi était carrée pour tous puisque il a zappé l’ISF. Ou alors, il se l’est carrée où je pense, ce qui est assez rigolo à l’époque du plug banal.
– MR : Moi : Vous livrez mon canapé quand ? Le livreur : Entre 12h et 18h. Votre adresse ? Moi : Entre Saint-Denis et Courbevoie.
– ZJ : L’UMP, le FN et le PS veulent changer de nom. Je leur suggère Mafia.
– NS : En France on n’a pas de pétrole mais on s’en branle, on vole celui des pays africains.
– ZJ : Après les villas à Marrakech et à Saint-Martin, on découvre que les Balkany avaient une autre résidence secondaire cachée : le commissariat!
– NP : La reine Elizabeth tweete, le Pape tweete et pendant ce temps là en France Giscard cherche à brancher son Minitel

Premier bonus de TG  sur — oh mon dieu !!! — les familles homoparentales.
Il faut dire ce qui est. Certains français s’inquiètent pour l’avenir des enfants des familles homoparentales. Je voudrais apporter mon témoignage. J’ai été élevée par Paulette et Marie-Claire. ( Parce que mes parents hétéros étaient occupés à fabriquer des banderoles, ou à fabriquer des poteries, ou à écrire des trucs.) Aujourd’hui, je suis mariée, et j’ai trois enfants, un chien, deux poules. Je peux donc dire que malgré tout, nous sommes une famille normale, comme ça, vue de loin. Il y a quand même le revers de la médaille, avouons-le: mon mari fait les courses, à bouffer, sort les poubelles, et donne leurs médicaments aux enfants. Nos trois garçons ont donc sous les yeux un modèle déplorable, la preuve: aucun d’entre eux ne joue au foot. C’est bien triste. Alors, en conclusion, je dirais à celles et ceux qui aiment une personne du même sexe, et hésitent donc à fonder une famille: faites comme vous voudrez, de toute façon, ce sera mal, et nos enfants se construiront sur nos casseroles.

Deuxième bonus de DP sur qu’est-ce-qu’on-se-marre-sur-facebook !
Chroniques ajacciennes. Samedi 25 Octobre. Les enfants se sont baignés, hier. Et aujourd’hui c’est bien parti pour. Soleil radieux, petit dej sur le balcon. Des fois c’est bien le réchauffement de la planète. Qu’est-ce qui me prend à faire la météo, moi maintenant? Comme tous les matins j’ai feuilleté facebook et j’ai vu le cerf qui attaque un chasseur, la jeune fille persécutée dans un pays musulman, un chat qui lèche une souris, un chien qui sépare des chats, un crocodile qui chante ramona, une comédie musicale de ratons laveurs, et Eric Zemmour et Valérie Trierweller, le couple de l’année. J’ai vu des drapeaux, la palestine, la corse, l’Ukraine, pas le tibet, le Tibet tout le monde s’en fout, ça relève pourtant du génocide et de l’épuration ethnique. J’adorais Tintin au Tibet quand j’étais petit, j’avais l’impression d’y être allé et d’avoir couché dans une lamaserie. Qu’est-ce que j’ai vu encore en météo facebook? Des gens qui disent « fesse de book » par centaines et ça les fait rire parce qu’ils ont eu l’idée le matin même. Des filles à poils (pas tellement finalement on est sur un réseau puritain) des vidéos gags avec des bébés qui tombent de l’armoire, trop marrant et mamie dans les orties. Ceux aussi qui ont cueilli des trucs, champignons, fleurs des bois, la dernière tomate avant la guerre, genre on vit à la campagne. Certains nous font la recette de cuisine: cuissot de yak tibetais à la confiture d’airelles du jardin (les airelles pas le yak) aux champignons du bois du fond de chez moi, regardez mes images iphone 6 elle est sont lfoues mais ça sent bon. Certains se sont fait piquer leur phone, les joindre en MP. D’autres l’ont fait tomber dans les chiottes en tirant la chasse, comment on fait, vous savez, avec un séchoir à cheveux peut-être? D’autres font des photos, des enfants, des tableaux, voire des textes littéraires, les pires. On dit lol et mdr, on s’iconise à mort, on est poli ou injurieux. Belle journée à vous, que la nuit vous soit douce, le soleil se couche jamais sur FB.

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Redessin © dominique cozette

Malaval, très mal…

Robert Malaval, j’ai vu ses tableaux pailletés, glamrock en diable au Palais de Tokyo en 2006, sûre de faire plaisir à ma petite-fille parce que bien clinquants. Plus des éléments de mobilier vandalisés par sa nourriture blanche, sorte de matière expansive qu’il avait inventée avant César.
Franck Maubert, écrivain, a bien connu cet artiste jusqu’à sa mort, en 80. Franck, alias Mao-mao, avait 20 ans, Malaval 35. Ils se sont rencontrés aux Halles, QG de la branchitude à l’époque du trou des Halles, de la finition de Beaubourg et de l’embrasement d’une société qui explosait de partout avec les expérimentations artistiques de tout poil, les drogues, l’alcool, les années Palace, les provocs en tout genre, l’avènement de la culture punk.
Un monde complètement dingue auquel Malaval, qui créchait dans un bunker sans fenêtre, sans douche, toilettes dans la cour, rue du Pont Louis Philippe, ne souscrivait pas vraiment. C’était un artiste maudit qui jouait avec la mort, essayant toutes sortes de substances autant pour créer que pour se détruire.
Le livre,  un « roman » dit la couverture, visible la nuit, raconte comme Malaval, asocial, a quitté l’école très tôt, puis tenté diverses choses pour éviter de bosser comme un con. L’art lui a permis de s’exprimer, aussi bien la musique (mixages créatifs dans son home studio)  que les installations, la peinture. Les galeristes, pas fous, reconnaissaient son talent et achetaient ses œuvres pour thésauriser. Le problème est que Malaval était incontrôlable, capable du pire quand il était défoncé. De plus, bien que très appréciées, ses œuvres se vendaient mal.

Franck Maubert, très jeune et naïf, passe beaucoup de temps avec lui, ils sont très amis, et il est parfois missionné par un galeriste pour le garder présentable. Il sait que Malaval peut claquer d’un jour à l’autre, il estime à 35 ans qu’il a bien vécu. Entre autres, il a élevé des chèvres et des vers à soie dans le sud, il a eu deux enfants et vécu deux ou trois amours, les dernières plutôt platoniques. Tous deux ont rencontré toutes les personnes qui ont fait les nuits parisiennes de ces années-là. Un de leurs fidèles amis était Jean-Marc Roberts, dit Mouche, l’écrivain et éditeur.
Le dernier baroud de Malaval fut une commande de la Maison de la Culture de Créteil, un environnement de béton et de triste banlieue nouvelle, où, dans une fosse, il créait au vu des gens du coin. Les amis parisiens ne venaient pas (c’est plus facile d’aller à Marrakech que de passer le périphérique) mais il a tenu bon, réalisant une trentaine  de grands formats dans ce lieu hostile. Lire l’article de JF Bizot
Puis en août 80, on n’a pas su quel jour, il s’est tiré une balle de 22 long rifle dans la bouche. Personne n’en a rien su. Son corps sans tête est resté là plus d’une semaine.
Même s’ils ont fait des bringues monstrueuses dont beaucoup de livres témoignent aujourd’hui, l’impression que donne le livre est d’une tristesse sans fin. Malaval n’était pas du genre à croquer la vie. Plutôt à la défier, et ce n’était pas une posture. Un livre passionnant pour qui s’intéresse au sujet.

Visible la nuit de Franck Maubert, aux éditions Fayard, 2014. 208 pages, 17 €
Voir une video de Malaval ici.

Texte © dominique cozette

Sphinx

Sphinx. Pourquoi ce titre ? Je ne sais pas. Une énigme. C’est signé d’une auteure suédoise, Christine Falkenland, qui en écrit plus d’une vingtaine et ce n’est pas un livre très léger. Ni très gai. Voici : Une quadragénaire abandonnée par son mari après un mariage plutôt calamiteux mais avec ses moments de bonheurs, apprend que son ex-mari a non seulement retrouvé une femme, mais qu’en plus elle est jeune, qu’en plus elle est belle et qu’en plus elle est riche. Ça l’achève. Elle n’aurait pas parié trois kopeks sur cette éventualité. Ça la mine, terriblement, incessamment, irrémédiablement. Elle a beau avoir une fillette qu’elle adore née d’une union antérieure — le père s’est tiré et ne les revoit plus — elle ne se remet pas de penser que cet homme qu’elle a déniaisé, qu’elle a rendu meilleur, plus agréable, plus fréquentable, soit heureux loin d’elle et l’oublie.
Le pire, c’est que cette femme, Claire, lui a donné un petit garçon, un beau petit mec qui joue à la Nintendo dans leur belle voiture. Alors qu’elle, quand elle s’est retrouvée enceinte de lui, a dû se faire avorter. Et c’était un petit garçon.
Ça, c’est l’histoire.
L’originalité du roman tient à sa forme : ce ne sont que des lettres de cette femme délaissée, mal dans sa peau, qui tente le culturisme pour maigrir, envoyées à Claire, au début sans acrimonie, puis qui monte d’un petit cran chaque fois dans sa folie obsessionnelle, son amertume, sa jalousie. Quiconque a éprouvé cette forme de jalousie ou de dépit peut comprendre la démarche de cette femme. Jusqu’à un certain point, bien sûr.
Aucune réponse aux lettres, elle n’en attend pas. Mais son aveuglement est inexorable, d’ailleurs c’est écrit en quatrième de couverture : l’issue s’annonce fatale.
Psychologiquement très intéressant.

Sphinx de Christine Falkenland aux éditions Actes Sud, 2014. 2011 en Suède. 230 pages. 21 €/ Traduit par Anne Karita.

Texte © dominique cozette

Un bébé d’or pur pour un livre précieux

J’ai d’abord été attirée par la couverture qui me rappelait mes années de lycée, les minuscules talons, la coiffure qui rebique, les bas qui plissent (la fille du milieu), le soutien-gorge pointu, l’allure un peu mal dégrossie d’une jeunesse  qui ne se sait pas encore phénomène. Je ne connaissais pas cette auteure, Margaret Drabble, 75 ans aujourd’hui, qui a fait partie des gens ayant hebergé Rushdie au début de sa fatwa et dont c’est le 18ème roman.
Un bébé d’or pur nous conte, par la voix d’une amie de son groupe d’artistes, journalistes et intellos, la vie de Jess, Jessica, anthropologue complètement conquise par la pureté des enfants rencontrés au bord d’un lac d’Afrique dont les pieds et les mains, en pinces de homard, ne les empêchent pas de vivre tout à fait normalement. Sa vie de voyages d’études et de découvertes est lancée.
Puis, revenue à Londres, elle donne naissance à une petite fille, un bébé d’or pur qui charme tout le monde avec son sourire, sa gentillesse, sa facilité à vivre. Du pur bonheur. Jess ne dit pas qui est le père de l’enfant, on suppose que c’est son professeur à l’université, marié et plus âgé. Jess est tellement heureuse avec sa petite Anna que tout le monde adore ! Peu à peu, à côté des autres enfants de sa tribu d’amis, Anna va montrer des retards ce qui ne semble pas affecter sa propension au bonheur. Mais plus elle grandit, moins l’enseignement est adapté à son cas, malgré la bonne volonté de tous. Elle sera envoyée dans une structure spécialisée mais s’en acomode car cette fillette ne veut pas causer de souci. Tout au long de sa croissance et lorsqu’elle sera une jeune femme, elle se comportera de façon légère, malgré une grave maladie.
Ce livre raconte l’histoire d’une génération de femmes, middle-class ou aisées, à Londres, plutôt féministes et passionnées par la vie qu’elles ont choisie. Jess continuera à œuvrer  pour l’anthropologie, curieuse des autres, partageant ses savoirs, nous enseignant pas mal de choses, mais sans voyager, pour s’occuper de sa fille, la prunelle de ses yeux, l’épine de son cœur. Elle se marie un moment avec un type sympa et joyeux mais pas très intello, exultera avec un Africain rencontré dans un centre de soins, craquera peut-être pour un bonhomme sensible et attentionné, la narratrice ne sait pas. Elle rapportera dans le livre le comportement de grands écrivains ayant eu un enfant handicapé, nous faisant réfléchir sur les problèmes de culpabilité. Et sur le gros souci de l’avenir : que deviendra Anna, si naïve, si sensible, si fragile lorsqu’elle disparaîtra ?
Elle nous raconte aussi les histoires parallèles d’amis, de collègues, de relations. Un livre de facture classique, foisonnant, très agréable. Cet article de Libé en dit plus : L’article de Libé avec photo de l’auteure, superbe !

Un bébé d’or pur (The pure gold baby) de Margaret Drabble, 2014 pour la France aux éditions Christian Bourgois, 400 pages, 22 euros.
Traduit par Christiane Laferrière.

Les Fessebouqueries #223

Devinette : qu’est-ce qui est vert, qu’on décore avec des boules et qui fait la joie des petits et des grands dans le cercle familial ? Réponse à la Concorde, ci-dessous. A part ça, le scandale des allocs, et puis oui, c’est la journée de la ménopause, ce samedi, chaleur à prévoir, ça tombe bien, c’est les vacances scolaires. N’oublie pas ton burkini pour pas fâcher la blonde.
– JPT : Ce soir, Le Grand Journal consacre 10 minutes à la littérature ! Ils ont même fait venir François Busnel de la Grande Librairie pour épauler Trapenard. Chouette ! En fait, 8’30 consacrés aux livres de Trierweiler et Zemmour, 1’30 au Nobel de Modiano, et basta.
– JB : Alerte Info. Le Pape François vient de faire son coming-out. Depuis quelques temps on se doutait bien de quelque chose.
– OK : Est-ce que Nadine Morano peut interpeller le connard qui fait chier son chien tous les jours devant ma porte ? Merci.
– HD : Avec toute ces lettres ouvertes qui lui sont adressées Hollande n’a pas besoin de coupe-papier.. Essayez les SMS la prochaine fois
– JB : Comment se promener dans les bois sans se faire tirer dessus par un gros con alcoolisé ?
– MS : Sarkozy: « J’ai appris hier dans la presse ma candidature de 2012 à la prégidentielle, ou présidentielle, quelque chose comme ça… »
– SM : Je me demandais hier si le mot imposteur avait un féminin.
– EP : Les gens qui se déchaussent pour monter leurs chaussettes trouées dans le TGV sont-ils membres d’une secte où la nudité de l’orteil tient lieu de signe de raliement ?
– OV : Je me demande comment ils font en ce moment au gouvernement pour décider de l’ordre de sortie des conneries des ministres ? Est-ce qu’ils tirent au sort ? Est-ce que c’est François Hollande qui décide ? Ou alors est-ce qu’ils font confiance au talent individuel de chacun ?
– DC : Quand on vit avec Bernie, les années comptent triple. En fait fait, Chirac a 170 balais.
– OV : Étant donné qu’une pakistanaise a reçu le Prix Nobel de la Paix alors que son pays est en guerre il est assez logique vu l’état de notre pays qu’un français reçoive le Prix Nobel d’économie.
– OV : Rions avec les chiffres : il y a 400 calories dans un Grande Pumpkin Spice Latte de chez Starbucks. C’est à dire la moitié de la ration que reçoit quotidiennement un réfugié syrien dans un camp de l’ONU…
– OV : Le gouvernement veut « interdire » le binge drinking, (sujet hautement médiatique mais qui ne concerne que quelques jeunes) mais refuse d’imposer aux industriles l’étiquetage nutritionnel sur les aliments (sujet peu médiatique mais qui concerne tout le monde)… Bref la politique, cette autre forme de la communication…
– JMC : Après le paquet de cigarettes neutre, à quand le paquet de cigarettes vide, encore plus efficace.
– NS : Vous savez comment on appelle un politique qui ne fait rien de malhonnête ? Un mort.
– JNP : La colonne Vendôme étant en travaux, la municipalité comble le vide en installant un sex toy géant. Vive Paris !
– SP  : On ne peut + dire que l’art contemporain ne sert à rien: il vient de faire entrer la notion « plug anal » dans l’esprit de milliers de cathos.
– OK : Le machin vert place Vendôme, c’est juste une grosse quille. Tu vas voir quand ils vont sortir les boules.
– CO : Ch. Boutin aurait été aperçue en train d’escalader le sapin de la place Vendôme un pot de vaseline accrochée à la taille.
– HDD : Si j’avais à retenir une seule chose de cette semaine, c’est que tout le monde sait maintenant ce qu’est un plug anal.
– EM : « Hitler aurait été un consommateur régulier de méthamphétamine . » Du coup on peut annuler la deuxième guerre mondiale pour dopage ?
– OV : Division par quatre des allocations familiales à partir de 8 000 Euros de revenus : les orphelinats du 16ème et de Neuilly ont commencé à construire des extensions pour pouvoir accueillir tous les enfants qui seront abandonnés l’année prochaine.
– OK : Quoi ? La pièce de théâtre de BHL s’arrête ? Ah c’est donc pour ça que je n’arrive plus à trouver de places sur BilletTrouduc !
– NO : Semaine de merde à droite: le pape reconnaît les homosexuels et les français sont pour la modulation des allocations.
– FA : Alain Minc sort un nouveau livre. Toujours pratique pour savoir ce qui ne se passera jamais et ne pas comprendre ce qui est pourtant arrivé.
– OK : Eric Zemmour s’attaque à «Hélène et les garçons», cause de la décadence morale en France. Génial, demain il s’attaquera au minitel rose.
– NA : C.Boutin dit non à l’exposition Zizi sexuel à Paris, si les gosses veulent apprendre la sexualité elle préfère qu’ils aillent au catéchisme.
– NP : Pourquoi les riches râlent contre la baisse des allocs alors que ce sont les pauvres qui font des gamins pour toucher les allocs ?
– DS : Déclinez votre identité. -Mais… -Allez-y ! -Votridentita, votridentita, votridentitam, votridentitae, votridentitae, votridentita…
– OM : “Les chercheurs manifestent ce vendredi à Paris.” 14.000 manifestants selon la police, ½ √ 10–9n x√2 × √2 (n+1) selon les organisateurs.
– OV : Donc la TVA est injuste parce que les riches et les pauvres payent le même montant mais les allocations familiales sont justes parce que les riches et les pauvres touchent le même montant… Logique.
– EM : Début des vacances scolaires et modulation des allocations familiales, ça sent l’abandon massif d’enfants sur les autoroutes ce week-end.
– BR : Cette planète est tripolaire : – Pôle Nord – Pôle Sud – Pôle Emploi.
– RP : Un peu endormi aujourd’hui… vais aller voir l’expo sur Sade pour me donner un coup de fouet…
– OK : « Ceux qui m’aiment prendront le car » (Emmanuel Macron)
– OVH : Alain Badiou fait de la pub sauvage pour Audika et Marcel Gauchet à besoin d’un dentiste à cesoiroujamais la vérité sort de la bouche des vieux pour tomber dans l’oreille des sourds.
– DC : Bouffées de chaleur sur toute France pour la journée de la ménopause ! Sortez les éventails, ça va être chaud !
– AE :  Journée de la ménopause 🙁 lâcher de tweets de bande-mou, sans cheveux, poil dans le nez prostates en déroute, la paille la poutre toussa
– PJ : On mesure l’importance de la femme quand on pense que sans elle l’homme aurait été condamné à vivre avec un serpent et manger des pommes.

Dessin © dominique cozette. Voir plus sur mon site ici

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L’au-delà Fontaine

Oui, pourquoi pas un article sur ce monument qu’est Brigitte Fontaine passée hier à Ivry ? J’étais face à elle, au deuxième rang, elle est impressionnante, sorte d’Iggy Pop décharnée, ravagée, vieille (ce mot n’est pas péjoratif pour moi) poupée branlante, avec une canne à pommeau d’argent, rock star tout en noir et cuir à casquette de caillera, les yeux aussi faits que ceux de la Gréco.
Le rideau s’ouvre sur la silhouette gracile de l’icône, jupe transparente en tulle noir, qu’elle change pour une blanche un quart d’heure plus tard, petite cape en cuir noir, mitaines bondage itou, lacées, pantalon ou leggins très ajusté et sortes de sandales-boots avec guêtres écrues. Cheveux longs et pendants. Grandes mains noueuses et élocution improbable, celle qu’on connaît aujourd’hui, qui slame en accord parfait avec celle d’Areski, monumental et impassible devant ses percus, son pupitre d’où il déclamera un beau texte de sa voix de grotte. Et un guitariste magnifique, silhouette noire et feu d’artifice de cheveux blonds qui jouent sur le fond noir, de même couleur que le liquide ambré qu’il sirote, du whisky, entre accords étirés et déchirements onduleux tendance psychédélique.
Et des textes. Les superbes et drolatiques textes de la poétesse, qui font rire très souvent, réfléchir ou s’émouvoir, intercalés par quelques paroles saugrenues de la Madelon ou, pour le guitariste pinkfloydien, de la bonne du curé.
Du très inattendu pour moi qui en était restée à ses chansons chantées, je ne l’avais d’ailleurs jamais vue sur scène, et là, j’ai adoré ! Très fort, spirituel,  gai, partageux, requinquant, différent et carrément géant.
Je vous mets ici en lien l’un de ses textes irrésistibles, bourré de l’humour de cette auteure hors normes, mis en ligne en 2011.

texte et photo © dominique cozette

Du superbe moelleux signé Hicks

Sheila Hicks est une Américaine du Nebraska installée depuis des lustres dans le quartier de l’Odéon, tout au fond d’une impasse. Elle a 80 ans et, de toutes les matières, c’est le textile qu’elle préfère.  C’est en découvrant les textiles du Pérou précolombien qu’elle décide de voyager auprès des tisserands du monde et qu’elle se détourne de l’univers de la peinture auquel elle se destinait.

Aujourd’hui encore, avec des jeunes filles comme petites mains, elle ne se lasse pas de triturer, tresser, filer, natter, tricoter, emmêler, mettre en boule d’énormes écheveaux de laine, de soie, parfois agrémentés de petits objets personnels, mais toujours de couleurs joyeuses, soyeuses et alléchantes.
Les grosses boules en forme de poufs exposés à la galerie sont autant d’invites à se vautrer dessus pour échapper à ce monde de brutes et les cascades de douceur qui dégoulinent du plafond sont de cruelles — car interdites — exhortations à s’y plonger.

 

 

 

En vrai, c’est beaucoup mieux…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Plus que trois jours pour voir Sheila Hicks à la galerie Frank Elbaz, 66 rue de Turenne Paris 3. Jusqu’au 18 octobre.

Texte et photos © dominique cozette

Les Fessebouqueries #222

Beaucoup de génie dans les commentaires d’une semaine qui commence par la Manif pour Tous les Cons et son cortège d’insalubrités, se poursuit avec plein d’autres conneries, lepeneries, zemmourades, bedossages, ebolages, et se termine par des récompense dont la plus nobelle d’entre toutes en cette journée de la fille : Malala, un nom qui donne envie de chanter !
– MH : Samedi, un mot qui commence paresse
– HD : retour sur la disparition de Duvallier..dit Baby Doc…Un dictateur lâché par son coeur c’est toujours étonnant. C’est un peu comme si un con était lâché par son cerveau.
– EM : Omar Sy passera dimanche chez Michel Drucker, ça tombe bien on cherchait quelqu’un pour pousser le fauteuil roulant.
– RI : Prudence. Une foule moyenâgeuse est attendue ce jour à la Capitale. Risque d’épidémie de choléra, de peste noire et de variole.
– JPT : Je voudrais avoir une pensée émue pour tous les petits pédés et toutes les petites gouines qui vont défiler demain à Paris et Bordeaux avec leurs parents pour demander qu’on les prive d’un droit qu’ils apprécieront dans dix ou vingt ans.
– TL : Donc ma grand mère ira manifester le 5 octobre car elle ne veut pas que « les homosexuels se marient à l’église ». Tout va bien
– PM : Donc l’anagramme de « Nicolas Bedos » est « débilos à cons ». Ça ne s’invente pas.
– NB : Entre nous la pire vanne de Guy Bedos, c’est Nicolas Bedos.
– AF : En revanche, Nicolas Bedos s’est vraiment tapé la Tour Eiffel
– OM : EXCLUSIF : le peuple syrien avoue à son tour avoir eu une aventure avec Valérie Trierweiler ! (Si ça peut aider à faire parler d’eux…)
– HM vient de voir des photos de la Manif Pour Tous d’aujourd’hui.
 Par les couilles croustillantes de Karl Lagerfeld, par le saint scrotum de Peter Steele, par Toutatis et Syphilis, c’est quelque chose.
– WA : La Manif pour Tous c’est comme l’herpès. C’est pas bien grave en soi mais ça revient te faire chier régulièrement.
– RI :  : Avec un peu de chance ils se sont tous refilé la gastro hier à la manif pour tous. Charles-Louis et Marie-Charlotte vont pisser du cul.
– ZJ : Il faut que Christine Boutin comprenne que tous les enfants ne peuvent pas avoir, en 2 ascendants, un papa, une maman, une tata et un tonton
– RI : La gastro-entérologie a le vent en poop.
– OV : En fait la religion c’est un peu comme une machine à voyager dans le temps. Qui n’irait qu’en marche arrière. Et qui te ramènerait tout le temps au moyen-âge.
– HD : le décret présidentiel sur le diner de cons est sorti…le diner aura lieu chaque vendredi soir…Hollande a inauguré la formule vendredi avec BHL.
– PD : « Jacques Chirac soutient Alain Juppé pour 2017 ». Vérifier tout de même que ce ne soit pas un soutien fictif.
– OK: Les bouquins de Trierweiler et Zemmour cartonnent au pays des fromages qui puent.
– NP : Modiano est vraiment le « Proust de notre temps ». Tout le monde connaît son nom mais personne n’a lu un de ses livres en entier.
– EM : Heureusement qu’on a pas de chômage, d’épidémies et d’états terroristes à gérer, sinon on ne pourrait pas parler de Nicolas Bedos.
– EM : Ce qui prouve qu’un Doberman c’est con, c’est qu’il a Jean-Marie Le Pen sous la main et qu’il préfère attaquer un chat.
– PD : Il faudrait arrêter les rumeurs calomnieuses, non Eric Zemmour n’est pas enceinte du doberman de Jean-Marie Le Pen.
– OK : Honte à tous ces Nuls du gouvernement qui cèdent aux Lauby !
– NS : « Les américains souhaitent coloniser Mars. » Ça va leur faire bizarre de s’approprier des territoires sans avoir à exterminer des peuples.
– RR : J’essaye d’éviter la salle de sport. Je me suis mise aux abdomens absents.
– NS : On a dit pas le physique, pas la religion, pas l’origine, pas la politique, pas les idées… en gros on a dit qu’on ne disait plus rien.
– RR : S’il y a moins d’esprit dans mes tweets, c’est que la coiffeuse m’a fait un balayage.
– VO : Le mec qui crée la marque de cigarette « Neutre » aujourd’hui, il rentre en bourse dans deux semaines, il rachète Apple et Google pour Noël.
– OM : Le savais-tu ? Si tu répètes 30 fois Ebola en 10 secondes, tu es journaliste.
– WA : Pour mon suicide j’hésite entre la corde, le fusil, les médocs ou aller vendre le bouquin de Zemmour sur les marchés du 93.
– OV : Sarkozy veut «réécrire» la loi Taubira s’il est élu en 2017 : les homosexuels pourront donc continuer à se marier, à une seule condition : qu’ils le fassent avec une personne de sexe différent.
– OB : Imagine le mec qui se réveille après 35 ans de coma. Va lui expliquer que les femens sont le contraire des Coco girls.
– AR : Se faire financer par un chef d’etat ensuite lui déclarer la guerre pour l’assassiner.Non personne va y croire
– RR : Tout allait bien quand soudain… LE drame. RH m’annonce qu’il me reste 14 jours de congés avant le 31.12.
– RI : Une aide-soignante espagnole touchée par le virus Ebola en soignant des missionnaires. Je vais retourner soigner des levrettes alors.
– DC : Merde ! Philippe Poutou abandonne la direction de Nulle Part Ailleurs !
– ZJ : Le candidat Nicolas Sarkozy promet tout ce que le président Sarkozy Nicolas n’a pas réussi à tenir des promesses de Nicolas Sarkozy de 2012
– EM : Gérard Depardieu: « je ne suis pas un alcoolique ». Effectivement, à ce stade on dit plutôt un ivrogne.
– RR : Eric Zemmour détrône Valérie Trierweiler dans les librairies. Comme au moyen âge : la petite peste ou le colérique.
– SD : jai donné du pain sans gluten a un canard, 2mois apres je le revois avec un starbucks et des lunettes hipsters. keske que jai fait mon dieu.
– RI : Il y a deux types de personnes. Ceux qui font la grasse matinée ce matin et ceux qui ont oublié de mettre une capote au dernier nouvel an.
– EM : François Hollande rend visite à des autistes, il doit avoir l’impression d’assister à un Conseil des Ministres.
– RI : 12 ans de prison pour avoir transmis le sida à sa partenaire? Il aurait dû la frapper à mort et sortir un disque pour avoir moins.
– RI : Il faut arr€t€r de fair€ pass€r l’hom€opathi€ pour une arnaqu€ s€rvant uniqu€m€nt à €nrichir l€s labos €t l€s pharmaci€ns.
– RR : « Euh … Ben … Oui je … Bon .. Hum … Je …. Pppff… Si … Euh …. » Réaction de Modiano suite au prix Nobel.
– LC : Un chien de JM Le Pen tue un chat de sa fille, Marine. D’après nos informations, le chat était noir et s’appelait Mamadou.
– PD : C’est tellement la merde à l’UMP qu’il y a des soupçons d’évasion fécale.
– RR : J’ai eu la flemme de me démaquiller hier soir. Mon mec est toujours en train de se demander avec qui il a couché cette nuit…
– NP : Abandonner l’écotaxe le jeudi et recevoir Schwarzenegger le lendemain pour parler de lutte contre le réchauffement climatique… Logique.
– LC : Elise Lucet c’est un peu comme David Pujadas mais avec des couilles et une carte de presse.
– EM : Finalement, toujours pas d’Ebola en France, ça va être comme Netflix, on va l’avoir en dernier.
– NS : C’est quoi cette maladie qui vous oblige à regarder des programmes de merde à la télé ? La phobie de l’intelligence ?
– PD : Retour de Sarkozy certes, mais avec indéniablement beaucoup plus d’instruction qu’auparavant.
– NS : Les deux plus grosses ventes de livres sont les confessions d’une cocue et les conneries d’un abruti. Monde de merde.
– OM : « Hollande a reçu Schwarzenegger pour parler climat.” Et visiblement c’est un peu comme de recevoir Mimie Mathy pour parler croissance.
– NS : « Ebola : combien de personnes sont infectées hors d’Afrique ? » Parce qu’à l’intérieur on l’a bien compris, tout le monde s’en branle.
– OV : La différence entre les FEMEN et Éric Zemmour c’est que les FEMEN sont belles et rebelles alors que Zemmour est moche et re-moche.
– CC : « les plantes carnivores, c’est bien la preuve que même la nature se fout de la gueule des végétariens »
– HD : suite à des problèmes de transit…nous avons pris de l’Ecotax….ayant supprimé les effets secondaires de ce médicament on va pouvoir continuer à encombrer les voies de circulation
– PR : Mal à la paix.
– OM : Ça y est, Nadine Morano a reçu le Prix Nobel de la plaie ?
– RR : Malala gorge. A force d’hurler à la paix.

Image © dominique cozette.

Il n’est pas interdit de partager mes Fessebouqueries. Ni d’aller voir mon site, c’est ici.

La peau de l’ours

Dernier opus de Joy Sorman, la peau de l’ours est une fable. Elle y conte l’histoire d’un être hybride et sans nom dont la voix intérieure fera de lui le narrateur. Après sa découverte.
Tout commence dans un petit village avec l’adoration d’une jeune fille très belle, très gaie, par tous les hommes du coin. Autour rôdent quelques ours, respectueux d’un accord tacite pour la sauvegarde des villageois, parfois rompu par la mort d’un gamin suite au geste un peu brutal d’un plantigrade.
Suzanne mène un troupeau dans des alpages puis disparaît. On la cherche, le troupeau est là, intact, même pas trace de loup ou d’un autre prédateur. Rien.
En fait, l’ours, l’énorme ours, a eu un coup de foudre et l’a enlevée, entraînée dans sa grotte. Pendant trois ans, il l’a gardé là, derrière une énorme pierre qu’il roulait pour l’empêcher de sortir quand il s’absentait. Un jour, des chasseurs l’ont entendue, l’ont délivrée — évidemment, elle ne ressemblait plus à rien, la pauvre — et ont découvert horrifiés le fruit de leurs amours, un petit être mi-homme, mi-ours. La femme coupable est enfermée dans un ccouvent, on laisse le petit monstre traîner jusqu’à ce qu’un montreur d’ours l’achète. En grandissant, il prend du poil de la bête puisqu’il n’a plus rien d’humain, physiquement.
Commence alors pour lui , définitivement déraciné, une vie sans grandes joies, qui le conduit, de ventes en reventes, dans des petits cirques, dans des arènes où il doit jouer sa vie contre celle d’autres bêtes féroces, sur la mer où il voyage avec des tas d’autres bêtes exotiques capturées pour le plaisir de gens riches, et dont la moitié va crever, de traversées de déserts brûlants, puis dans un énorme cirque installé aux abords d’une grande ville où il se sent finalement bien. Pendant un certain temps. Au bout de ce temps, il est racheté puis exposé dans une fausse nature cimentée comme la fosse du zoo où il s’ennuie terriblement. Jusqu’à une drôle de rencontre, brève et intense, qui décidera de la fin de sa vie.
Avec ce livre, Joy Sorman continue de fouiller la frontière entre l’homme et la bête, et si cette bête-là n’en veut pas à l’homme de la traiter ainsi, elle est reconnaissante à la gent féminine de toujours sentir ce petit quelque chose qui fait de lui un être à part. Roman très original.

La peau de l’ours de Joy Sorman chez Gallimard. 2014. 160 p. 16,50 €.

Texte © dominique cozette

Sagan 1954, soixante ans déjà !

Encore un livre sympa, j’ai de la chance en ce moment, sorti cette année et qui nous raconte Sagan, Françoise, en 1954, à l’aube de sa gloire naissante puisque c’est l’année où elle écrit et envoie bonjour tristesse. Et où de vieux messieurs des éditions Julliard, se penchant dangereusement sur sa prose mi-ado mi-mature, décrètent que c’est une bonne graine d’écrivain.
Le livre d’Anne Berest est frais, primesautier et joyeux, bien qu’écrit pour survivre à une rupture désolante.
Elle va rencontrer des gens d’avant, de l’époque, se plonger dans nombre de documents, bio, films qui racontent l’époque — elle ne manquera pas d’y croiser BB qui fait aussi sa sortie à ce moment, femme libre autant que Sagan, adeptes qu’elles sont toutes deux de Saint Trop et bringues diverses — et nous relate Paris, Saint Germain des Prés et les jeunes filles qui n’avaient pour tous vêtements que les fringues de leurs mères, leurs robes du soir, fourrures, gants et chapeaux. Qu’enfile Sagan pour ses premiers succès.
Sagan, alias Quoirez, a eu une enfance dorée entre une mère coquette, curieuse et excentrique, un père généreux et bienveillant qui lui filait une liasse de billets pour qu’elle dîne chez Lipp avec sa pote Florence. Florence ? Oui, Flo Malraux, excusez du peu, sa copine de classe. On croise dans ce Paris noctambule des figures comme la Duras, ceux de la Nouvelle Vague, mais aussi d’illustres inconnus de l’auteur de ce livre qui nous fait part de sa démarche, des coïncidences, de l’esprit de Sagan entré en elle pour l’emmener au casino et la faire s’enivrer.
On y envie Sagan d’avoir eu un frangin, copain de Maurice Ronet et autres fêtards, on y apprend l’énorme secret de famille, la perte d’un petit frère éternellement regretté, compensée par sa naissance et l’adoration que ses parents lui vouent.
C’est du rapide, du 200 à l’heure comme les bolides — décapotables conduits pieds nus — de Sagan qui nous décoiffe encore, soixante ans après. Très bel hommage à une sacrée nana !

Sagan 1954 par Anne Berest chez Stock, 2014? 200 pages, 18 €.

Texte © dominique cozette

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